hémérocalles, cosmos et soucis
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MASTER GARDENER
de Paul Schrader
J'avais bien aimé son CARD COUNTER.
Je me suis laissé tenter par celui-là sur deux noms au générique : Joël Edgerton (que je tiens en haute estime depuis la toute première fois àù je l'ai vu à l'écran, dans MIDNIGHT SPECIAL, en 2016) et Sigourney Weaver (que j'ai eu énormément de plaisir à (re)voir). Elle , ici, c'est la patronne, et lui c'est son jardinier (en chef). Et ça rigole pas, elle mène son monde à la baguette, mais ça tourne bien, et ça jardine dur (j'ai bien aimé le jardinier commence le film en parlant des hémérocalles et des cosmos, qui sont deux fleurs que j'adore) et tout roule, donc. Quand un beau matin, en buvant le café sur sa terrasse, la boss demande à son employé une faveur : celle d'engager sa petite nièce (la fille de la fille de sa soeur) comme apprentie dans le bôô jardin. Et c'est bien sûr là que les ennuis vont commencer (ou plutôt que les choses vont changer). Dès que la jeune femme, Maya, débarque dans le jardin.
Le film commence excellemment, on en apprend vite un peu plus sur Narvel (le jardinier), puis sur sa relation avec Mrs Haverill (la patronne) et idem pour la jeune Maya. Personne n'est vraiment tout à fait ce qu'on a pu en penser au départ. Et c'est ça qui est bien...
On découvre le passé de Narvel, on rencontre son agent de probation,puis le "petit copain" de Maya, par qui la catastrophe va arriver, et le réalisateur construit amoureusement son film comme un jardin à l'anglaise, plante ses graines, les regarde pousser, plante après plante, bosquet après bosquet, nous laissant gamberger un certain temps à le regarder travailler avant de pouvoir en deviner (percevoir) le dessin général. Ca a l'air naturel, à la va-comme-j'te-pousse, mais tout ça est en réalité méticuleusement agencé. Impressionnant. On est chez Paul Schrader, tout de même, scénariste et réalisateur plutôt austère et moral(iste).
Ce qui est frappant (je l'ai constaté après coup), c'est que le film ne génère pas le moindre affect, la moindre empathie (je suis resté l'oeil sec comme un vieux crocodile empaillé), alors que pourtant tout ça se regarde avec grand plaisir.
Et c'est dommage que la fin soit tout de même un peu gnangnan, convenue, ronronnante, sans âme quasi (inexcusable presque). Du youp la boum chez Schrader ? On a du mal à y croire...
Et même de l'humour! J'ai adoré la réplique "Vous pouvez me tirer dessus, je le mérite... mais vous devez d'abord enlever le cran de sécurité, et en plus il n'est pas chargé..."