013
WARDI
de Mats Grorud
Pour commencer, un film d'animation (qui est aussi au programme du FICAÂÂÂ) dont je ne pourrai pas dire grand-chose puisque je m'y suis copieusement endormi et ce dès le début ou presque. Une animation multiple (des figurines -que je trouve assez laides je dois dire- pour le présent et des dessins 2D pour les souvenirs, et aussi des photos -familiales- et des documents d'archive) pour évoquer le drame des réfugiés palestiniens, chassés de leur terres en 1948, et parqués dans des camps. L'histoire de Wardi, une fillette de 11 ans dont je n'ai vu hélas que quelques bribes éparses...
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014
SANTIAGO, ITALIA
de Nanni Moretti
Là du coup, je n'ai pas dormi du tout, et j'étais très intrigué par le projet : le retour de Nanni Moretti par le biais du documentaire. Qui nous transporte, au tout début du film, en plein milieu de la liesse populaire, au Chili, juste après l'élection de Salvador Allende, en 1973. Puis du coup d'état qui a suivi, et de la mort du Président (je me souviens précisément quand je l'ai apprise, j'étais en terminale...) intercalant images d'archives et interviews (c'est Nanni Moretti qui les mène). Je me demandais juste pourquoi il y en avait en espagnol, et d'autres en italien, en alternance, jusqu'à ce qu'on comprenne, au fil du film, le pourquoi de ce bilinguisme (le film est construit grosso-modo en trois parties : Le Chili / L'Ambassade d'Italie / l'Italie). C'est très émouvant, encore plus du fait que sur l'écran, justement, à plusieurs reprises, on voit des interviewés être submergés par l'émotion en racontant leur histoire (et Nanni Moretti a à chaque fois l'intelligence de laisser la caméra tourner, de prendre le temps, de leur laisser le temps...) Magnifique.
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015
GRÂCE A DIEU
de François Ozon
Un nouvel Ozon, d'une "brûlante actualité" puisqu'il y est question du Cardinal Barbarin, et de la position de l'Eglise par rapport aux agissements de prêtres pédophiles. Et d'un d'entre eux en particulier, dont ont été victimes un grand nombre d'enfants, pour des faits qui sont, hélas, en grande majorité prescrits. Ozon met en scène plusieurs d'entre eux, au départ isolés dans une prise de parole difficile (par rapport à un passé qu'ils ont souvent -et douloureusement- enfoui) : un père de famille nombreuse (Melvil Poupaud) catholique pratiquant (et fervent), -celui qui lance l'affaire-, un autre père de famille athée, très remonté, (Denis Ménochet, toujours aussi imposant) -celui qui la médiatise-, et un jeune homme intranquille (Swann Arlaud), tourmenté, dont le cas n'est pas encore frappé de prescription -celui grâce à qui le procès pourrait avoir lieu-. un film fort, choral, mais juste peut-être (nous l'avons reconnu tous les quatre) un peu trop long dans sa démonstration (aussi long, justement que la mise en route de ce procès où l'église freine des quatre fers pour que rien ne puisse se passer).
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016
LES ESTIVANTS
de Valeria Bruni-Tedeschi
Il y a eu successivement, depuis ce matin, les réfugiés palestiniens, les réfugiés chiliens, les enfants victimes de prêtres pédophiles, et là on change radicalement d'univers : piscine et et cocktails, des gens riches, oisifs, en été, dans une villa. Un film fantasque. parfait pour terminer cette (excellente) journée de prévisionnement. Quatrième film de la dame (j'ai vu et aimé tous les autres, même si j'ai du mal à m'en souvenir précisément), quatrième volume de son "autobiographie imaginaire", et quatrième fois que j'y prends autant de plaisir. Plus encore, même, cette fois. C'est un peu comme elle racontait toujours la même histoire (la famille, sa mère, sa soeur, son frère disparu, sa fille, son amant, dans une grande maison, l'été, avec en parallèle, comme dans La règle du jeu, tout le petit monde des gens de maison, femme de chambre, valet, bonne, cuisinier, gardien, et qu'à tout ce monde se rajoutent encore des "invités" -la scénariste, le secrétaire, le comédien, l'ami de la mère-, etc.), comme je me plais à le redire "ni tout à fait la même ni tout à fait une autre", l'histoire d'une jeune femme blonde et jolie (dans ce film, je la trouve magnifique) qui vient de se faire larguer, et a du mal à l'accepter, et a, en même temps, du mal avec l'écriture de son nouveau film. Une distribution chromée super-luxe (autour de VBT, Valeria Golino, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau, et, côté messieurs, Ricardo Scammarcio, Pierre Arditi, Laurent Stocker, Vincent Perez, François Negret et, en prime et en fantôme, le magnétique -et hélas trop peu employé- Stefanio Cassetti) pour un film auquel j'ai pris énormément de plaisir. Avec, pour couronner ce marivaudage estival (j'ai pensé au Woody Allen de Comédie érotique d'une nuit d'été) une très jolie scène finale, délicieusement embrumée.