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lieux communs (et autres fadaises)
31 janvier 2019

l'entrave

018
CONTINUER
de Joachim Lafosse

Kacy Mottet-Klein a, depuis Quand on a 17 ans de Téchiné, pris une belle amplitude. il joue ici le fils de Virginie Efira qui elle aussi fait montre d'une belle intensité dramatique. Une mère emmène son fils au Kazakhstan ? Kirghizistan ? (les critiques ne semblent pas avoir réussi à se mettre d'accord sur le sujet mais c'est bien, finalement le Kirghizistan dont il est question), faire une longue virée à cheval cataclop cataclop pour lui remettre un peu les idées en place (et à elle-même aussi un peu, d'ailleurs). D'après le roman de Laurent Mauvignier du même nom (dont le réalisateur a gardé les prénoms des deux personnages, Sybille et Samuel), que je n'ai pas lu mais que le film donnerait justement envie de.
Une mère et son fils, des difficultés de communication (un carnet mon cher journal pour l'une, un i-pod dans les oreilles pour l'autre) Joachim Lafosse est coutumier de l'observation de ces structures viciées façon familles je vous hais (Nue Propriété, A perdre la raison, L'économie du couple), d'habitudes filmées de très près, dans des espaces très réduits -les appartements- mais il a cette fois abattu les cloisons, pour en faire, justement, une histoire sans limites.
Les paysages sont vraiment mêêrveilleux (gare! je ressens les premiers symptômes de la fièvre habituelle aux spectateurs du Ficâââ) et donnent au récit des allures de vrai-faux western comme aurait pu en filmer Kelly Reichardt (ceci est un compliment). Si le réalisateur a élargi les espaces, il a en revanche amenuisé les dialogues, et c'est pas à pas que se (re)construit la relation entre ces deux personnages qu'au départ tout sépare. Samuel est rempli de colère (comme l'était, récemment le Thomas de La prière). Il aime les chevaux, beaucoup plus qu'il n'aime les gens (ou même lui-même). Sybille a vécu une histoire complexe qui l'a multiplement meurtrie, et semble, au début du film, avoir perdu tout espoir.
C'est la chevauchée des bannis, le galop de la dernière chance. Le film est un peu court, un peu sec. Comme si l'acuité habituelle de Joachim Lafosse se diluait un peu dans l'immensité de l'espace environnant. Mais affirme la force incontestable de ses deux interprètes (Virginie Efira et le jeune Kacy Mottet-Klein y sont vraiment extraordinaires).

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30 janvier 2019

archyves

en faisant le ménage dans mes marque-pages
je suis re-tombé sur les coordonnées de ce blog que j'avais mis en mémoire
je ne sais plus quand, je ne sais plus où
et qui, ô miracle, est encore en état de marche
et qui me ra-vit ...

allez-donc y faire un tour!

(Yves Pagès, ça vous dit quelque chose ???
Eh bin, c'est lui!)

(vous pouvez cliquer le là en haut ou le là en bas, ça vous mènera au même endroit)

(je l'adore cet homme!)

30 janvier 2019

cutter

017
PIG
de Mani Haghighi

Waouh! Bam bam bam! (bruits de fusils). il y avait déjà les FI (Films Improbables) et voici désormais les FHI (films Hautement Improbables). Surtout (encore plus) venant d'Iran... celui-ci fut primé au FIFIGROT (festival international du film grolandais de Toulouse) ce qui nous donne déjà un avant-goût du paramétrage de la chose.
Le cinéma iranien, d'ordinaire, ne prête pas vraiment à la rigolade. Eh bien celui-là si. Et est plutôt connu pour son sens de la retenue. Eh bien celui-là non.
Tout commence par la découverte, en plein Téhéran, d'une tête coupée dans un sac plastique. C'est celle d'un cinéaste iranien, sur le front duquel on a gravé khook (cochon, en farsi) au cutter. Hasan Kasmai, le héros du film, est lui aussi un réalisateur iranien, et ça ne va pas très fort pour lui. Non seulement il ne peut pas tourner depuis des mois à cause de la censure, mais son actrice fétiche lui annonce qu'elle l'abandonne pour aller tourner avec un autre, tandis que lui en est réduit à tourner des pubs pour insecticide sous forme de comédie musicale,et que les réseaux sociaux (auxquels il semble très attaché) ne lui font pas de cadeau.
Hasan Kasmai est un gros barbu irascible au look de Bud Spencer (la carrure, la tignasse, la barbe), un gros grincheux avec des t-shirts de groupes de hard-rock, doté d'une mère encore plus irascible que lui (et qui n'hésite pas à manier le fusil). Et le voilà qui mène l'enquête sur ce mystérieux tueur de réalisateurs iraniens célèbres (au nombre des victimes figure le propre réalisateur du film) dont ne ne retrouve que les têtes, en se demandant pourquoi lui-même n'a pas les honneurs du joueur de cutter mystérieux.
C'est drôle, c'est hénaurme, c'est grinçant, c'est un joyeux n'importe quoi (rien que pour la scène où le héros et son acolyte arrivent dans une soirée déguisés en cafards, il faut voir le film) véritablement surprenant pour tout amateur de cinéma iranien "normal". Les femmes y sont voilées, mais c'est à peu près la seule ressemblance qu'on peut retrouver. On comprend que ce film ait été primé au Groland, tant il en a bien assimilé les codes. Pig n'y va pas de main morte et part dans toutes les directions (le clip publicitaire avec la danse des cafards, les parties de tennis killer, les rêves où le héros joue de la raquette électrique) mieux, il tire dans tous les sens.Furieusement, potachement, incorrectement.
Avec une scène finale étonnante  (où l'on n'arrête pas de sursauter) mais où on serait en droit de rester un peu sur sa faim...
Délicieusement dépaysant.

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28 janvier 2019

Eric H.

C'est Dominique qui m'a appris ce matin, par sms, le décès d'Eric Holder.
Et c'était encore un peu de ma jeunesse qui s'en allait.
Eric Holder j'ai découvert ses livres par un ami mail-artist libraire à Rouen, Michel Champendal, dans les années 90.
Il m'avait fait découvrir ses premiers jolis petits bouquins édités au Dilettante.
Le premier que j'avais acheté (et pour lequel j'éprouve sans doute le plus de tendresse) est La belle jardinière (Prix Décembre 1994). Dans ma bibliothèque il est rangé à côté de ses confrères parus au Dilettante, parfois avant, mais tous me semble-t-il achetés après :Les petits bleus (1990), La Chinoise (1987) En compagnie des femmes (1996) Masculins Singuliers (2001) et, bien plus tard, Embrasez-moi (2011) (un recueil "chaud", de nouvelles érotiques)...
J'avais vraiment beaucoup aimé ces petits recueils, à l'époque (avant Priceministruche) ils étaient bien plus difficile à dénicher. Je connaissais peu l'homme, il était du genre discret.
Puis il avait changé d'éditeur et publié des romans (Mademoiselle Chambon, L'homme de chevet) que j'avais achetés aussi, que j'avais bien aimés. Mais moins que ses nouvelles.
En littérature comme en amour, parfois, inexplicablement, les sentiments tiédissent, et j'avais alors, au fil des ans, pris un peu de distance.
L'Eric Holder des romans me touchait moins que celui, plus confidentiel, des nouvelles, qui est toujours resté cher à mon coeur, parce que sans doute rattaché à ces années-là, de jeunesse.
(et c'est lui qui m'a appris le mot dipsomane)
Je pensais avoir aussi dans ma bibliothèque Nouvelles du nord et Les sentiers délicats, mais non.
(Les racheter ?)
Il est mort à 59 ans, c'est son fils qui l'a annoncé, mais sans dire de quoi...

belle jardi

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978-2-84263-015-7

 

 

27 janvier 2019

prévisionnement eldo

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WARDI
de Mats Grorud

Pour commencer, un film d'animation (qui est aussi au programme du FICAÂÂÂ) dont je ne pourrai pas dire grand-chose puisque je m'y suis copieusement endormi et ce dès le début ou presque. Une animation multiple (des figurines -que je trouve assez laides je dois dire- pour le présent et des dessins 2D pour les souvenirs, et aussi des photos -familiales- et des documents d'archive) pour évoquer le drame  des réfugiés palestiniens, chassés de leur terres en 1948, et parqués dans des camps. L'histoire de Wardi, une fillette de 11 ans dont je n'ai vu hélas que quelques bribes éparses...

*

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014
SANTIAGO, ITALIA
de Nanni Moretti

Là du coup, je n'ai pas dormi du tout, et j'étais très intrigué par le projet : le retour de Nanni Moretti par le biais du documentaire. Qui nous transporte, au tout début du film, en plein milieu de la liesse populaire, au Chili, juste après l'élection de Salvador Allende, en 1973. Puis du coup d'état qui a suivi, et de la mort du Président (je me souviens précisément quand je l'ai apprise, j'étais en terminale...) intercalant images d'archives et interviews (c'est Nanni Moretti qui les mène). Je me demandais juste pourquoi il y en avait en espagnol, et d'autres en italien, en alternance, jusqu'à ce qu'on comprenne, au fil du film, le pourquoi de ce bilinguisme (le film est construit grosso-modo en trois parties : Le Chili / L'Ambassade d'Italie / l'Italie). C'est très émouvant, encore plus du fait que sur l'écran, justement, à plusieurs reprises, on voit des interviewés être submergés par l'émotion en racontant leur histoire (et Nanni Moretti a à chaque fois l'intelligence de laisser la caméra tourner, de prendre le temps, de leur laisser le temps...) Magnifique.

*

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015
GRÂCE A DIEU
de François Ozon

Un nouvel Ozon, d'une "brûlante actualité" puisqu'il y est question du Cardinal Barbarin, et de la position de l'Eglise par rapport aux agissements de prêtres pédophiles. Et d'un d'entre eux en particulier, dont ont été victimes un grand nombre d'enfants, pour des faits qui sont, hélas, en grande majorité prescrits. Ozon met en scène plusieurs d'entre eux, au départ isolés dans une prise de parole difficile (par rapport à un passé qu'ils ont souvent -et douloureusement- enfoui) : un père de famille nombreuse (Melvil Poupaud) catholique pratiquant (et fervent), -celui qui lance l'affaire-, un autre père de famille athée, très remonté, (Denis Ménochet, toujours aussi imposant) -celui qui la médiatise-, et un jeune homme intranquille (Swann Arlaud), tourmenté, dont le cas n'est pas encore frappé de prescription -celui grâce à qui le procès pourrait avoir lieu-. un film fort, choral, mais juste peut-être (nous l'avons reconnu tous les quatre) un peu trop long dans sa démonstration (aussi long, justement que la mise en route de ce procès où l'église freine des quatre fers pour que rien ne puisse se passer).

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016
LES ESTIVANTS
de Valeria Bruni-Tedeschi

Il y a eu successivement, depuis ce matin, les réfugiés palestiniens, les réfugiés chiliens, les enfants victimes de prêtres pédophiles, et là on change radicalement d'univers : piscine et et cocktails, des gens riches, oisifs, en été, dans une villa. Un film fantasque. parfait pour terminer cette (excellente) journée de prévisionnement. Quatrième film de la dame (j'ai vu et aimé tous les autres, même si j'ai du mal à m'en souvenir précisément), quatrième volume de son "autobiographie imaginaire", et quatrième fois que j'y prends autant de plaisir. Plus encore, même, cette fois. C'est un peu comme elle racontait toujours la même histoire (la famille, sa mère, sa soeur, son frère disparu, sa fille, son amant, dans une grande maison, l'été, avec en parallèle, comme dans La règle du jeu, tout le petit monde des gens de maison, femme de chambre, valet, bonne, cuisinier, gardien, et qu'à tout ce monde se rajoutent encore  des  "invités" -la scénariste, le secrétaire, le comédien, l'ami de la mère-, etc.), comme je me plais à le redire "ni tout à fait la même ni tout à fait une autre", l'histoire d'une jeune femme blonde et jolie (dans ce film, je la trouve magnifique) qui vient de se faire larguer, et a du mal à l'accepter, et a, en même temps, du mal avec l'écriture de son nouveau film. Une distribution chromée super-luxe (autour de VBT, Valeria Golino, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau, et, côté messieurs, Ricardo Scammarcio, Pierre Arditi, Laurent Stocker, Vincent Perez, François Negret et, en prime et en fantôme, le magnétique -et hélas trop peu employé- Stefanio Cassetti) pour un film auquel j'ai pris énormément de plaisir. Avec, pour couronner ce marivaudage estival (j'ai pensé au Woody Allen de Comédie érotique d'une nuit d'été) une très jolie scène finale, délicieusement embrumée.

 

 

 

 

25 janvier 2019

bague en bois

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LETO
de Kirill Serebrennikov

Ce film m'enthousiasme.
J'y suis allé avec mon ami Philou (qui allait voir un autre film du Festival Téléramuche et que j'ai donc détourné de son droit chemin), et même s'il y a eu un léger cafouillage (ou plutôt une conjonction de cafouillages : dans le bôô cinéma c'est toujours le même cirque : pour la séance de 13h30 le caissier -qui, pour la petite histoire est aussi le propriétaire- arrive, disons, cinq minutes avant la séance, et bien sûr il n'y a qu'une seule caisse d'ouverte sur les trois possibles, et la file d'attente zigzague dans le hall (pourtant vaste) jusqu'aux portes extérieures, eh bien ce jour-là, pas de chance, un groupe d'handicapés, avec leurs accompagnateurs, ralentissait encore le rythme de la progression dudit flot de spectateurs, ce qui fait que, lorsque nous sommes enfin entrés dans la salle, le film était commencé depuis 5 bonnes minutes -car, autre subtilité à connaître dans le bôô cinéma, si le film dure plus de deux heures, la séance démarre directement et aussi sec par le film (alors qu'on a droit d'habitude à d'interminables premières parties), et Leto dure 2h06, mauvaise pioche donc!- J'ai d'ailleurs, à la fin du film eu l'envie de m'ouvrir au caissier-propriétaire à propos de ce double dysfonctionnement, mais en arrivant dans le hall j'ai tout de suite remarqué qu'il n'y avait qu'une file, et qui zigzaguait d'ailleurs jusqu'aux portes de sortie, et que si j'intervenais, je risquais encore de ralentir le flux et peut-être de faire rater le début de leur film qui durait peut-être plus de deux heures - aux spectateurs de la séance suivante, qui n'avaient pas mérité ça (quoique pour certains...) et je me suis donc dit que ce n'était pas le bon moment et que je n'avais pas le coeur ça et ouf fermons la parenthèse) mais la vision du film a généré en moi une telle production d'endorphines que c'était un peu comme lorsque plus jeune je fumais des cigarettes qui font rire, et je suis resté zen et béat, imperturbablement serein et souriant.
Je crois que je l'ai aimé encore plus que la première parce que, exceptées les fameuses cinq première minutes sur lesquelles je ne reviendrai pas (mais dont heureusement je me rappelais) cette fois jai tout vu, tout tout vu, en entier, sans en perdre une seconde, et, je me suis régalé de a à z, voilà, j'adore ce film (et je ne suis visiblement pas le seul dans ce cas).
Je ne suis pas, d'ordinaire très client des biopics (le fait de re-raconter à l'écran la vie d'un "vrai gens" mort en le faisant interpréter par quelqu'un d'autre ne m'intéresse pas plus que ça a priori, mais il arrive, c'est vrai, que l'originalité de la démarche rende -parfois- la chose vraiment intéressante (je pense au film sur Dylan de Todd Haynes, I'm not there, ou au Life d'Anton Corbijn, sur James Dean, ou au Control, du même Corbijn sur Joy Division), finalement le biopic c'est bien quand ça permet de raconter autre chose, ou, tout du moins, autrement, et c'est vraiment le cas de Leto.
Qui peut tout à fait passer pour une fiction jusqu'à ce qu'apparaissent, tout à la fin, les dates de naissance et de mort des deux personnages masculins principaux, les dotant à ce moment-là, paradoxalement, d'une existence "réelle".
Les scènes de concert (les réelles et les "mais ceci n'a pas existé"), les clips comme improvisés, en plus sur des chansons que j'aime et/ou qui me touchent, les relations amicales et/ou amoureuses entre les trois membres de ce trio, le portrait de la jeunesse russe et ses rapports avec le pouvoir, et l'omniprésence de la musique (et de la fascination qu'elle exerce sur ces jeunes gens, encore plus démultipliée que celle exercée sur nous-mêmes quand nous étions jeunes gens).
Leur énergie est aussi démesurée que pourrait bien être notre nostalgie (la mienne en tout cas) mais c'est un film autopropulsé, qui fonce furieusement et joyeusement, que rien n'arrête, où rock'n'roll rime avec humour, qui monte dans l'espoir et redescend sur terre qui dévale et redémarre, qui vibrionne et qui clignote, et qui, la seconde d'après n'est plus que douceur et silence.
Un grand et beau moment de cinéma.

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24 janvier 2019

du genou

011
LA PRIERE
de Cédric Khan

Le titre et l'affiche m'avaient, à sa sortie, c'est vrai, dissuadé d'y aller, à cause de la viscérale méfiance que j'éprouve envers tout ce qui ressemble à ce que je nomme "les bondieuseries", mais il y a comme ça, tous les ans, lors du Festival Téléramuche, un miracle, un film auquel je donne une deuxième chance, un film envers lequel j'ai l'occasion de me racheter (introduction biblique à souhait, raccord avec le film, à dessein).
Cette année, c'était le seul que je n'avais pas vu, et ça m'a donc fait une bonne raison supplémentaire d'y aller. Au début, justement, il est question d'un jeune homme (au visage à la fois dur et poupin), somnolant dans un bus, qui va quelque part, on apprendra très vite qu'il s'agit d'un centre de rééducation pour toxicomanes, un centre "à la dure", sans médicaments ni médecins, dirigé par un prêtre, où, selon le programme qu'on lui annonce, le sevrage se fera grâce au travail, à la prière, et à la camaraderie. Ouch! Les débuts en effet  sont plutôt durs pour lui. Une communauté d'hommes, tous anciens drogués ou alcooliques (chacun son addiction), qui vivent selon les règles strictes qu'ils se sont fixées, (bref un genre de monastère mais sans les robes de bure ni la tonsure), règles que Thomas aura dans un premier temps énormément de mal à accepter, tant il est rempli d'une fureur mal contenue, toujours prête à exploser, envers chacun des autres, mais aussi envers lui-même.
Le film est aussi passionnant que les décors naturels où le réalisateur a placé son histoire sont impressionnants (la montagne, ici, est magnifique) et Cédric Khan a le mérite de filmer cette histoire simple de façon tout aussi simple, directe, brutale presque parfois pourrait-on dire. Où tout ne se passera pas, finalement comme, en spectateur malin, on avait cru l'anticiper. Et toc! L'évolution du personnage de Thomas est touchante (et il faut souligner à quel point le jeune Anthony Bajon qui l'incarne y est exceptionnel, et a bien mérité son prix d'interprétation à Berlin...) parce qu'elle se fait à hauteur d'homme, et avec les moyens du bord (ici les prières, les chants, les psaumes, la foi, Dieu, tout ça...).
Un bus qui arrive au début du film, un bus qui repart à la fin, avec le même jeune homme dedans, mais dont l'itinéraire est beaucoup plus complexe que ce que pourrait suggérer cet aller-retour. Les bondieuseries que j'appréhendais sont bien là (on prie souvent, et in extenso) mais Cedric Khan les film à la juste distance, soulignant de quelle façon la prière, les chants religieux, la liturgie, relèvent de la pose, du décorum (cet aspect-là m'a beaucoup plu), tandis que ce qui relève de la foi (qui aurait à mon avis été un titre plus judicieux, mais sans doute encore moins vendeur) est strictement à usage interne, difficile à montrer comme à quantifier.
Je ne suis pas croyant, mais j'ai été très touché par ce personnage de Thomas, et je remercie une nouvelle fois le Festival Téléramuche pour cette belle découverte.

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23 janvier 2019

festival de thann

un prévisionnement "Grand Est" auquel on est invité(s) grâce à l'entregent de notre cher président Hervé

 

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CELLE QUE VOUS CROYEZ
de Safy Nebbou

Un film "à lunettes" (et doublement) : Juliette Binoche y est la patiente de Nicole Garcia. Elle lui raconte son histoire, ce qu'elle a fait à cause de Guillaume Gouix (oui, mon Guigui d'amour, décidément, elle les veut tous, cette Juju! Je vais finir par être jaloux hein...) qui, après l'avoir pourtant plutôt énergiquement besognée, n'a ensuite pas été très gentil avec elle. Elle a voulu le revoir, et une chose en a entraîné une autre... (Après assayas et les ibouques, Nebbou et les fessebouques) Un thriller psy (Safy Nebbou avait débuté avec le dérangeant Comme un homme) d'après un livre de Camille Laurens, un récit qui fonctionne plutôt bien, en plusieurs paliers narratifs (de révélations et de  twists). Ca démarre bien, à un moment ça patine un peu, mais la fin remet un peu les gaz pour boucler habilement cette histoire de fausse identité et de nouvelles technologies. A bientôt Juliette ?
(sortie : 27 février 2019)
chanson suggérée : "Avec le filles je ne sais pas" de Philippe Lavil
"Quand l'une d'entre elles me dit :
"Pour qui vous me prenez ?
Je ne suis pas celle que vous croyez ! "

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007
SIBEL
de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti

Un couple mixte de réalisateurs (elle turque, lui français) dont c'est au moins le quatrième film ensemble. Le beau portrait d'une jeune fille muette (mais pas sourde) qui s'exprime par sifflements. Une jeune fille un peu sauvage, farouche  (rebelle) parce qu'ostracisée par les autres (un village perdu) à cause de sa différence, et à qui son père a fait cadeau d'un fusil pour lui permettre de battre la campagne. ou plutôt la forêt, dans laquelle elle cherche les traces d'un hypothétique loup. Elle va faire la rencontre d'un fugitif blessé qui se dissimule aux forces de l'ordre dans cette même forêt, et tictac tictac la mécanique s'enclenche (on soupçonne assez tôt que tout ça ne peut pas finir très bien, mais on n'a pas forcément raison), qui va mêler plusieurs fils narratifs (et plusieurs strates temporelles). Amour, matriarcat, émancipation, secrets familiaux... Une jeune fille magnifique (bon l'honnêteté intellectuelle m'oblige à dire que le fugitif n'est pas non plus...) Du très beau travail.
(sortie le 6 mars 2019)
chanson suggérée : "Siffler sur la colline" de Joe Dassin


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C'EST ÇA L'AMOUR
de Claire Burger

Celui-là j'ai pu faire mon malin en disant "Je l'ai déjà vu en avant-première à Belfort/Entrevues..." mais je n'étais pas seul dans ce cas (donc je ne l'ai pas fait). Grand plaisir de retrouver Bouli Lanners en papa largué par son épouse qui lui a laissé leurs deux filles (ado tendance doigt d'honneur, notamment pour la plus jeune) sur les bras, et qui fait tout ce qu'il faut/qu'il peut pour que les choses aillent le mieux possible (mais il rame). Je redis combien Bouli L. y est d'une justesse extraordinaire, sans jamais trop en faire... et combien ce film m'a peut-être encore plus ému à la seconde vision. A partir d'une certaine scène, les larmes sont montées sans prévenir et ont tenu quasiment jusqu'à la fin...
(sortie le 27 mars 2019)
chansons suggérées :
-"C'est ça l'amour" du film Cendrillon
ou
-"C'est l'amour" de Léopold Nord et vous

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009
FUNAN
de Denis Do

Pour finir, pas le film le plus facile de la journée : un film d'animation (mais pas pour le jeune public) où il  est question du génocide commis par les Khmers Rouges, au Cambodge, entre 1975 et 1979, à travers l'histoire d'une famille qui, comme les autres habitants de Pnom-Penh, est évacuée de la ville et contrainte de partir à marche forcée. On suivra l'histoire de ces gens (principalement un couple qui a été très tôt séparé de son enfant (elle doublée par Bérénice Béjo, que je n'avais pas reconnue, et lui par Louis Garrel, dont j'ai par contre reconnu la voix assez vite), parallèlement à celle de ce peuple, lors de cette période effroyable par les violences qu'ils ont subies. Le réalisateur évoque un sujet qui lui tient à coeur, dans une histoire qu'il a connue de près. Le film a été primé à Annecy (Cristal du long-métrage) et, doublement, à Los Angeles (Grand Prix et Prix du Public), même si l'animation peut paraître parfois un peu "simple" pour les exigeants consommateurs de 3D que nous sommes devenus, mais la force de son sujet le rend inattaquable.
(sortie le 6 mars 2019)
chansons suggérées :
-"Cambodia" de Kim Wilde
ou
-"Mon fils ma bataille" de Daniel Balavoine

22 janvier 2019

pendule-éléphant

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LA DERNIERE FOLIE DE CLAIRE DARLING
de Julie Bertuccelli

Hasards de l'actualité (en guise de préambule) : le personnage du film, Claire Darling (jouée par Catherine Deneuve), vide sa maison et vend toutes ses affaires en provoquant un certain émoi ds le village, et voilà que Catherine Deneuve, en vrai, provoque l'émoi de la webosphère en organisant une vente aux enchères de 250 de ses robes YSL parce que les gens se demandent qu'est-ce qu'elle va faire de tout cet argent... (elle a d'ailleurs très vite réagi -sainement- en répondant "je fais ce que je veux de mon argent...")
Claire Darling, donc, s'est réveillée un matin en entendant une voix (on apprendra plus tard que c'est celle de Dieu, pas moins) qui lui annonce que c'est son dernier jour (nous on ne l'entend pas, cette voix, c'est bien) et décide donc de vider sa maison (qui est très encombrée, autant de bibelots de trucs et de machins que de souvenirs) en organisant un vide-grenier dans sa cour (qui est de taille à accueillir tout ce bric-à-brac) et ce déballage est un prétexte pour raconter -pour reconstituer- l'histoire familiale de Claire (et, notamment, celle de sa fille Marie, jouée par la propre fille de Catherine, Chiara Mastroianni) par bribes et fragments (on aura la mère et la fille aujourd'hui, mais aussi hier, et même avant-hier) en suivant quelques objets emblématique, notamment un automate, une pendule, une bague, générateurs de flash-backs...
Un joli film, nostalgique, un peu encombré (à l'image de la maison familiale de C.D tiens c'est rigolo elle a les mêmes initiales que son interprète) mais jamais déplaisant à regarder (on est content d'y retrouver Laure Calamy, Alice Taglioni, Samir Guesmi...) et dont on sort avec, tiens, un léger vague-à-l'âme (le bandonéon ça me fait toujours cet effet-là...)
Avant-première au Festival Téléramuche : merci le Festival!

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20 janvier 2019

boulevard 2.0

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DOUBLES VIES
d'Olivier Assayas.

Assayas, Binoche, Macaigne, voilà le joli petit tiercé qui m'avait donné envie d'aller au bôô cinéma et ce dès la première séance du film (oui oui on l'avait en sortie nationale!) et c'est donc là que j'ai retrouvé Emma . Doubles vies, dit le titre, mais double film finalement aussi.
Je l'ai déjà dit et je le répète (et je ne me lasserai pas de le répéter), j'adore Vincent Macaigne, surtout quand, comme ici, il a sa bonne grosse barbe, et même quand, comme ici il macaignise : hirsute, plaintif, zyeux de chien battu, mauvaise foi, hésitations, pleurnicheries presque, attendrissant comme un aimal de compagnie qui voudrait sans cesse être rassuré sur les sentiments que vous lui portez : ce mec-là est grandiose, point.
Et il a en face de lui une Binoche dans ses meilleurs jours, comme je l'aime : simplement juste (justement simple). A la question que je me posais, suite à ses précédents films ("Est-ce que qu'elle couche ?") il a été répondu  oui. Oui, après Xavier Beauvois, Robert Pattinson, Masatochi Nagase, pour n'évoquer que ces films les plus récents (c'est vrai qu'en ce moment on assiste à un genre de festival Juliette) on la voit effectivement ici au lit avec tiens je ne vous dirai pas qui, vous verrez bien vous même, je ne vais pas spoiler, mais bon, oui, elle couche (mais c'est ici très pudique, Assayas quand même).
Binoche, Macaigne, et en face, Guillaume Canet (que j'aime poliment, et qui ici ne démérite pas) et Nora Hamzawi, que je ne connaissais pas et que j'ai trouvée excellente. Les voilà formés en deux couples, avec pour pimenter ce quadrille et le transformer en jeu des quatre coins, la jeune Christa Théret, découverte il n'y a pas si longtemps en soeurette de Félid Moati dans le délicieux Gaspard va au mariage d'Anthony Cordier.
Macaigne est écrivain, sa femme Nora est attachée parlementaire, Canet est éditeur et sa femme, Binoche, est actrice dans une série policière à succés ("Collusion"), comme on le voit on n'est ni dans le RSA ni vraiment non plus les fins de mois qui déchantent. Passons. bons jobs, beux apparts, ces gens-là se réunissent lors de soirées chez les uns ou les autres qu'on croirait scénarisées par Valérie Lermercier (la Renardière et ses "grandes salades"), où le comble du raffinement est de manger avec l'assiette posée sur ses genoux mais surtout, surtout, de parler, de discourir plutôt, d'une  intolérable façon. Comme si un robinet de lieux communs (et autres fadaises) avait été ouvert : enfilades de poncifs sur les sujets les plus divers, (qu'Emma, dans sa grande bonté, supposait avoir été écrits comme ça exprès pour montrer à quel point ces gens-là (et leurs conversations) sont ridicules, parce que le film est une comédie, alors que moi je craignais que non, justement.
Le film, donc, glose. Dès qu'ils se réunissent, piapiapia,  ils jactent comme wikipédioche, ou comme dans "le livre numérique pour les nuls", ou comme dans "la politique pour les nuls", ou comme dans une notice de vulgarisation, et c'est très très agaçant. Limite insupportable.
Ca c'est dans le premier film (les affres d'un écrivain d'auto-fictions à qui son éditeur refuse de publier son dernier manuscrit, tandis que les temps changent, et que la liseuse a insidieusement remplacé les bons vieux livres en papier avec les pages qui tournent). On s'y morfond un peu, avec son assiette sur les genoux, quand soudain commence le second. La deuxième couche, le double-fond : A trompe B avec C, B ttrompe C avec D, et D avec E (et on soupçonne rapidement que E ne devrait pas tarder à faire la même chose avec... avec qui d'ailleurs ? on ne sait plus très bien mais là, dans ces histoires de cul de coucheries et de cocufiages divers il advient, ô bonheur, que les gens parlent simplement, normalement, habituellement, comme dans un film normal où un homme normal couche avec une femme normale. Ou le contraire. En trompant son mari ou sa femme normale. Et ces scènes sont justes. Et elles fonctionnent. Jusqu'à ce que, à nouveau, le robinet à platitudes et autres généralités se déverse à nouveau.
Oui, voilà un film double, tout aussi exaspérant qu'attachant, jusqu'à ce que, finalement, ce soit l'attachant qui finisse par l'emporter. Grâce aux acteurs-trices, surtout, sans doute. Autant Assayas est pénible (et lourdaud) dans le didactique et le magistral, autant il excelle dans l'humain et l'affectif.
Paradoxalement me restera donc de ce film un sentiment général plutôt positif (grâce à mon tiercé de tête initial -Macaigne/Binoche/Assayas- auquel je rajoute l'outsider Nora Hamzawi, qui restera pour moi la vraie révélation du film).

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