(mercredi soir) Il y a trente ans, la téléréalité-poubelle était pure science-fiction. Les choses hélas ont bien changé, mais le film a plutôt bien vieilli. Furieusement seventies, mais Faye Dunaway , même en "prête à tout pour réussir" a vraiment un sacré charme (même si on ne croit pas une seconde à son idylle avec William Holden...)
(jeudi soir) Un genre de grosse baffe. Les américains en Irak. Je ne supporte pas les scènes de viol au cinéma, et j'appréhendais donc. J'étais à deux doigts de sortir, c'est pourtant traité avec une certaine pudeur. Sur l'image en général, (sous toutes ses formes actuelles), et sur son (leur) interprétation. Secouant, et voulu comme tel.
(vendredi soir) Autres temps... Encore l'Amérique et ses images manipulées, mais cette fois du noir et blanc hyperléché de notre ami Georges C., pour nous raconter la fin des années Mc Carthy (ses images à lui -le sénateur- sont vraies.) Fumée des clopes, gomina, costars impecc'. Propre sur lui, un peu trop sage peut-être...
(samedi soir) Encore du noir et blanc, encore l'Amérique, mais du sud cette fois, pour un truc complètement incroyable, muet quasiment, entre Lang, Méliès, Maddin, Lherbier, un objet atypique, éminemment poétique (bien plus que politique ou polémique) qui m'a absolument ra-vi! J'ai d'ailleurs ramené l'affiche en souvenir!
Une semaine, donc, avec un film par soir, et un débat par soir aussi.
Et chaque fois, le même scénario : le générique se termine, les lumières se rallument, et la même question de l'animateur au micro "Est-ce que vous avez des réactions, quelque chose à dire ?" Et là, idem, me voici la tête soudain parfaitement vide, aussi immaculée qu'une banquise balayée de frais. A perte de vue, rien, nada, le vide, oui, parfait.
Et chaque fois je repense au bouquin de Thomas Disch "L'homme sans idées" (en anglais, encore mieux "The man who had no ideas"). j'avais pensé à l'époque (et je le pense toujours, et de plus en plus) que ce titre me convenait parfaitement. J'aurais même bien vu ça en guise d'épitaphe, tiens...
Non, décidément, je ne suis pas un homme de parole facile, de réaction immédiate, de discours structuré. Donc j'écoute les interventions successives de Monsieur D. (qui lui sait parfaitement, justement structurer son discours : quand il commence , il y a un "petit un" puis un "petit deux" et il ne perd jamais le fil.
Si par hasard (par miracle) me vient une phrase, le temps que je la répète, que je la polisse, que je la rabote, que je la vernisse, eh bien il est hélas trop tard bien trop tard lorsque je serais éventuellement prêt à envisager de demander la parole, et le débat a rebondi sur autre chose et autre chose encore, et je n'ai plus qu'à la remballer, ma jolie intervention putative, dans ma poche avec le mouchoir par-dessus.
( 2ème festival du film et des médias de Lure)