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lieux communs (et autres fadaises)
22 juillet 2023

cannelle / gingembre

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VERS UN AVENIR RADIEUX
de Nanni Moretti

Il y avait un peu de monde, à 18h, dans la salle 10 du bôô cinéma, ce 14 juillet, (et pas forcément les ADC habituels) et déjà ça mettait de bonne humeur. Et puis le film a commencé, et je n'en ai pas cru mes yeux : j'ai jubilé à chaqu seconde, parfaitement, jusqu'au bout. Quel bonheur! C'est que, après quelques films amers, délétères, en demi-teinte, ça faisait plaisir de retrouver "le" Nanni, "mon" Nanni! Pile-poil trente ans (enfin presque, je me crois déjà en 2024) après JOURNAL INTIME, qui m'avait déjà bien fait ronronner.
Et le distributeur (Le Pacte) a d'ailleurs eu l'idée judicieuse de reprendre (tous) les codes de l'affiche de JOURNAL INTIME pour réaliser l'affiche de celui-ci. Comme un énorme clin d'oeil (qu'il faut avoir un certain âge pour saisir)

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Etonnant, non ? En 94, Nanni partait en scooter, et voilà qu'il nous revient en trottinette en 23. Les temps ont changé, le réalisateur aussi (et nous donc!) mais pas tant que ça en fin de compte... Ou en tout cas il l'assume. Presque, il le revendique. C'est comme s'il nous faisait un clin d'oeil complice à travers la caméra. "Oui, je suis plus vieux, mais, hein, regardez-vous,je ne suis pas le seul...".
Le film parle de cinéma, d'amour (ou de dés-), et de communisme. (Comme d'habitude chez Moretti, hein...)
Mais il le fait à sa façon, à sa sauce. Un réalisateur, Giovanni, (Moretti) tourne un film "d'époque" à propos du communisme (l'invasion de la Hongrie en 1956, Staline, etc.) tandis que sa femme, pour la première fois, produit un film -plutôt violent- d'un jeune réalisateur (avec des capitaux coréens). Si Giovanni flotte un peu dans son film, il flotte aussi dans sa vie conjugale et parentale.
Et on passe du film au film dans le film, à l'autre film dans le film, d'une façon si virtuose et -lâchons le mot, pardon Téléramuche- ju-bi-la-toire-, qu'on en est tout tourneboulé, on perd ses repères narratifs, on lâche pied, on éclate de rire (j'ai vraiment beaucoup ri), on est attendri, exaspéré, bouleversé, surpris même parfois, bref, il n'y va pas de main morte et on adore ça... Le cinéma vu à la fois comme symptôme, comme maladie, comme prescription, comme remède et comme antidote. On ne peut pas mieux dire.
D'autant plus que le clin d'oeil narratif de Nanni continue tout au long du film, où il sème des petits cailloux blancs en référence à ses films précédents. Oui, on jubile. Et que je fais des longueurs dans la piscine (clic clic) et que je joue au foot tout seul (clic clic) sur du Joe Dassin... car les chansons et la musique ont toujours autant d'importance chez lui, et peut-être même encore plus dans celui-ci...
Il n'hésite pas à carrément nous mettre des scènes de comédie musicale, collectives, joyeuses, avec (c'est très fort) tout de même en filigrane un petit quelque chose de désenchanté, un zeste de "je ne suis pas dupe...".
Jusqu'à cette quasi-fellinienne procession finale en fanfare, en forme de rétrospective bonhomme (de l'oeuvre de Moretti). Qui participe aussi à ce sentiment de joie.
Et cette jubilation m'a d'autant plus surpris qu'elle était pour moi complètement inattendue.
Inespérée, oui.
(C'est, pour moi, incompréhensible que le film n'ait rien obtenu à Cannes. Injuste.)

Top 10!

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J'y suis retourné quelques jours après.
J'ai un tout petit peu modéré mon exaltation (ça vaut mieux), tout en y prenant toujours beaucoup beaucoup de plaisir (peut-être simplement n'avais-je plus le plaisir de la découverte, mais je gagnais celui de la redite...).
J'ai oublié de parler des apparitions récurrentes du couple gay qui m'ont ravi (ça il me semble que ce soit une grande première chez Moretti, qui a quand même d'ordinaire un cinéma très hétéronormé. Comme s'il nous disait "Oui, il y a bien eu des communisti en italie en 56, et même parmi eux des communisti gays!")
J'ai oublié de dire que j'avais trouvé une seule scène un peu longuette (mais c'est comme ça qu'elle fonctionne) celle où il intervient sur le tournage de l'autre réalisateur, et qui finit au petit matin avec les croissants, mais que là elle ne m'a plus semblé si longue que ça (le plaisir de la redite...)
et j'ai oublié aussi de dire tout le bien que je pensais de Margherita Buy que je trouve absolument parfaite (comme à chaque fois) de simplicité, de fluidité, de bon sens...
tandis que Moretti a un peu chargé son personnage à lui (question articulation, surtout, c'est presque un peu forcé)

Mais je maintiens sans hésitation le Top10!

Commentaires
C
il n'y a rien de plus ridicule (grotesque) qu'un adulte sur une trottinette (les enfants peuvent)
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B
Ah ah ah !<br /> <br /> Moi aussi !
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C
Oui, et il en va de même pour celui-ci, même si je déteste, en principe, les gens en trottinette...
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B
Comme nous l'avons aimé ce journal intime... et sa Vespa !
Répondre
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