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lieux communs (et autres fadaises)
30 juin 2008

soustraction

C'est mathématique. Ce blog est dans sa troisème année d'existence (il soufflera bientôt sa quatrième bougie) et, au vu des chiffres de la fréquentation (car je peux pratiquement tout voir et savoir sur vous/de vous, du haut de mon mirador informatique), il semble que, inexorablement (et contrairement à d'autres, qui semblent afficher une bonne santé et une prospérité insolentes) les chiffres de fréquentation diminuent de moitié pratiquement chaque année (a contrario de la médaille d'amûr, c'est aujourd'hui moins qu'hier et bien plus que demain). Je devrais donc, à ce rythme-là, tendre gentiment vers le zéro absolu, ou, mieux,encore, vers un nombre de lecteurs négatif. Ouah là, ça serait trop dl'a balle...
Ca doit sûrement venir de moi ("Ce n'est pas une non-lecture hostile, c'est une non-lecture de bloggeur qui n'a pas su m'intéresser...") Mais, bon,tant pis, je m'en fous, et je persiste et signe. Je maintiendrai.

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29 juin 2008

"alcôves"

BON BAISERS DE BRUGES
de Martin Mc Donagh

Incontestablement la (bonne) surprise du mois. J'avais vu plusieurs fois la bande-annonce, nous vendant le film comme une bonne comédie bourrine à gros sourcils et à front bas. Mais, comme il y avait Colin Farrell, je me suis dit que j'allais y aller. Face à ce  type, je perds toute  objectivité (smiley aux joues roses). Je craignais que tout ça ne fut aussi lourd et gras qu'un bon gros cornet de frites, mais bon, y avait Colinchounet, alors...
Alors ? Et bien, ça vaut le déplacement! Une comédie ? Euh disons que certaines répliques et/ou situations  font mouche comme on dit, mais globalement ce serait plutôt de l'humour noir, très noir. Au début (surtout que je l'ai vu en vf dans le bôôô cinéma, et qu'ils lui ont collé -à Colin- une voix de lapin bêta) on craint, on croit que ce sera effectivement une comédie bourrine. Mais, telle la course du lièvre à travers les champs, le film va ensuite plusieurs fois, obliquer, changer de direction, ricocher, selon le principe de la douche écossaise (euh... irlandaise plutôt), partant à chaque fois du côté où on ne l'attendait pas. Une histoire qui n'arrête pas, comme ça, de vous étonner, de vous emmener là où vous ne vous y attendiez pas du tout, ce n'est pas si courant.
Soient deux tueurs à gage, sommés par leur chef d'aller se faire oublier quinze jours dans une chambre d'hôtel à Bruges (pourquoi à Bruges ? Parce que c'est comme un rêve...), après une mission spécialement foirée. Le premier, le plus âgé, (Brendan Gleeson, très bien) plutôt bonne pâte, prend ça plutôt bien, et se met à jouer les touristes émerveillés avec un certain plaisir, tandis que l'autre (Colin Farrell, idem), le novice, (et celui qui, accessoirement, a foiré le coup), n'arrête pas de ronchonner et de ronger son frein. Les voilà coincés là, à attendre un appel de leur chef, et la suite des événements.
Mais, quand le coup de fil en question arrive, ce n'est pas du tout ce qu'ils avaient imaginé... (si vous avez lu les autres critiques, vous savez de quoi il retourne, mais je vais faire comme si je croyais que vous ne savez rien, pour vous laisser tout le plaisir de la découverte.) Les choses se gâtent, et nécessitent l'arrivée du chef (Ralph Fiennes, parfaitement inquiétant, comme souvent) sur les lieux.
Entre temps, ils (surtout Sourcils qui se touchent, le plus jeune) auront croisé (et draguouillé) une blondinette assistante sur un tournage de cinéma (et accessoirement dealeuse en substances illicites variées), fait la connaissance d'un nain (pardon, un "homme de petite taille") pince-sans-rire, sur le même tournage (annoncé comme un hommage au "Ne vous retournez pas" de Nicolas Roeg, joli film fantastico-vénitien que je vis il y a longtemps, et on se dit là que le réalisateur nous fait comprendre qu'il n'est pas du tout le premier bourrin venu, ce qui fait plutôt plaisir), bu quelques bières, disserté philosophiquement sur le purgatoire et les profs de math judokas, froissé quelques susceptibilités et abimé quelques yeux...
Mais le plaisir de la simple bourrinade est entâché par la culpabilité qui vient de plus en plus ouvertement ronger le jeunot (et ce très gros plan matinal du visage de Colin Farrel au réveil, mal rasé, en train de pleurer silencieusement dans son lit peut, à lui seul, justifier la vision du film, qui n'est alors pas commencé depuis très longtemps, mais le spectateur ne sait alors pas encore toutes les bonnes surprises -et les autres bonnes raisons- qui l'attendent, tout au long de ce film, qui parvient à être sans cesse surprenant (et d'autant plus prenant). Le film aligne ainsi les morceaux de bravoure, chaque scène venant ainsi surpasser, contracarrer, démentir (ça dépend) la précédente.
Voilà, il y a des moments où on rit très fort (surtout moi, d'ailleurs), et d'autres où on est ému, et d'autres encore, où on ne sait plus trop (à un moment, j'avais presque les larmes aux yeux, tandis que mon voisin ricanait allègrement). On n'est jamais sûr exactement du niveau où on se situe. Et (parlant de niveau) je veux bien mettre sur le compte du deuxième (ou plus) degré les allusions récurrentes et homophobes (à propos de la bière, ou de la façon de se battre, notamment). Humour, disons ? Ok, humour... Et pour une fois que, à propos d'une comédie, tout n'est pas dit dans la bande-annonce, soyons indulgent (mais en est-ce véritablement une ???)

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27 juin 2008

histoire d'eau...

WONDERFUL TOWN
de Aditya Assarat

Encore une bonne surprise, et de thaï! (Oui oui, je sais, après le titre, ça fait déjà le deuxième mauvais jeu de mot, en deux lignes...  mais c'est promis,j'arrête), après Apitchounet (), merveille de douceur (je ne m'en lasse toujours pas), voici donc un autre doux rêveur (leur langue est aussi aimable que leur écriture), pour une histoire (simple ?) qui commence et finit de la même façon : dans l'eau. (Je suis, ces temps-ci, extrêmement réceptif aux scènes d'ouverture, et celle-ci est, encore une fois, superbe) Du film que je citais (Syndromes and a century) Wonderful town a l'élégance et la même douceur initiale(s).
J'aime ces histoires où des gens s'aiment ainsi, timidement, pudiquement, maladroitement. Elle s'appelle Na, il s'appelle Ton. Elle tient l'hôtel où lui vient s'installer pour quelques temps, ayant accepté d'être nommé en province pour superviser un chantier de reconstruction, après le tsunami (qui pourrait bien être le troisième sommet de ce triangle amoureux, invisible mais ô combien présent). La ville s'appelle Takua Pa. Donc, avec des délicatesses et des fragilités de fleurs en papier, une histoire d'amour va se mettre en place (la première partie du film), chacun se rapprochant de l'autre avec infiniment de précautions et progressant millimétriquement,jusqu'à ce que, hélas, une sombre histoire de frère pas sympa, de règlement de comptes, vienne soudain troubler, gâcher, ruiner, ce début d'idylle,  l'ambiance élégiaque générée par le début du film rendant d'autant plus surprenante, voire gênante,  l'irruption de cette  violence. En bon midinet, j'eus souhaité qu'elle n'arrivât pas, mais, bon, c'est comme la vie, hein, les meilleures choses ne durent pas, et il est quasiment obligatoire que tout bonheur fatalement cesse... "Les histoires d'amour finissent mal en général."

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24 juin 2008

micro47

J'aurais bien souhaité Bonne fête à quelques papas.

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Une inquiétante invasion de mouches dans mon appartement. Y aurait-il, quelque part, un cadavre ?

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Mais pourquoi donc personne ne veut-il acheter cette pauvre bétonnière orpheline, au Super U ?

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Dans un peu plus de quinze jours, hmmmm...

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"d'air pur", "qui perdure" et "hyper dur" (rimes de rap)

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On peut toujours faire pire.

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Quand la kermesse (de l'école) est finie, l'année scolaire l'est quasiment aussi.

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La Turquie est en quart de finales. (Tiens, voilà que je m'intéresse au foot ?)

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Soudain il fait chaud d'une manière absurde

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Opéra : deux grosses dames expectorent et s'époumonnent.

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23 juin 2008

casquette rouge

ELDORADO
de Bouli Lanners

Celui-là, on peut dire que je l'attendais!
Une histoire d'hommes, un gros (plutôt format couvre-lit) et un maigrichon (plutôt taille housse de coussin), un pleurnicheur et un ronchon, bref deux a priori mal assortis et qui vont être amenés à faire quelques kilomètres ensemble, pour le meilleur et pour le pire, comme on dit, et pour le reste aussi. Le gros ronchon a chopé le maigrichon pleurnicheur caché sous son lit, après qu'il ait essayé de le cambrioler. Et après quelques atermoiements et tournages autour du pot, les voilà partis ensemble, dans la vieille bagnole américaine du bourru mais gentil, histoire de (prétexte pour) ramener le malingre dans sa famille (et éventuellement le droit chemin.)
Il reste, après coup (je l'ai vu mercredi, le premier jour à la première séance, tellement j'avais envie), des images de ciel (beaucoup) et de route aussi, des paysages horizontaux et chromatiques, sur fond de bonne musique rock pêchue. Le réalisateur (qui joue aussi le role du bourru) a un indéniable sens de l'espace, du cadrage, des extérieurs. Un oeil de peintre (ce qu'il est, d'ailleurs). Il y a dans le film un regard original, une  respiration, un appel d'air bienvenu, même si, finalement,  on ne fait que traverser des friches urbaines désolées. Oui, la Belgique est ici transfigurée, comme elle devrait l'être plus souvent. Elle clinque, elle pimpe, elle caresse l'oeil, et ça fait du bien.
Road-movie belge, (non non, ce n'est pas du tout ironique) donc, où l'on étire les kilomètres pour que ça dure plus longtemps, où l'on fait des rencontres, où on ne fait, justement, que passer, où on continue son petit bonhomme (enfin, plutôt ses petits bonhommes) de chemin, et on va jusqu'au bout. Jusqu'à ce que. Arrivé là, le réalisateur a généralement le cul entre deux chaises, et le choix entre plusieurs séries d'alternatives : on est arrivés, youp la boum la vie est belle ou rhalala rien ne va ? on reste ensemble quand même ou on se sépare ?  ou encore on est bien on reste ici ou on va voir plus loin, repartons ? J'aime plutôt bien, après coup,  l'option qu'a choisie Bouli Lanners.
Cet homme, j'ai déjà dit à plusieurs reprises tout le bien que j'en pensais. Je le connaissais acteur, et j'aimais sa dégaîne de berger briard (à poil long et plutôt emmélé), ses grosses pattes, sa barbe et ses yeux vifs, apparus ça et là dans divers films borderline (j'aurais pu écrire bordelline -belgitude oblige- aussi!), aimés plutôt beaucoup à chaque fois, et j'ai découvert, à l'occasion de la sortie d'Eldorado, qu'il avait aussi déjà réalisé un premier long métrage, Ultranova (cet homme a décidément le sens des titres... ironiques) que j'ai donc acheté (illico et quasiment à prix d'or), et dans lequel j'ai eu d'ailleurs l'immense plaisir de retrouver un acteur dont j'ai déjà parlé (mais que je semble être le seul à chérir), Michael Abiteboul (je sais bien qu'avec un nom pareil il a peu de chances de devenir famous), comme quoi le monde est petit mais cette digression longuette, abrégeons donc.
Donc, deux mecs, une bagnole, et hop ça roule. Et là, ça roule excellemment. La situation (espace confiné et grands espaces tout autour) se prête au contraste. Les deux personnages aussi, que le réalisateur a d'ailleurs choisi de filmer en scope, histoire d'aérer encore le contexte. Je crois bien que, juste eux deux, comme ça, ça (m') aurait suffi, tant leurs échanges, minimalistes, absurdes ou décalés ou déglingués ou enfantins (cocher les cases correspondantes) me ravissent. Alors que  je ne suis pas sûr que les "rencontres" ("Alain Delon", le collectionneur...) soient ce qu'il y a de plus indispensable dans le film. Le goût excessif du "pittoresque", de l'insolite, surtout quand il est humain, nuit un peu à la cohésion de l'ensemble, mais bon, elles sont peut-être nécessaires dans la structuration du récit. La scène chez les parents, par contre, est parfaite et indispensable.
Les critiques ont joyeusement évoqué, pêle-mêle, Kaurismaki, Old Joy, Gerry, j'y rajouterais Wenders, mais le Wenders que j'aime, celui du début, du noir et blanc, d'Au fil du temps...
J'aime énormément ce film, qui, mine de rien, avec humour et humanité, nous promène hors des sentiers battus, à travers le  portrait/parcours  de ces deux hommes. Où il serait question de la marge, ici et aujourd'hui. Apologie des cabossés, mais sans étalage ni exclamations. Et du  mot "ensemble",  celui de la paire, celui du couple, de la famille, comme but (et leurre) ultime. (je viens de voir Ultranova, le premier film de Lanners et il semblerait bien que  la famille (que l'on quitte ou que l'on cherche) soit une thématique importante pour lui).
Il y a des moments très drôles (la scène de la pluie et du camping), d'autres plus graves, d'autres carrément surréalistes (encore une fois, pas forcément les plus réussis à mon goût). Le réalisateur sait faire alterner  les micro-climats fictionnels, soleil nuages averse, on rit on grince on s'émeut, on pleure parfois presqu'un peu, en douce. Mais on aurait vraiment envie de rester dans cette vieille belle bagnole, de se balader avec ces deux zigotos (si Lanners est très très bien, son acolyte Fabrice Adde ne l'est pas moins. Comme pour Vincent Lecuyer dans Ultranova, Bouli Lanners a su dénicher un acteur à la présence singulière, à la singularité attachante.) Et si le voyage est (tourne) court, tout du moins il aura été beau. Très.

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23 juin 2008

photogrammes

ELDORADO
de Bouli Lanners

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19 juin 2008

think about those days

"South of rain and snow", c'est le titre de l'album de Swell que je viens d'acheter sur le ouaibe, avec ma petite carte Fissa (je l'ai acheté directos sur le site du groupe, puisqu'il était impossible à trouver où que ce soit.) Sont gentils, d'ailleurs, puisque si vous achetez l'album, ils vous filent aussi un lien pour le télécharger direct en mp3 (avec même les photos de couv' et du livret), si vous n'avez pas envie d'avoir la patience d'attendre que le disque vous soit livré.
Ce que j'ai fait.
Swell, pour moi, c'est les années 90, plus précisément 94 95 d'ailleurs (des années un peu agitées) et la musique du groupe en est partie prenante. Swell c'est d'abord des guitares, électriques ou pas, et, surtout une batterie immédiatement reconnaissable (bien que je serais incapable de préciser pourquoi), et une voix, aussi. Un climat et des textes, teigneux, grincheux, maladifs, souffreteux, (mélancoliques ?) avec des morceaux que j'ai écoutés et re et re à tel point que certains d'entre eux devraient finir par en être usés. Trois albums "Swell", "Well", et "41", et une poignée de maxi, et c'est tout pour la "première époque" de Swell, celle des photos en noir et blanc et du graphisme si particulier des tracklists.
Libé (qui les aimait bien et en avait publié quelques cd samplers) les appelait "les cultimissimes Swell" (traduction : qui ne doivent vendre qu'un nombre infinitésimal de chacun de leurs disques), et, si la critique les aimait bien, leur audience restait confidentielle. D'ailleurs, ils avaient su rester près de leur public, puisque j'ai reçu personnellement moi je une carte manuellement écrite par eux, les gens du groupe, en réponse à une question posée sur la disponibilité d'un maxi.
Et voilà que, 15 ans après quasi, sort un nouvel album (comme d'hab' ultra confidentiellement semble-t-il) que j'ai poussé le zèle jusqu'à acheter, si si promis juré. Et c'est... beaucoup plus calme. Du groupe originel ne subsiste plus que le chanteur auteur compositeur guitariste et j'en passe, les deux autres ont pfuit! disparu. Et c'est un beau disque paisible, idéal pour rêvasser, avec quelques perles (j'ai eu un coup de coeur immédiat pour "Waitin for a beer"), mais rien de plus électrique et énervé que le niveau du battement de coeur, c'est dire. Apaisé.

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18 juin 2008

bocaux de cerises

CIAO STEFANO
de Gianni Zanasi

Ah, ces ritals... C'est comme ça qu'on les aime, râleurs, hâbleurs, teigneux (les va fan culo, ça fleurit dru!) mais avec un coeur comme ça. Le Stefano du titre en est un spécimen pur jus. Après quelques désillusions musicales et conjugales, voilà que notre future ex rock-star décide de quitter Rome pour retourner un peu à la campagne pour se faire dorloter chez papa mamma (qu'il n'a pas vu depuis bien longtemps). Avec aussi la sorella, le fratello et la belle-sorella (sans oublier les bambini!).
Stefano va faire un peu son Théorème, et se mêler d'aider, souvent contre leur gré, chacun des  membres de la famille. Son frère, qui a repris et laissé péricliter l'usine de cerises paternelle, et dont le couple bat sérieusement de l'aile, sa soeur qui est folle de dauphins et qu'il croit lesbienne, son père qui joue au golf, inconscient du désastre imminent, sa mère qui s'est entichée d'un gourou transcendental  je ne sais quoi, ses neveux qui le trouvent zarbi, sans oublier quelques amis d'enfance et de jeunesse (dont l'un, très dépressif). Stefano voudrait faire le bonheur de chacun et de tous, mais c'est mission impossible.
C'est gentiment bordélique, filmé avec un bel entrain, avec de la musique de bel canto à fond les ballons et à contre-emploi plus rital tu meurs, les historiettes familiales se succèdent et/ou s'entrecroisent (c'est très agréablement tricoté), et c'est en général le personnage de Stefano qui fait le lien. Mais comme dans tout film familial/choral, il y a des hauts et des bas, des scènes puissantes et des trous d'air, des choses plus intéressantes que d'autres, chacun pouvant trouver son compte dans cette comédie finalement tout aussi grinçante et désabusée qu'elle pouvait de prime abord sembler guillerette et insouciante.
Dommage qu'à la fin le réalisateur semble changer d'avis tout à coup et laisse un peu tout en plan, genre "il vaut mieux que chacun se mêle de ses affaires", et expédie un peu la sortie de scène de Stefano, le laissant en l'air et nous le bec dans l'eau.

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15 juin 2008

"mon père a fleuri..."

YUMURTA
de Semih Kaplanoglu

J'aime le cinéma turc. Enfin, ce cinéma turc là.
Avec une scène d'ouverture qui me fait instantanément venir les larmes aux yeux tellement elle est belle : Plan fixe, petit matin, champs embrumés, s'approche de nous, depuis le fond du paysage, une vieille femme qui marche, fatiguée, jusqu'au niveau de la caméra,  puis continue, de dos, jusqu'à disparaître, point minuscule, dans le néant, de la même façon qu'elle venait d'en émerger.


Yusuf (un charmant barbu à l'air taciturne),  ex poète (pourquoi ex, après tout ? poète un jour, poète toujours, non ?), bouquiniste à Istanbul, revient dans son village natal après la mort de sa mère, qui est peut-être justement la vieille dame qui marchait dans la brume précédemment... (Il y a beaucoup de "peut-être" dans le film, puisque peu de choses y seront dites : à chaque spectateur de se faire sa petite idée et de recoller ce qui va avec quoi, d'autant plus que le héros dort (et rêve) beaucoup, dans les endroits les plus divers). Yusuf, donc, qui revient dans la maison de sa mère et y trouve Ayla (un jeune fille à la nuque émouvante et gracile), une demoiselle, lointainement de la famille, qui est venue aider sa mère. (Le film est  peu bavard, et c'est rien de le dire). Yusuf pensait rentrer à Istanbul dès le lendemain, mais non finalement il prolonge, un jour, puis deux, puis... (smiley angélique : mais qu'est-ce donc qui le retient ?) Il est question de sacrifier un bélier (voeu ante mortem que sa mère a souhaité qu'il réalise pour elle), ce qu'il refuse d'abord mais finira par accomplir, par l'entremise d'Ayla.

Ayla qui est courtisée par un jeune homme (électricien de son état, -ceci a son importance-) , lui aussi noir de poil et mal rasé de charmante façon (je soupire) , qui serait peut-être plus de son âge, mais qu'elle met un peu sur des charbons ardents dans une situation d'attente, d'observateur, et donc de jalousie. Ayla et Yusuf. Ils se regardent en silence, ces deux-là... Juste les yeux qui parlent. Pourtant, le sacrifice accompli, il repartira (elle dira juste "au revoir" en sortant de sa voiture tandis qu'il lui sourit à demi, se tortillant, embarrassé, sans esquisser le moindre geste dans sa direction). Mais, après une nuit bizarrement passée dehors, avec un bizarre gros chien et de bizarres sentiments, Yusuf, finalement
(tss tss je ne vais pas tout vous raconter tout de même)

Un film très beau, (très triste ? non, non), articulé en somptueux plans-séquences, qui savent prendre leur temps, étirer leur propre présent, où
ce que l'on ne dit pas, (ou ce que l'on ne parvient pas à dire, ou ce qu'on ne soupçonne même pas d'avoir envie de dire) est bien plus important que les maigres mots qui font la conversation "en surface" et le quotidien. A l'image de la toute dernière scène, d'autant plus forte qu'elle est simplissime, où, si le  seul dialogue est ce " du fromage ?" / "non merci", et un duo de remuage de petites cuillères dans les verres la seule musique, ce qui s'y passe, ce qui s'y joue est autrement plus important, et n'est pas verbalisé parce qu'il n'y en a pas besoin.

Un film aussi simple qu'intelligent. Semih Kapanoglu fait cinéma de tout, le quotidien, les rencontres, le paysage, un bout de rue, un coin de cuisine, du vrai cinéma, du grand cinéma. Pas de musique (les deux génériques de début et de fin sont constituées de bruits, juste à chaque fois une petite histoire sonore à décrypter), une caméra discrète (peu de mouvements d'appareil, sauf si la scène s'y prête -cf la danse au mariage-) des cadrages simples, rigoureux,  des acteurs en osmose, d'une justesse (je dirais même exactitude) confondante, et, toujours, ce sentiment que se qui se passe en réalité est bien plus important que ce qui est montré, que ce qui affleure. Et une façon inimitable, justement,  d'insérer dans le récit les  rêves de Yusuf, de banaliser la matière des songes en la lissant dans la trame du quotidien, du réel. Et j''aime énormément ce personnage qui s'endort, qui s'allonge, qui tombe, dans les endroits les plus variés.

Si le réalisateur, lors d'une interview, évoque Bresson, Antonioni et les frères Dardenne dans ses références/influences, il n'en construit pas moins son cinéma à lui, autonome, authentique, et a su, justement, s'en démarquer pour créer son univers personnel (même si c'est vrai que l'ombre amicale de Nuri Bilge Ceylan plane un peu par ici) Bresson ? mais avec moins d'austérité. Antonioni ? mais avec moins de drame. Dardenne ? mais avec moins de revendication sociale. Surtout ne croyez pas que le cinéma de Kapanoglu n'est qu'un cinéma du moins. Bien au contraire. Plus de tendresse, plus de temps, plus de non-dits, plus de finesse. Et si le désespoir y est tenu à l'arière-plan, c'est avec une extrême élégance.

Bonne nouvelle : Yumurta (l'oeuf) est le premier volet d'une trilogie autour du personnage de Yusuf ; les deux films suivants seront Süt (le lait) et Bal (le miel).

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J'ai mis l'affiche originale, avec les arbres au fond qui "font penser à la cathédrale de Milan" (dixit Zabetta)

 

 

 

 

 

 

14 juin 2008

du vent (dans les branches de sassafras ?)

PHENOMENES
de M. Night. Shyamalan

Oui, du vent! C'est ce qui restera je pense de ce film. Du vent, au sens propre, mais vous savez que c'est toujours  difficile de raconter les films de ce monsieur au nom impossible, parce qu'il y a toujours un coup de théâtre d'enfer de la mort de la race de sa mère, à la fin, et que si on le raconte, le plaisir du film est -justement- un peu éventé (on y revient), et alors les gens ont envie de vous arracher les yeux pour les avoir justement privés de ce plaisir, et c'est bien normal.
Ca commence plutôt très bien. Des gens dans un parc, (Central park, même!), le matin, et soudain voilà que tout s'arrête, ils s'immobilisent, quelques-uns marchent à reculons, puis commencent joyeusement à s'automutiler et à se suicider. A quelques pas de là, ça continue de la même façon... Pendant ce temps-là Mark Wahlberg, qui est prof de sciences (un peu comme si moi je me prétendais moniteur de saut à l'élastique, mais bon...) finit son cours sur la disparition des abeilles. Et la télé annonce que cette épidémie de suicides serait un attentat terroriste, et qu'il faut quitter New-York et partir se mettre un peu au vert. Son frère l'invite à partir en train pour la campagne. Sa femme, avec qui il vient de se disputer, vient quand même les rejoindre à la gare. Ils partent à quatre (le frère est venu avec sa fille mais sa femme, prise dans les embouteillages, les rejoindra plus tard.) Mais, pendant le voyage en train, l'inquiétude croît, et il apparaît que la contagion suicidaire se propage.Jusqu'à ce que le train soit arrêté en pleine cambrousse... Mon dieu mon dieu alors que faire ? Il s'agit d'essayer de comprendre et d'expliquer le phénomène, et surtout se trouver comment s'en sortir!
Bien entendu, ça va devenir de pire en pire, vous vous en doutez bien... Il y a des images fortes, généralement accompagnées d'un coup de musique soudain très forte elle-aussi, tsing! tsing!, pour bien vous faire sauter, il y a des scènes angoissantes, il y a de l'inventivité graphique dans les scènes de suicide (sans jamais tomber dans le gore), il y a une montée de l'inquiétude et de l'adrénaline plutôt bien orchestrée, il y a des portes qui grincent et des nuages qui bougent, il ya de la tension, il ya du stress... jusqu'à ce que, hélas, soudain tout retombe plaf! un peu platement et pathétiquement. Arghhh le coup de l'amour plus fort que tout, avec les yeux dans les yeux et les cheveux dans le vent, c'est un peu too much... Le film devient un peu hélas à l'image de la maison-modèle que les héros sont amenés à visiter : rien n'y manque, mais tout est faux. Très bien imité, comme du vrai, mais  en plastoche.
L'explication (ou la non-explication) des phénomènes, leur disparition, (et bien évidemment arghh je vais trop en dire attention ne lisez pas plus loin leur réapparition finale "à moins que ce ne soit qu'un avertissement..." avait suggéré finement, quelques instants avant, un des protagonistes) sont expédiées (c'est le mot) un peu paresseusement, faisant hélas nettement chuter la tension et l'intérêt que le film suscitait jusque-là. Le rebondissement ultime, cette fois, c'est qu'il n'y a pas vraiment de rebondissement ultime. (Vers un Phénomènes 2 ? Non, ce n'est pas je crois le genre du bonhomme. D'ailleurs, hein, je l'aime plutôt bien,  M.Night Machin...)

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