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lieux communs (et autres fadaises)
31 juillet 2015

balalaïka

LES NUITS BLANCHES DU FACTEUR
d'Andrei Konchalovski

(le même lundi que La isla minima) Juste 5 min pour faire pipi, et hop on change de salle pour enchaîner. Nous voici en Russie (ça sent déjà la vodka à plein nez) au bord du lac Kenozero, pas très loin d'Arkhangelsk (je ne fais que recopier ce que je viens de lire, je suis nul en géo.) Il y a des gens qui vivent là  une communauté qui suit un train-train qu'on pourrait qualifier d'immémorial (ici ça serait plutôt un bateau-bateau, because le lac) et vit de façon simple et rustique (chasse, pêche, cueillette et vodka pour les plus jeunes, et pension de l'état et vodka pour les aînés). Vie simple, plaisirs simples, -tout ça dans des paysages "grandioses" qui donnent envie d'aller crapahuter là-bas, et autour de ce lac précisément (enfin, plus à Dominique qu'à moi hihi)- et, donc, film simple : on pose la caméra (des fois c'est même un peu de traviole) et on enregistre le quotidien, chaque jour qui commence (vue subjective des savates au pied du lit) et se continue plutôt comme d'habitude, comme chacun de ceux qui l'ont précédé, et chacun de ceux qui le suivront. On fait aller comme ça va...
Le facteur du titre, c'est justement celui qui regarde ses savates chaque matin, et il a la particularité, par rapport à ses concitoyens, d'avoir arrêté de boire depuis deux ans (et donc, pour compenser, il fume). C'est lui qui est chargé de distribuer le courrier dans la région et, comme le lac est grand, il le fait en bateau. Ca fait du boulot, et ça fait du monde...
Et on suit donc, simplement, le quotidien et les tournées de Lyokha, le débonnaire facteur à jeun. Et on croise les gens qu'il croise, qui ont la particularité d'être les vrais gens qu'il croise (hormis une "vraie" actrice, tous les autres, facteur y compris, sont des non-professionnels). C'est du documentaire plutôt bien documenté, et finalement assez joyeux. Enfin, pour un film russe, c'est plutôt léger et badin (ce qui tendrait à prouver que, là-bas, au pays aimé de Gros Gégévitch, il fait nettement meilleur habiter la campagne).
Konchalovski (dont j'étais bien incapable de citer un autre film que Maria's Lover) a mis la pédale cinématographique douce, et le film avance paisiblement (ma voisine a dormi pendant les trois quarts du film, et j'avoue avoir moi-même un peu piqué du nez, mais juste pendant les premières minutes), la plupart du temps, il coupe même le moteur et se laisse aller au fil de l'eau. Il nous met quand même soudain la pression (je n'ai pas osé dire les gaz) en introduisant un élément de fiction échevelé : un beau matin, Lyokha s'aperçoit que quelqu'un a volé le moteur de son bateau pendant la nuit. Que va-t-il faire ? Comment va-t-il se débrouiller ? Le suspense est quasiment insupportable, non ? et je vous vois déjà,  fous d'inquiétude derrière vos écrans, les cheveux en bataille les yeux hagards et les ongles rongés...
Je plaisante, comme ça, mais, sans rire,  ça fait du bien, ce genre de film. Les rapports de Lyokha avec chacun des personnages - le vieux Brioche, la belle Irina , et, surtout,  le jeune Timur (le fils d'Irina) - sont justes et touchants. Les scènes avec le gamin (la sorcière de la rivière, les cigarettes, la glace) sont parmi les plus réussies. On est du côté du minimalisme, mais rien de figé ni de démonstratif, juste simple et juste un peu rugueux (j'ai déjà pensé que je devrais écrire un post sur l'utilisation de certains épithètes dans les critiques, comme rugueux, par exemple, et aussi cabossé, pour parler des gens.).
Et on a même droit à une touche de fantastique, avec l'apparition régulière dans les nuits du facteur  d'un mystérieux chat gris, qui le regarde fixement ("alors que, explique-t-il à sa soeur, il n'y a aucun chat gris dans le village..."). Et aussi au désamorçage désinvolte d'une scène "à faire", qu'on attendait, grosse comme une datcha : va-t-il succomber à la tentation et se remettre à boire ? dont la chute est très plaisamment torchée (!) (comment dit-on Jiminy Cricket en russe ?) ce qui est encore plus rare dans un film vodakaïsant.
Et du coup il est d'autant plus étonnant, dans  ce bout du monde bucolique mais qui sent un peu la fin de règne, aux maisons qui s'écroulent, de voir soudain dans un coin de l'écran s'élever une fusée, comme si le réalisateur, soudain transformé en statue à la gloire du communisme, pointait soudain vers le ciel un index triomphant, et nous disait, en roulant les r  "glorrrieuse Rrrrussie technologie" tandis que retentirait l'hymne national et que tous les camarrrrades se donneraient la main en dansant le kazatchok tout en  lançant des pétales de rose sur une photo de Poutine. Ca fait comme un petit coup de propagande tellement appuyée (oh cette fusée toute blanche qui monte toute droite dans ce ciel tout bleu) qu'on en vient à l'espérer être du second degré, tellement elle (d)étonne au beau milieu de ce qui était jusque là un survol pépère (et objectif) d'une certaine déglingue habituellement soviétique, de tous ces gens qui semblent en avoir pris leur parti...
Un film dont il restera des détails : la plus belle toilé cirée paysagère jamais vue (j'aimerais la même pour la table de ma cuisine), la musique surnaturelle et la citation de Shakespeare qui va avec, et une question : pourquoi sont-ils tous habillés en treillis ? plus un très beau -et très juste- générique de fin, et cette constatation d'un des personnages (citée de mémoire) : "On touche notre argent tous les mois, on trouve de presque tout dans les magasins..." (sous-entendu : "Que demander de plus ?")
Comment dit-on "Santé!" en russe ?

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Tiens, une nouvelle catégorie d'affiches : les affiches sur fond bleu avec grosse typo blanche majuscule et justifiée sur plusieurs lignes...

30 juillet 2015

à vol d'oiseau

LA ISLA MINIMA
d'Alberto Rodriguez

10 Goyas, (joder!) + Une quasi-accusation de plagiat de Memories of murder dans Les Cahiaîs, (coño!) + Un compte-rendu alléchant par Régis, (cabrón) (et en ++, dans la tête, la chanson La Isla bonita, de Madonna, chantez sur le même air "La isla mini-ima..." hihi). Pour tous ces +, on y est allé, avec Dominique, en ce lundi presque, oui, frisquet (il avait plu, quel bonheur!)
(J'ai revu, depuis, pour vérifier, un peu de Memories of murder, excellent film coréen que je vous recommande, et c'est vrai qu'il y a quand même "un peu" des points communs : les deux flics contrastés, le tueur insaisissable, l'ambiance jaunâtre, les accès de violence, la beauté du filmage... d'autant plus que le réalisateur cite effectivement le film de Bong Joon Ho comme première de ses influences... disons que c'est d'hommage, hihi).
Nous sommes en Espagne, au début des années 80, Franco est mort et le pays étrenne la démocratie, assez timidement encore. Deux flics arrivent dans un village trou du cul du monde, en remorque de tracteur (leur voiture est tombée en panne), mandés pour enquêter sur le disparition de deux jeunes soeurs (et de moeurs légères apprend-on assez vite). Un plus vieux dégarni et un plus jeune chevelu, mais tous deux réglementairement moustachus. Un plus "physique" (il a la main leste) et un plus mental (il réfléchit d'abord, avant de cogner.) Le manuel et l'intello, quoi...
Ils débarquent dans ce patelin pourri español, dans une région déshéritée qu'on nous a pourtant présentée, au générique, de très belle façon, vue de très haut, de si haut que ça en devenait aussi abstrait que beau (entre le cerveau et le chou-fleur).
Deux demoiselles disparues, des autochtones pas bavards, ça démarre plutôt difficilement, chaque audition/déposition étant l'occasion du début d'une piste plus ou moins fausse (l'affiche originale affirme que chacun a quelque chose à cacher), bientôt contredite ou dévoyée par la révélation suivante (nos deux moustachus progressent à un rythme de fourmi, mais des fourmis opiniâtres, qui avancent avec obstination, lentement et méthodiquement, explorant chacune des pistes qui leur sont soumises. C'est la grande force du film, de ne (plus) jamais relâcher la pression, et, d'ailleurs, plus on avance et plus ça augmente (la pression).
Avec toujours, à intervalles réguliers, ces plans magnifiques vus d'en haut, surfaces colorées plus ou moins énigmatiques, qui laissent supposer un voyeur omniprésent mais tout là-haut (Dios en personne, ou simplement un oiseau ?). Mais dont on n'est pas certain, finalement, de l'utilité. A part être jolies, elles servent à quoi ces images ?
Mais bon, c'est vraiment très bien fichu, on s'interroge en même temps que les deux policiers pour essayer de trouver du sens à chaque nouvel élément  (éléments successifs et parfois contradictoires), et on a les cartes en main en même temps qu'eux, on se pose les mêmes questions (mais où est-ce que j'ai déjà vu cet autocollant de femme avec un chapeau ?). On avance avec eux, pas à pas, et c'est délicieusement agréable d'être, constamment, aux aguets, à l'affût. La seconde moitié du film suit un rythme  plus soutenu, l'enquête passe (au moins) la seconde, avec notamment une poursuite automobile...  endiablée (passage obligé de tout polar qui se respecte) puisque mettant en scène... une Dyane (et même que c'est la Dyane qui gagne!).
L'histoire est glauque, mais le meurtrier finit par être découvert (alors qu'il me semble bien qu'à la fin de Memories of murder je n'avais rien compris du tout, ou, en tout cas, je me posais encore beaucoup de questions), et il s'avère que, vraiment, chacun avait quelque chose à cacher (et a menti). J'aime bien cette façon d'utiliser les photographies à double tranchant : dans un cas, elles accusent quelqu'un (façon Music Box), et dans l'autre cas, elles empêchent d'en accuser un autre. Ah pour être salaud on n'en est pas moins homme...

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l'affiche originale espagnole, pluvieuse (et plus juste)

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...que l'affiche française, beaucoup plus ensoleillée

et qui se la joue Starsky y Hutch ou Deux flics en Andalousie)

Moyenne

29 juillet 2015

micro146

*
l'orage éclate comme un abcès se perce
-enfin!-

*

la rémission
(pas des péchés)

*

 une invasion de fourmis dans la cuisine ce dimanche
(à croire qu'elles l'ont fait exprès)

*

les bourdons ne sont pas tous mâles
(il y a donc des bourdonnes ?)

*

l'arrondi de l'épaule,
comme un parasol au-dessus du jardinet de l'aisselle

*

 On l'attend, cette pluie
qu'à chaque fois on nous annonce
et qui n'arrive jamais

*

(le jour où la pluie viendra)

*

"Elle suce des mecs non diplômés à l'arrière d'une Peugeot bas-de-gamme"
(R.Papillon Paravel)

*

Mass in B minor = Messe en si

*

dimanche 26 : enfin, il a plu
(un peu)

*

l'été-Poulidor :
2 ème pour la sècheresse (derrière 1959)
et 2ème pour la chaleur (derrière 2006)

*

 

26 juillet 2015

rois et reines

TALE OF TALES
de Matteo Garrone

Le film avait été ébouillanté, écorché vif et jeté aux oubliettes à Cannes, (à la place du réalisateur j'en aurais pleuré, et je me serais sans doute jeté dans les oubliettes à sa suite) puis la bande-annonce qui a fini par nous en parvenir en était à la fois alléchante (l'univers des contes) et vaguement répugnante, donc je me suis laissé tenter, puisque nous le programmions dans le bôô cinéma. On y était assez peu (j'y ai d'ailleurs retrouvé inopinément mon ami Régis). La bande-annonce ne mentait pas : attraction, pour cette série de contes et de moyen-âgeuseries, et répulsion pour un certain nombre des choses filmées. Je suis sorti, j'avais un peu la gerbe (mais je suis une petite chose fragile, vous le savez bien, un chochotton qui ne supporte ni les bestioles dégueulasses ni la tripaille...),  comme je l'ai dit à Régis (qui, lui, m'a dit s'être senti beaucoup plus à l'aise après celui-ci qu'en sortant de La isla minima.)
Trois histoires, grosso modo : celle de la reine qui veut absolument un fils (Salma Hayek), celle du roi qui veut absolument trouver une reine (Vincent Cassel), et celle du petit roi qui ne souhaite pas vraiment marier sa fille (Toby Jones), simplement juxtaposées (comme dans un tian, on alterne les tranches de légumes en veillant à l'harmonie des couleurs). Les décors et les costumes sont hyper-chiadés, et pourtant, pourtant...
Une (petite) déception quasi-immédiate : mon roi préféré (John C.Reilly, le mari de la méchante reine Salma Première) disparaît au bout de dix minutes de film. Quel dommage. Et pourtant il composait un roi de conte magnifique, idéal, une illustration parfaite. mais, à trop titiller les monstres sous-marins, on finit par y laisser la vie...
Garrone met autant de soin dans la représentation de ces contes italiens qu'il en avait apporté à soigner la crédibilité (le réalisme) des mafieux de Gomorra. La même énergie, la même intensité, la même violence, et c'est un grand bonheur de voir un tel réalisme au service d'une telle irréalité. Monstres de conte et créatures de légende, donc (la reine ombrageuse, la puce géante, l'ogre, la vieille qui devient jeune, les jumeaux albinos) parsèment ces histoires que sous-tendent néanmoins les universels ressorts de notre humaine nature (l'amour, sous toutes ses formes, la jalousie, la colère, le désir) qui le firent de tout temps.
Le filme dure 2h14, tout comme Victoria, et, tout comme Victoria, il aurait peut-être gagné à être un peu condensé.
Une autre déception, c'est qu'on n'y entend hélas pas du tout parler italien (c'est pourtant un réalisateur rital qui adapte des fameux contes ritaux (c'est le pluriel), et la langue du cru aurait été plus adéquate, plus logique) et donc tout le monde donc y parle anglais comme dans la première hollywooderie venue, et c'est dommage.
Une troisième déception concerne le montage du film (j'en ai déjà parlé) et la façon dont ces trois contes sont simplement saucissonnés et leurs rondelles intercalées. On a in extremis (dans le dernier plan!) une espèce de pseudo-réunification assez lourdaude, et, finalement, le découpage en trois chapitres, en respectant l'intégrité (et l'internité) de chacune des histoires aurait peut-être allégé la sauce (et rendu l'ensemble plus digeste).
A part ça, l'intention est tout de même assez louable, d'avoir voulu ainsi désaseptiser la nunucherie clinquante et habituelle des adaptations de contes au cinéma. Les acteurs incarnent valeureusement leurs personnages (En plus de John C.Reilly, un coup de chapeau -à plumes- pour notre Vincent Cassel national qui tire brillamment son épingle (à chapeau à plume, bien sûr) du jeu.)  J'ai eu plaisir à reconnaître Alba Rohrwacher en souillon italienne et il m'a semblé que l'ogre ne m'était pas inconnu... (faut que je le gougle...)
Et je dois reconnaître que si, effectivement, quelques scènes sont répugnantes -mais ça prouve que ces histoires ne sont pas à l'eau de rose, hein ?-, d'autres, beaucoup d'autres, sont plastiquement superbes (superbement plastiques ?), ne serait-ce que, par exemple, les scènes sous-marines (avec John C.Reilly, je sais, je me répète ça n'est pas de ma faute). Je ne connaissais pas les contes originaux (ou le conte des contes original) mais ça ne déparerait pas du tout avec ce qu'ont pondu dans le genre nos frères Perrault (et que j'ai tellement aimé lire lorsque j'étais gamin.)
Un essai courageux donc, qui ne méritait pas ces hurlements à la mort unanimes et Cannois (ah la surchauffe de le réactivité critique immédiate à Cannes...) mais qui, à cause de son formatage "mondialisation americana", ne rentrera pas non plus dans mon top10 de l'année.
C'est bien mais ce n'est pas extraordinaire (mais, par rapport à, par exemple, la dernière adaptation de contes au cinéma que j'ai vue -celle des Taviani- c'est bien mieux, c'est sûr...).

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25 juillet 2015

de fil en aiguille

VICTORIA
de Sebastian Schipper

Cela faisait un certain temps que Zabetta m'en avait parlé (avec des petits airs gourmands) et voilà qu'il remplace cette semaine au pied levé AMY qu'on avait programmé dans le bôô cinéma et que le distributeur  nous a sucré (avec des petits airs gourmands aussi) pour cause de trop bon démarrage... exit Amy, welcome Victoria, donc!
Je connaissais le pitch (un hold-up), le gimmick (un unique plan-séquence) et la durée (2h14), et l'ensemble en faisait un objet de curiosité (et en allemand, en plus!). On y entre donc à cinq heures et quelques du mat' (on danse) et on en sort à sept heures et quart et quelques (on marche et on s'éloigne), et on réalise que le réalisateur (!) a réussi son pari de petit fûté.
Victoria, donc, qui donne son titre au film est une jeune espagnole (avec des airs d'Elodie Bouchez) qui vit à Berlin depuis quelques mois, et qui au petit matin, à la sortie de la boîte où elle vient de danser (de transer, jolie scène bleutée électro électrique d'ouverture), croise un groupe de jeunes gens, Sonne, Boxer, Blinker, Fuss, "berlinois de pure souche", qui la draguouillent gentiment, et en compagnie de qui elle va passer la première heure du film. Jeunes gens hâbleurs, rigolards,  testostéronés juste ce qu'il faut, visiblement sans le sou mais démerdards et amateurs de bon temps. Déambulation nocturne urbaine, bières volées en douce chez l'arabe (endormi) du coin, joint partagé sur un toit d'immeuble illégalement réquisitionné en toute bonne foi, rigolades, plaisanteries clins d'oeil et doigts d'honneur bon enfant(s) entre les quatres loustics quand il s'avère que c'est Sonne qui a gagné le droit de raccompagner la jolie Victoria dans le café où elle travaille et dont elle doit bientôt faire l'ouverture...
(S'ensuit une charmante séance de roucoulage et marivaudage entre les deux tourtereaux hispano-germains -et on se demande à ce moment-là comment le film va pouvoir tenir encore une heure et quart à ce rythme : le vélo en amoureux, le piano en concerto, et le chocolat double mais froid c'est mignon, mais bon...-)
C'est alors que reviennent frapper à la vitre du café les trois autres jeunes gens (qu'on avait laissés sur le toit avec bières et pétards), et que Boxer (celui qui a le crâne rasé et le cou tatoué, parce qu'il a fait de la taule) a l'air très énervé, parce que Fuss est ivre mort et plus bon à rien et qu'ils avaient justement besoin de lui, rapport à une dette envers un ganster local (un "vrai gangster" s'émerveillent les garçons) qui nécessitait absolument qu'ils soient quatre pour l'accomplir (3 +1 chauffeur). Ay, problema! Mais Victoria, n'écoutant que son corazon, se propose de les accompagner et de faire la chauffeuse. Finie la bluette, en route pour l'action!
(Début de la deuxième partie, que je ne vais pas vous raconter in extenso eh oh, et je réalise d'ailleurs avec un peu de retard que j'aurais du rédiger un post à l'image du film, c'est à dire constitué d'une seule et unique phrase mais bon il est trop tard et les regrets sont stériles n'est-il pas.) Chapeaux de roue. On part en bagnole (volée) et on change de ton et de rythme : des flingues, des malfrats, un hold-up, des flics, etc. On est alors en territoire beaucoup plus connu et balisé (et donc a priori moins original), mais avec toujours cette gageure tenue du plan-séquence (la caméra suit Victoria) et du temps réel. Qui fonctionne (on se surprend à guetter des raccord mais on n'en voit pas). Et forcément, comme dans la vraie vie, il y a des moments plus palpitants que d'autres on n'est pas à 200% à l'heure 100% du temps), des accélérations et des apaisements, des moments pschiiit! et d'autres plus plan-plan.
"C'est normal..."
diraient Fontaine et Areski, d'autant plus que, si le scénario a été écrit ("une douzaine de pages" précise le réalisateur), les dialogues (ne) sont (que) le fruit des improvisations des acteurs (avec malgré tout une assez longue période de répétitions en amont.) On est donc dans une forme proche du reportage scénarisé, avec une caméra portée accompagnant les personnages, souvent de très près, et on est néanmoins dans un "vrai" film, (avec des vrais beaux gros morceaux de cinéma dedans), immergé dans une expérimentation filmique couillue (récompensée par un Ours d'argent à Berlin) et qui tient la durée, haut la main (Il aurait peut-être été possible de grappiller au moins une dizaine de minutes en moins mais n'ergotons pas.) d'autant plus que le réalisateur aura été assez malin pour, dans un premier temps, prendre son temps, justement, pour nous les faire connaître, ces pieds-nickelés berlinois, ces americanische freund (comment marque-t-on le pluriel en allemand ?), nous disant et redisant leurs prénoms, étoffant suffisamment le portrait de chacun pour qu'ils soient parfaitement individualisés (chacun étant attachant à sa manière, mais je me suis davantage focalisé sur Sonne (Frederick Lau, déjà vu dans Oh boy ) et surtout Blinker (Burak Yiğit, vu -et revu- récemment dans Mustang), sans oublier bien sûr, à toute seigneure toute honneure la délicieuse et impressionnante -elle est de tous les plans ou presque- Laia Costa dans le rôle-titre.)
Ce qui est drôle, c'est que, après "la" grosse scène, celle pour laquelle nos compères ont joué les gangsters, il reste encore une certaine durée de film, et, candidement, on se dit "mais avec quoi va-t-il remplir, à présent, pas encore des roucoulades, quand même ?" Non non, pas des roucoulades, on va continuer sur notre lancée. On repasse un petit coup à la boîte de nuit pour fêter ça, on se lâche un peu (hmmm il y en a même deux qui dansent à poil mais pudiquement, pas l'ombre d'une QV, dommage) et on s'en fait jeter par les videurs.
Et démarre la dernière partie du film, assez rapidement centrée sur deux des protagonistes, qui monte encore les curseurs du speed et de l'adrénaline. Et de la violence. Qui dit casse dit aussi qu'il risque fort d'y en avoir après (de la casse hihi). Et Qui dit Le jour se lève dit aussi que ça risque de ne pas finir si bien que ça, aussi... On est à présent en huis-clos, l'heure est aux larmes (tiens, c'est comme ça d'ailleurs que finit la bande-annonce -que je vous recommande-, qui avec beaucoup beaucoup d'images retranscrit scrupuleusement la chronologie du film en en respectant l'esprit). C'est bientôt l'heure de la séparation,  et on a même, dans l'avant- dernière scène, une confirmation du tournage en continu (et du fait qu'il n'était pas possible d'arrêter) : Victoria quitte à un moment l'endroit où elle était, pour permettre à son partenaire de faire ce qu'il n'avait pas eu le temps de faire (ça, c'est être réactive!) et du coup, il y a un joli moment de flou sur son visage en plan rapproché, le temps que le caméraman (re)mette au point et que l'action reprenne là où on l'avait arrêtée. Et action!
Une très bonne surprise, donc, et un très bon moment de cinéma efficace et malin.

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24 juillet 2015

dans son jus

NOS FUTURS
de Rémi Bezançon

Oui! Oui! Moi aussi je veux être ancien copain de classe et ami d'enfance avec Pio Marmaï, et faire du scooter serré contre lui dans Paris la nuit, et prendre un bain de minuit tout nu avec lui, et faire du camping sauvage et dormir à la belle étoile, toujours avec lui... c'est le sort enviable réservé à Pierre Rochefort (fils de Jean, dont il reprend d'ailleurs, surtout au début du film par moments les mêmes attitudes engoncées et les regards de chien un peu battu).
Rémi Bezançon, c'est, surtout, Le premier jour du reste de ta vie, que j'avais beaucoup aimé à l'époque (il y a 7 ans, presque jour pour jour) et où j'avais découvert Pio Marmaï (7 ans, déjà ?).Il y a eu d'autres films de Rémi B, certains que j'ai assez aimés (Un heureux événement), d'autres que je n'ai pas vus (Zarafa), mais, celui-là, la bande-annonce m'avait suffisamment appâté pour que j'aille au bôô cinéma dès le premier jour (du reste de ma vie cinématographique hihi).
On était dans la salle 12 (celle où on peut allonger son siège) et il y avait peu de monde à la séance de 18h: quelques dames et moi. j'ai donc allongé mon siège et je me suis laissé aller. Il faut un certain temps pour que le film démarre (le début étant surtout la présentation du tristounet personnage de Yann (Pierre Rochefort), trentenaire costard-cravaté pour qui sa tendre épouse a organisé un anniversaire-surprise (mais comme il n'a pas d'amis, elle a invité surtout des collègues de bureau, d'où folle fiesta jusqu'à au moins minuit et demie. L'exhumation pour cette occasion d'un carton de vieilles photos du temps de son adolescence insouciante remet en mémoire à Yann son ami Thomas (Pio Marmaï), qu'il décide alors de recontacter. Les voilà tous deux qui se rencontrent, après hmmm années de perte de vue, et Pierre réalise avec étonnement que Thomas n'a pas changé d'un iota, et vit toujours en adolescent. D'où quelques frictions (de part et d'autre) au départ, avant que tous les deux ne finissent par se tomber dans les bras l'un de l'autre en décidant de monter un projet fou : recréer très exactement, dans les moindres détails, la soirée d'anniversaire de leurs dix-huit ans...)
Voilà une looongue parenthèse. Et je m'arrête là.
Le cinéma de Rémi Bezançon me touche toujours autant,  la famille, l'amitié, les souvenirs, l'adolescence, les sentiments, la timidité, la maladresse, les gens dont on est amoureux sans jamais pouvoir oser même envisager de le leur dire... Yann et Thomas prennent un bain de jouvence, entre Le péril jeune et Camille redouble  avec leur projet de ouf de créer une faille de l'espace-temps, même si, durant toute cette première partie du film, on ne peut s'empêcher de se poser des questions, de noter des détails qui semblent au moins maladroits au pire injustifiés, mais qui finissent par prendre tout leur sens, lorsque le réalisateur sort le lapin blanc du chapeau en nous en montrant un premier double-fond (qui m'a surpris dans un premier temps puis peut-être un peu déçu dans le même mouvement), avant de refaire disparaître le le lapin blanc dans un deuxième double-fond de son histoire (que je n'avais absolument pas vu venir, mais, c'est comme ça, je vous l'ai déjà dit, je suis bon public : quand il faut pleurer je pleure, quand il faut croire je crois...)
Pas mal de critiques ont plus ou moins fait la fine bouche (la demoiselle de Libé par exemple l'assassine ici mais j'ai trouvé ça plutôt drôle en lisant son articulet, cette histoire de film de couilles...) mais j'ai envie de jouer le jeu, et de vous inviter (vous inciter) à y aller, pour que vous puissiez aussi expérimenter ce plaisir par vous-mêmes. J'aime beaucoup cette idée de "et si on se refaisait notre Peggy Sue s'est mariée à nous avec les moyens du bord", d'autant que les thèmes abordés ne peuvent que faire fondre les ex-adolescents, ex-trentenaires (et autres ex à vôtre guise) forcément nostalgiques que nous sommes. J'aime ces souvenirs d'adolescents et la façon dont Rémi Bezançon les utilise dans sa mise en scène, ceux qui peuvent marquer ou pas, se déformer avec le temps, être réels ou inventés, comment les gens peuvent changer ou pas, comment on peut avoir des regrets ou pas... Et, ce qui ne gâche rien pour moi, le sous-sous-texte gay (ah, les étreintes viriles sous les étoiles entre Yann et Thomas) devient, au fur et à mesure, absolument et intolérablement délicieux. Et ça fait plaisir de réaliser, in fine, que tout ce qui avait pu nous faire tiquer (ou presque) était finalement justifié, que les maladresses apparentes (les excès, les redites)  étaient logiques, (comme des croix sur les cartes de chasse au trésor : des balises de passages secrets), et que le secret, justement, a été jusqu'au bout vachement bien gardé. On peut cela dit être d'accord ou pas, on en discutera devant le cinéma, hein (ou devant une bière, c'est mieux...).

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23 juillet 2015

maître-queux

Et voilà il a perdu hier à midi.
Qui ? Alain, le cuisinier strasbougeois grâce à qui j'avais trouvé un soudain regain d'intérêt pour TLMVPSP, l'émission-jeu de midi présentée par Nagui.
Il a pourtant fait à son challenger qui venait de la battre 22 à 18 une proposition plus que généreuse (il rajoutait 2200€ à ceux qu'il venait de gagner, c'est à dire qu'il doublait carrément ses gains!) mais ça n'a pas suffi.
Dommage.
Dès sa première victoire, j'avais été accroché par ce mec, son physique, ses mimiques, son naturel, sa façon de se comporter, son parfois "sur-jeu" de macho. Un bel homme, oui, un appétissant hétéro pur jus :

alain tlmvpsp2

 et j'aimais aussi sa façon de jouer, de se mettre la pression, de prendre des risques, qui avaient payé jusque là (combien de fois a-t-il terminé ex-aequo ric et rac...) Bref, j'aurais bien aimé le voir durer un peu plus... (C'est vraiment rare que je craque comme ça pour un candidat de jeu-télé, hihi)

22 juillet 2015

kelebek

MUSTANG
de Deniz Gamze Ergüven

Je l'avais vu il y a quelques semaines à Paris, j'avais beaucoup aimé, et là j'y suis retourné dans le bôô cinéma avec Catherine et et Marie, et j'ai trouvé ça toujours aussi plaisant. Pourquoi Kelebek ? Parce que ça veut dire Papillon en turc. Mais pourquoi Papillon ? Parce que la joliesse et la légèreté de la bestiole (l'été, les fleurs, tout ça...), d'accord, mais surtout parce que le film (et le roman) du même nom (c'était il y a longtemps, ok). Car Mustang c'est avant tout, l'histoire d'un emprisonnement puis d'une évasion. D'une libération.
L'autre mot qui m'est venu pendant la projection était gynécée. il était une fois cinq soeurs magnifiques, avec des cheveux magnifiques, des yeux magnifiques, et tout, et tout, magnifique(s), qui vivaient dans l'insouciance et dans une grande maison (celle de leur grand-mère), jusqu'au jour où elles "commettent l'irréparable" en jouant, le dernier jour d'école, à la bagarre, joyeusement et ien toute innocence, sur la plage et dans la mer, grimpées sur les épaules des garçons (une magnifique scène en bleu et blanc qui ouvre le film).
L'irréparable, car une voisine les a vues, a craint pour leur vertu, et s'est dépêchée de venir raconter "pour leur bien" l'ignominie de leur forfait : pensez, elles auraient frotté leur entrejambe contre la nuque des garçons. Arghhh! Les perverses, les dépravées, les moins-que-rien, les hétaïres, et si elles n'étaient plus intactes pour le jour de leur mariage ? La grand-mère entre en surchauffe : Impossible, impensable, inimaginable. La répression se met donc en place, la punition pour ce jeu d'enfants, dans cette maison qui va d'abord se fermer à clé, où va leur être confisqué "tout ce qui serait susceptible de les empêcher d'êtres pures", mais les donzelles n'en pouvant plus d'étouffer avec ces vieilles femmes qui se succèdent leur donner des cours à domicile "pour devenir une bonne épouse" et cet oncle moustachu et ombrageux (tiens, c'était le chauffeur du héros de Winter Sleep, si si!) trouvent à chaque fois des petites combines pour prendre un peu l'air, des échappatoires pour défier les lois domestiques, pour prendre un peu le large, et à chaque fois, bam! la maison se ferme un peu plus : verrous, cadenas, grilles, barreaux aux fenêtres, piques au-dessus des grilles... Les voilà emprisonnées, cadenassées, verrouillées, n'ayant plus d'autre issue pour sortir de ce mausolée familial que de se marier, chacune leur tour, mariages arrangés par les femmes, bien sûr, avec plus ou moins de bonheur en ce qui concerne les demoiselles (de moins en moins, à vrai dire).
Jusqu'où iront-elles ?
L'histoire est racontée par Lale, la plus jeune des cinq soeurs (et la plus remontée) celle qui va être la Steve Mc Queen en jupons de ce Papillon turc. Le détonateur, l'électron libre, la rebelle. Celle qui va mettre en place, préparer, et réussir, la fameuse évasion que tout le monde espérait. Le film est construit assez classiquement, et ces jeunes interprètes en sont l'élément moteur, le centre, le point vital (on peut en parler au singulier, comme d'une entité unique, tant leur relation a quelque chose de fusionnel.) On suit davantage Lale (qui non seulemnt agit mais observe, et commente) jusqu'à ce que les événements se précipitent et qu'elle prenne les choses (et les verrous) en main.
Le film est un bel objet (les soeurs sont absolument magnifiques, et la façon dont la réalisatrice les filme -et les a auparavant scénarisées- en fait sciemment des objets de convoitise, de désir, oui, elles sont filmées amoureusement. Et elles le méritent. La réalisatrice en profite pour nous parler de la condition féminine en Turquie, situation complexement paradoxale : Ce sont tout de même les aînées (les mères, les tantes, les grand-mères) celle s qui sont encore voilées, qui tiennent les rênes des relations amoureuses, familiales, et matrimoniales. Elles sont les gardiennes de la perpétuation d'un système archaïque et patriarcal., qu'elles ont connu de la part de leurs aînées et qu'elles perpétuent vis-à-vis de la génération suivante. (On reconnaît les mâles à leurs moustaches, à leurs cheveux courts, et au fait qu'il regardent du foot en buvant du raki, et, accessoirement parce qu'on vient les présenter, en version plus jeune, lors des goûters arrangés entre famille en vue des mariages du même nom.) Les femmes ont un certain pouvoir, et elles l'utilisent pour continuer de faire peser sur elles le couvercle de la domination machiste.
Mais, semble dire la réalisatrice, il y a,"enfin", dans la dernière génération, dans la toute dernière couvée, des éléments suffisamment remonté(e)s pour essayer de faire en sorte que ça change. Et la métaphore de la maison close qui va, paradoxalement les aider à s'en sortir est à la fois judicieuse et justifiée. S'il n'y avait pas eu tous ces verrous ces grilles et ces cadenas, elles n'auraient pas forcément pu mener à bien leur projet d'évasion. Le message est assez clair et plutôt optimiste. Même si la fin est assez abrupte dans son propos, et sait laisser ses héroïnes en suspens, et le spectateur/trice dans l'attente (on sait ce qu'elles ont quitté, on ne connaîtra pas la suite...).
Il y a aussi le contrepoint du joli personnage de Yasin, le "chauffeur-tarlouze" (dixit le film, simplement parce qu'il a les cheveux longs), qui suggère que la condition de masculinité (sa représentation) n'est pas inéluctablement coulée dans l'airain turc et que, là aussi, les choses peuvent  évoluer (et peut-être même déjà sont-elles en train d').
Bref un film qui fait souffler un petit vent joyeux d'espoir, un cocktail tonique et rafraîchissant,(pourquoi donc usé-je de métaphores aussi... ventilées¨? Parce que dehors il fait plus de 30°...) qu'on pourrait ranger pas loin de La belle promise de Suha Arnaf ou Hors-jeu de Panahi. Avec un zeste d'espoir en plus.

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20 juillet 2015

d''ici et là

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19 juillet 2015

tant de temps(s)

Comme me le faisait remarquer Philou il y a déjà un certain temps : ici, quand je ne parle pas de cinéma (ce que je fais la plupart du temps) je ne parle pas de grand chose d'autre.
Et ça n'est pas faux.
Mais que pourrais-je donc raconter d'autre ? De quoi d'autre pourrais-je donc parler ?
Je manque de conversation (de plus en plus).
Dans ces cas-là, socialement, (surgissement d'un blanc dans la conversation ou manque d'inspiration) on peut toujours, pour meubler, parler du temps. Et voici que 1) les vacances, 2) la canicule et 3) la retraite fourniraient même ici trois bonnes raisons d'en parler, et ce de trois différentes façons.
Ces jours-ci, ramollis, échauffés, alanguis, on s'échange volontiers, en guise des formules de politesse usuelles, des degrés celsius, des records de températures, des prévisions à plus ou moins long terme, des diamètres de grêlons, des hauteurs pluviométriques négatives ou presque, et on soupire, et on transpire, et on s'essuie et on relativise "C'est quand même mieux que s'il pleuvait..."
C'est le temps habituel -rêvé- des mois d'été, à peine exagéré (on a commencé voilà quelques années, voire lustres, à s'y habituer. Oui il fait chaud (trop), oui il fait sec (exagérément), oui on étouffe on a besoin de s'hydrater, de se rafraîchir, et on se tapit la plupart du temps (du jour) dans l'ombre bienheureuse des maisons où l'on a clos les contrevents et dont on n'entrouvrira les fenêtres, enfin, que lorsque ce satané soleil sera couché.
Sans qu'on puisse si facilement l'imiter.
Les nuits, tiens, parlons-en. Literies débarrassées de leur habituels oripeaux et vêtures,  fenêtres ouvertes sur le bruit des grillons, on a tout enlevé, nu le lit et nu le dormeur, et on gît, immobile, espérant un souffle, sans trop bouger pour ne pas transpirer (je parle ici  des nuits que je connais, les célibataires, pour les autres je ne pourrais me fier qu'à mon imagination et broder mais j'imagine, justement, qu'elles doivent être exponentiellement plus poisseuses et suantes. Le plus souvent, avant, (en gros, les mois qui ne commencent pas par j) c'est à ce moment-là qu'on réussissait à avoir un peu de fraîcheur, mais à présent, en ces temps de canicule (on nous l'a assez redit) c'est à peine si on passe du trop chaud au juste encore tiède presque lourd, alors du frais, pensez...
On se résoud. On fait avec. On met en place d'autres stratégies pour profiter de la nuit.  Car le sommeil du coup s'en ressent, qui se fragmente et s'incommode, désamarré des repaires, (désencordé des piquets) qui le situaient, le délimitaient, l'approximaient. Là c'est chacun pour soi et le plus n'importe comment possible. On dort moins la nuit, on dormira davantage le jour (siestes somnolences endormissements repos) et c'est tant mieux. Y aurait-il, d'ailleurs, tant d'autres choses que ça à faire ? Nous sommes tout de même en vacances, je vous le rappelle... On fait autre chose que dormir, on se relève, on soupire, on regarde dehors.
Temps du jour, temps de la nuit, les portes et les fenêtres s'ouvrent dans l'obscurité, et on n'aurait presque pas d'hésitation à sortir sur le perron en tenue très légère (voire pas de tenue du tout) et poser les fesses sur la pierre tiède en regardant se balancer les roses trémières. La nuit, c'est bien, la nuit c'est mieux, même si les températures ne baissent pas tant que ça (ou autant qu'attendu). La nuit c'est noir, c'est personnel. A chacun de voir.

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