platonov
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LES AMANDIERS
de Valeria Bruni Tedeschi
C'était notre "Soirée d'ouverture de saison" (le film gratuit qu'on offre à nos adhérents "à jour de leur cotisation"), on avait réfléchi à différentes propositions (on aimait bien L'INNOCENT mais il sortait trop tôt, bref celui-ci convenait à tout le monde, et donc, hop! en voiture Simone! (enfin, Valeria, plutôt).
Je savais qu'il était question de sa jeunesse, quand elle avait intégré la (jeune) troupe du Théâtre des Amandiers, dirigée par Patrice Chéreau, et nous y voilà donc, d'abord les auditions, le concours, première et deuxième étape ("Vous êtes quarante, il n'en restera plus que douze..."), puis une fois que "les douze" sont choisis, le travail sur leur première pièce sous la direction du Maître (ce sera PLATONOV) après un passage à New-York avec stage à l'Actor's Studio de Lee Strasberg... On comprend assez vite que le jeune et blonde Stella incarne la jeune Valeria, on suppute que sa copine rousse est la fille d'Eva Ionesco, et on se dit que l'histoire d'amour avec le jeune Etienne ne va pas être de tout repos... Et on n'a pas tort.
Le film mais plaisant (j'ai vu, avec grand plaisir,tous les films de Valeria BT) mais longuet. J'en suis sorti en me disant que je n'avais pas été entièrement convaincu. Je croyais voir un film sur la troupe des Amandiers (dont je ne connaissais strictement rien), et j'ai vu (mais j'aurais dû m'en douter) un film sur Valeria BT, "ses amies ses amours ses emmerdes" (bon, les emmerdes, pas tant que ça quand même hein).
Un agréable film d'ouverture de saison, qui a semblé rallier plus de suffrages que celui de l'année dernière (le pourtant si beau PASSE MONTAGNE)
corbeau cuit
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LES CINQ DIABLES
de Léa Mysius
Un film étrange. Dominique l'avait vu il y a quelques temps, il me semble qu'elle avait plutôt bien aimé (mais ne m'avait à aucun moment évoqué le caractère singulier du film), et donc j'y suis allé vendredi à la séance de 13h30 (on était deux à la 2, l'autre était une dame, à l'autre bout du rang, que j'ai priée instamment (sans doute un peu énergiquement, c'est vrai...) d'éteindre son téléphone alors que le film venait de commencer, et qui a d'ailleurs obtempéré illico) sans trop savoir ce que j'allais voir, juste qu'il y avait Adèle Exarchopoulos (toujours aussi bien, cette Adèle...) et qu'il y avait du feu (l'affiche).
Le film démarre sur une situation donnée, "aujourd'hui", (un mariage mixte, elle est blanche, il est noir, une fillette métissée, une collègue de travail défigurée, une belle-soeur qui réapparaît et s'installe au domicile conjugal...) et va progressivement remonter le fil de son histoire jusqu'à son point de départ. Il sera d'ailleurs beaucoup question de temporalité (d'intertemporalité) dans toute cette histoire.
Le film est courageux aussi, dans son parti-pris fantastique (ou science-fictionnesque ?) qui ne sera, d'ailleurs, jamais complètement explicité...
Un film qui fait le grand écart (oups! j'avais écrit le grand écran) entre le banal et le surnaturel. Avec une fillette remarquable qui fait la jonction entre les différentes phases temporelles.
Un film très "de filles" (mère, fille, soeur, amie) et sur les amours, justement, entre filles (le mâle y a surtout le rôle du faux-bourdon).
dashcam
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THE GREAT BUDDAH
de Hsin-Yao Huang
Pour une fois ce n'est pas MUBI que je remercie mais MK2 CURIOSITY, qui, cette semaine, fête Taiwan. A travers plusieurs formats (et styles) de films. Je connaissais déjà, via Clermont-Ferrand je suppose, le féroce NIGHT BUS (20'), j'ai visionné THE GLAMOUROUS BOYS OF TANG (15'), un court-métrage décadent avec, notamment un jeune homme nu maquillé sur un cheval... J'en ai même fait quelques captures d'écran...
Et j'ai attaqué celui-ci, déjà parce qu'il était en noir et blanc (et vous savez mon goût pour les films n&b), ensuite parce qu'il nous présente toute une joyeuse faune taiwanaise (des "pauvres"), nous raconte leurs petites histoires, via la voix-off du réalisateur, qui nous a prévenus dès le départ qu'il interviendrait dans la narration. On suit donc les aventures, en noir et blanc donc, de Belly Button et de Pickle, entrecoupées de somptueux, justement, plans de coupe, avant que la couleur ne vienne pour un temps s'inviter à l'écran par le biais d'une dashcam. Et d'un écran d'ordinateur.
Mais le plus clair du temps, on est avec les potes, et le noir et blanc. Un film entre hommes, presque sans femmes (deux, dont l'une occupera une place importante). Le film est drôle, cru, noir, sans pitié (mais non sans tendresse) et ressemble à une dérive entre drôlatique et poétique. A mi-chemin entre XIAO WU ARTISAN PICKPOCKET (de Jia Zang Ke) qui m'avait fait forte impression, et, disons, (de l'autre côté de l'océan), les affreux -mais très drôles- jojos (en noir et blanc aussi) de CLERKS, de Kevin Smith.
Le noir et blanc est totalement somptueux, (une splendeur, oui) et le film, comme pour assurer son noir et blanc, finit par une sorte de pirouette, on attend quelque chose, pressentiment, sentiment, et on n'aura droit qu'à un noir qui dure...
Et j'ai un faible pour les films qui offrent un petit quelque chose pour récompenser la patience de ceux qui sont restés jusque tout au bout du générique...
Passionnant.
(oh oh top 10 ?)
bref, un des plus beaux films en noir et blanc vus cette année (le plus beau même sans doute), disponible gratuitement pour quelques jours encore sur mk2 curiosity