living theatre
SHIRLEY
de Gustav Deutsch
La bande-annonce était vraiment bluffante : un film qui reconstitue précisément des tableaux d'Edward Hopper avec des vrais gens dedans, ho ho! J'y suis donc allé avec Emma, à l'unique séance quotidienne, au Victor Hugo.
Et alors ? (l'auditoire, impatient...) Eh bien... il y a les tableaux, effectivement, et il n'y a que ça, que les tableaux. Chacun fait l'objet d'une petite saynette, avec une introduction visuelle (lieu et date) et sonore (des actualités à la radio de l'année en question, par un speaker américain, concernant différents pays du monde). Ils sont classés chronologiquement (de 1932 à 1963 si je ne m'abuse), et racontent vaguement (en pointillés) l'histoire de Shirley, la dame qu'on voit justement sur les tableaux ou bien l'histoire de l'héroïne d'un roman d'Emiliy Dickinson que la femme (Shirley) lit dans le premier tableau qui est aussi le dernier (livre dans lequel le réalisateur nous fait entrer véritablement.)
Les reconstitutions des tableaux sont époustouflantes, mais le lien entre les différentes historiettes, ces différents moments de la vie d'une femme sont plutôt lâches, la voix off féminine systématique ressassante rajoutant un petit côté durassien précieux plutôt affecté et un franchement peu agaçant à la longue (il est question de théâtre -amateur-, puis du Living Theatre, d'Elia Kazan et d'engagement politique, de Cape Cod, de Joan Baez et de Platon aussi.) Ces discours intérieurs successifs nuisent à l'intérêt qu'on porte à ce qui se passe à l'intérieur de chacun de ces tableaux, ou, du moins ne renforcent pas l'intérêt en question., rendant tout ça (de plus en plus) très artificiel, très formel.
Un film peut-il être en même temps tout aussi fascinant et ennuyeux ???
J'ai fouiné sur le ouaibe parce que j'avais envie de reconstituer ici la succession des tableaux utilisés, mais je me suis rendu compte que ce blog de cinéma, quasi-professionnel, semble-t-il, l'avait déjà fait, et donc rendons à César...
(Ce qui est très plaisant, dans le film, c'est, pour chacun des tableaux, puisqu'il ne s'agit pas des oeuvres les plus connues d'Hopper, d'essayer de trouver le moment exact du tableau, et ce n'est pas si facile...)