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lieux communs (et autres fadaises)
31 décembre 2022

top 10, 20, 30... 2022

(par ordre alphabétique)
(les soulignés font partie du top10, les soulignés en rouge du top 3)

c'est parti!

ALLONS ENFANTS

4150877

ARIAFERMA

5854939

AUCUN OURS

4486885

AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT

4402785

CAHIERS NOIRS 1 & 2

5820652 2304738

DECISION TO LEAVE

5104708

EN CORPS

3063490

ENNIO

5303158

EO

2931463

ET J'AIME A LA FUREUR

0351764

FEU FOLLET

4870881

FLEE

0564743

HIT THE ROAD

4264575

I COMETE

1177911

JE TREMBLE Ô MATADOR

4234395

L'HISTOIRE DE MA FEMME

4602741

LA NUIT DU 12

5737649

LA REVANCHE DES CREVETTES PAILLETÉES

5121695

MEMORY BOX

0664176

NOUS

2492588

PACIFICTION

5203051

RESIDUE

0448410

TEMPS MORTS

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THE BATMAN

3125788

THE GREAT BUDDHA

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*

donc si je résume:

3 ex-aequo : AUCUN OURS / HIT THE ROAD
(ça ne risque pas d'arriver de sitôt, père et fils dans le même top ciné!)

2 : LA NUIT DU 12
1 : ARIAFERMA

(et voilà)

25 décembre 2022

micro199 (spécial noël)

"La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur." (Paul Auster)

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"Je suis un peu comme si un 38 tonnes m’était passé dessus" dit Patricia Mazuy dans le dernier numéro des Cahiers, à cause de Bowling Saturne qui n’a pas marché, ça fait vraiment de la peine…

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"Il y a deux façons de se tromper : L'une est de croire ce qui n'est pas, l'autre de refuser de croire ce qui est." (Sören Kierkegaard)

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"Beaucoup de très belles choses nous attendent, sans jamais s’impatienter de nous voir venir. " (Christian Bobin)

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(Curiosités Juridiques) Est condamnée à 2 ans de prison ferme celle qui tente de mettre le feu à son banquier car il refuse de lui donner sa prime de Noël qui pourtant n'est pas encore arrivée sur son compte en banque. (Tribunal de Marseille, 28 janvier 2020)

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"Je crois à mes obsessions personnelles, à la beauté de l’accident de voiture, à la paix des forêts englouties, à l’émoi des plages estivales désertes, à l’élégance des cimetières de voitures, aux mystères des parkings à étages, à la poésie des hôtels abandonnés." (J.G Ballard)

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"Chaque soir, une fois le bureau fini, une fois le restaurant fini, une fois les amis partis – revient la joie féroce, le rafraîchissement d’être seul. C’est l’unique vrai bonheur quotidien."  (Cesare Pavese, Le Métier de vivre)

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pour la température extérieure ce matin, mon ordinateur affiche crânement -9°, le thermostat de la chaudière  lui, plus réalistement -3°

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"Certains restent en vie seulement par timidité." (Henri Michaux)

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"Il ne sert à rien d'éprouver les plus beaux sentiments si l'on ne parvient pas à les communiquer." (Stefan Zweig)

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"La puissance même dont dispose l'homme moderne rend impérieuse l'exigence de vie intérieure." (Gustave Thibon, Les Hommes de l'éternel)

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"J’ai des rapports assez amicaux avec moi-même, je me supporte, mais je ne me passionne pas." (Françoise Sagan, Répliques)

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"Les deux allers-retours d'Emmanuel Macron au Qatar pour la Coupe du monde de football, pour assister à la demi-finale contre le Maroc et à la finale contre l'Argentine, ont coûté environ 501 000 euros au contribuable, soit 31 ans de smic. Ce chiffre est issu des calculs du Point, à partir des coûts par heure de vol fournis par la Cour des comptes et l'Élysée ainsi que des données de déplacement des deux avions présentiels impliqués, l'A330 et le Falcon 7X."Notre estimation de l'empreinte carbone des trajets présidentiels dédiés à la Coupe du monde s'élève pour sa part à 480 tonnes d'équivalent CO2, soit 53 ans de l'empreinte carbone moyenne d'un Français."

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"En mon cœur idiot, l'idiotie chante à gorge déployée." (Georges Bataille, Le Bleu du Ciel)

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"Moi, dont je ne sais rien, je sais que j’ai les yeux ouverts, à cause des larmes qui en coulent sans cesse." (Samuel Beckett, L’Innommable)

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"Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections." (Aristote)

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("J'ai vomi dans la cuisine.")

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23 décembre 2022

oh le kyky...

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c'est moi,
ou bien, en plus d'être très doué au foot,
il serait en plus très doté question membrure ?
(N'y a-t-il que moi que ça interpelle?)

22 décembre 2022

dans la forêt

239
COMA
de Bertrand Bonello

Quel plaisir d'avoir des nouvelles de B.B!
2016 : NOCTURAMA (2h10), 2019 : ZOMBI CHILD (1h43), et 2022 : COMA (1h20)
Ce qu'on pourrait considérer comme une trilogie sur l'adolescence (ce que sembleraient confirmer les sous-titres de la première partie), de plus en plus anxiogène(s) et de plus en plus court(s). Le splendide NOCTURAMA fonctionnait d'après une narration plus "normalisée" (quoique, quand on voit le film pour la première fois, on a un peu de mal à comprendre du premier coup ce qui se trame dans la première partie du film (l'"avant")).
Ce COMA est beaucoup plus expérimental, et nous emmène très ailleurs, dès la scène d'ouverture. On retrouve la jeune actrice qui tenait le rôle principal dans ZOMBI CHILD,(Louise Labeque), désormais recluse dans sa chambre (on comprend qu'on est dans un futur plus ou moins proche où les gens ne peuvent plus sortir de chez, températures terrifiantes obligent) .
La demoiselle suit une certaine Patricia Coma (jouée par l'excellente Julia Faure, dont on re-connaît le visage sans pouvoir dire où est-ce qu'on l'a déjà vue...), qui officie semble-t-il sur y*utube (ou un truc qui lui ressemble), y délivre des bulletins météo affolants, vend des objets (un certain Révélateur dont il sera beaucoup question), et pose des questions, ou expose des situations, mystérieuses.
L'adolescente (qui est la seule du film à ne pas être nommée) fait des voyages (immobiles, sans quitter sa chambre) dans une forêt mystérieuse (très sombre et plutôt flippante), dialogue avec ses copines via zo*m, tandis que la narration est régulièrement entrecoupée par des extraits de sitcoms jouées par des poupées genre Barbie (et Ken), doublés par des acteurs et actrices connus (j'avais reconnu les garçons, mais aucune des filles), des soap-operas nunuches soulignés -ou pas- par des rires enregistrés. (J'ai pensé au scène "des lapins" dans le dernier David Lynch)
Oui, c'est très expérimental, désorientant, déstabilisant, mais on se laisse entraîner par la main dans la fameuse forêt qui fait peur, et il y a même des moments où on sursaute parce qu'on n'avait pas du tout prévu ce qui se passe (et d'autres où on se cache les yeux parce qu'on ne veut pas voir ce qui va se passer (mais qui heureusement restera hors-champ). Un film sur les adolecent(e)s, la place qu'elles occupent et les dangers qu'elles courent...
Bertrand Bonello s'adresse à se fille, nous explique, au début, qu'il lui a dédié NOCTURAMA, mais qu'elle ne l'a certainement pas vu, et s'adresse à nouveau à elle à la fin, de la même façon (des sous-titres silencieux sur des images absconses) pour évoquer une futur aussi noir et désespéré qu'inéluctable.
Glaçant.
Comme d'habitude Bonello s'est occupé de la musique (idoine) et on a même le plaisir de re-voir (après le film d'Honoré) Andrea Lazslo de Simone (qui est très dans l'air du temps) et un morceau du clip de son Immensita...

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21 décembre 2022

tuer un enfant

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BONS BAISERS DE BRUGES
de Martin Mc Donagh

Revu sur MUBI, avant de voir prochainement son nouveau LES BANSHIES D'INISHERIN, qui sort en toute fin d'année (et dont on dit le plus grand bien).
C'est toujours aussi bien.
Lire tout le bien que j'en avais pensé en -déjà!- 2008

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Capture d’écran (2711)

Capture d’écran (2710)

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Bon c'est vrai que Colin Farrell y est un peu pour quelque chose mais pas que.
J'avais gardé le souvenir d'une comédie, mais c'est finalement plutôt mélancolique... (toute la deuxième partie, et la fin aussi)
Si vous ne l'avez pas vu et que vous avez envie de, je peux vous l'offrir ( + 1 semaine gratuite) via MUBI. Qu'on se le fucking dise!

20 décembre 2022

boîte à bébé

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LES BONNES ÉTOILES
d'Hirokazu Kore-Eda

Voilà encore un réalisateur  qu'on aime depuis des lustres (MABOROSI, 1995, AFTER LIFE 1998, furent, en leur temps, de véritables éblouissements), qu'on continue à suivre amicalement, même si sa production, régulière, festivalière ou non, est moins souvent juchée sur les cîmes de notre admiration béate (STILL WALKING, 2009, I WISH, 2O12) elle continue de nous intéresser, de nous toucher, de nous faire sourire, bref, c'est un cinéma qui fonctionne. Un réalisateur qui fait partie de nos habitués, partie de la famille, et c'est, justement la famille qui est le point central de sa filmographie...
Ici, il s'est délocalisé pour aller tourner en Corée (sans que ça change vraiment grand chose fondamentalement à son cinéma).
Cette fois il est question d'un bébé, et d'une boîte à bébé, devant laquelle puis à l'intérieur de laquelle il a été posé. et récupéré par deux hommes, le genre de bras cassé (pied nickelé) qu'on retrouve souvent chez le réalisateur... Les deux zigotos veulent revendre le bébé en question (qu'on va voir passer de main en main, plutôt placidement, pendant tout le film), sont rejoints par la mère du bébé en question (j'ai un peu piqué du nez à ce moment-là, donc je ne sais pas comment ça s'est fait...) Un trio donc, qui trimballe ce bébé, afin de lui trouver un couple d'aquéreurs. Ils ne le savent pas mais ils sont suivis par une fliquette du genre tenace et sa collègue, et vont progressivement se retrouver flanqués d'autres personnages, qui vont re-composer avec eux ce genre de famille déglinguée / recomposée / chère à Kore-Eda, ici tout particulièrement attachante, vi chacun de ses membres.
Le plus drôle, c'est que (mais ce n'était pas du tout un sommeil hostile) j'ai régulièrement piqué du nez, de ci, de là, mais sans vraiment perdre le fil de l'histoire (et en me disant que je retournerais le voir début janvier quand nous le passerons dans le beau cinéma...
Tel que, un très bon Kore-Eda, j'attends de l'avoir vu dans son intégrale intégralité pour moduler mon appréciation...

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19 décembre 2022

siffler empêche de pleurer

238
ARIAFERMA
de Leonardo di Costanzo

Le revoilà (après sa découverte en avant-première dans notre SETTIMANA ITALIANA) en programmation "normale" (traduisez "six séances", d'autant plus complquées à voir que sur le tableau récapitulatif des séances à l'entrée du bôô cinéma, il n'y a pas d'ARIAFERMA, mais, à la place, un DALL'INTERNO...)
Je ne sais pas ce qui passe avec ce film, mais c'est comme si j'en étais amoureux... Déjà à la SETTIMANA, je suis venu aux trois séances, et là, simplement de revoir la bande-annonce j'avais déjà les yeux qui me picotaient. Alors j'y suis retourné.
J'aime ARIAFERMA (qui tombe à point, après SAINT OMER) parce que c'est "un film d'hommes", soit l'exact contraire du précité. Des hommes dans une prison, une vieille prison moche, des hommes en petit comité, ensemble, face à face, des détenus et des gardiens. A la tête des gardiens Toni Servillo, et à la tête des détenus, Silvio Orlando, deux superstars du cinéma italien, dont l'affrontement va se passer à fleurets mouchetés, simplement, en douce. Le gardien-chef reste de marbre, rigoureusment dans ses fonctions, tandis que "Don" (le parrain de la petite troupe des prisonniers) la joue mezzo voce, avec un apparent respect (et la même humilité) envers celui qui représente la loi et l'autorité dans ce microcosme mâle où d'ordinaire ça monte vite en pression.
Il y a entre, les deux, (c'est peut-être aussi pour ça que j'aime tant ce film) un jeune détenu, Fantaccini, qui a (re)fait une grosse connerie malgré son visage d'angelot, et revient donc à la prison (où les gardiens semblent le (re)connaître, et notamment le gardien-chef, Gargiulo (Servillo) dans l'attente de son jugement, et qui, étant le plus jeune, devient un genre de mascotte au sein de cette troupe virile et bur(i)née.
J'aime ARIAFERMA pour sa scénographie (tous les détenus ont été ramenés dans une aire circulaire (celle des nouveaux détenus), où vont, "théâtralement", se passer beaucoup de scènes importantes (notamment celle, extraordinaire, du repas, qui incarne, pour moi, ce qui pourrait se rapprocher le plus, au cinéma, du mot "fraternité"), il y a cette aire centrale, "l'agora", avec les cellules distribuées tout autour, et des portes verrouillées, derrière lesquelles des couloirs conduisent on ne sait pas toujours où (dans le film on passe beaucoup de temps à ouvrir, puis refermer, les portes à clé.
J'aime ARIAFERMA pour son sens du détail, concernant la majorité des personnages, leur donnant un peu d'épaisseur supplémentaire par un petit truc qui les caractérise (beaucoup d'acteurs sont non-professionnels, parmi les prisonniers et parmi les détenus), qui l'humanise (cette brute de Bertoni, par exemple, quand il fait semblant d'avaler son cacheton, ou qu'on le voit coudre à la main une genre de poupée de chiffon).
J'aime ARIAFERMA pour le personnage de Fantaccini, qui illustre de façon peut-être la plus forte la dualité de ces personnges, qui sont là parce qu'ils ont commis des crimes (dont, dans la majorité, on ne connaîtra pas la teneur), mais qui ont l'air, comme ça, en majorité "gentils", comme Fantaccini, qui apparaît comme une crème d'homme, alors qu'il a pratiquement tué un vieillard pour lui voler son portefeuille.
J'aime ARIAFERMA pour sa musique, aussi (les chants du début et de la fin, les séquences de percussions, et le magnifique Clapping Music de Steve Reich sur la scène de rangement après le repas, de "retour à la normale", qui culmmine avec cette montée en puissance sur un espace vide et désormais silencieux (et éclairé).
J'aime ARIAFERMA pour toute ses scènes en extérieur, que ce soient les plans sur la prison où les paysages environnants, resituant ainsi ses (petits) personnages dans un contexte géographique précis et démesuré.
J'aime ARIAFERMA parce que j'ai avec ce film un rapport secret (et inexpliqué) qui fait qu'à la quatrième vision j'ai toujours autant les larmes aux yeux (mais des "bonnes larmes", des larmes de joie, pas des larmes de tristesse, au contraire) et qu'il prend sa place sur l'étagère de mes "films de chevet", à côté de FIRST COW, entré l'année dernière (et qui était aussi, tiens, une histoire d'hommes...)

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18 décembre 2022

la mer la nuit

234
SAINT OMER
d'Alice Diop

Voici un film qui m'a laissé perplexe (ainsi que d'autres spectatrices, puisque j'étais le seul garçon parmi la dizaine que nous étions), avec tout un tas de questions en suspens, à la fois sur ce que le film racontait et sur l'effet qu'il me produisait (avec un certain étonnement à propos du fait qu'il représente la France aux Oscars, tellement il me semble être un film intime...). J'ai tranché, en sortant, que c'était un "film de filles", centré sur le rapport mère/fille (sur la maternité aussi) et donc c'est pourquoi j'en suis resté relativement à distance...
Alice Diop je ne la connaissais que grâce à un film, le beau NOUS qu'on a programmé dans le cadre du festival  Diversité (et qui figure d'ailleurs dans mon Top de l'année).
Il est question d'une jeune femme... (de plusieurs jeunes femmes, de plusieurs femmes tout court) une jeune écrivaine, qu'on rencontre au début du film en famille, puis qui part assister au procès d'une femme femme jugée pour avoir tué sa fille (en l'abandonnant sur la plage la nuit à marée montante), et on va alors assister à un gros bout de procès, non-stop (une juge, une avocate de la défense, seuls l'avocat général et les gendarmes sont des hommes), où elle va faire la connaissance de la mère de la prévenue. La prévenue en question est une jeune femme visiblement cultivée, peu bavarde, qui est incapable d'expliquer pourquoi elle a accompli ce crime, à part l'expliquer par la sorcellerie et le maraboutage...
L'audience est levée, on suit la jeune fille dans son hôtel, puis re-procès, et ainsi de suite. Sauf que, bizarrement, tout à coup, après la (superbe) plaidoirie de l'avocate de la défense, face caméra, les yeux dans les yeux, voilà que la réalisatrice laisse tout ça en plan et se désintéresse de l'issue dudit procès, pour se centrer juste sur la jeune écrivaine, qui est, elle-aussi, enceinte.
J'ai repensé au slogan de TROIS FEMMES de Robert Altman ("Une femme devient deux, deux femmes deviennent trois, trois femmes deviennent une.") sans être certain qu'il s'applique vraiment ici, mais bon  il y a un rapport...
Un film qui je qualifierais de poseur, parfois. Parfois aussi c'est magnifique. Mais je suis resté trop à distance.

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17 décembre 2022

azeri

232
AUCUN OURS
de Jafar Panahi

Je voue à cette homme une grande admiration, et j'étais donc là à la première séance dans le bôô cinéma.
Et j'ai été une nouvelle fois sidéré par l'intelligence de ce réalisateur, et la puissance de son "cinéma / non cinéma", la preuve au bout de quelques minutes à peine j'avais déjà les larmes aux yeux, et à la fin du film je les avais encore. Il y a chez moi ce symptome "physique" du fait que je suis particulièrement bouleversé par un film, ce sentiment de bonheur cinéphilique intense qui s'exprime par le fait que j'ai la sensation d'avoir le souffle coupé tellement je trouve ça fort (je pourrais nommer ça l'apnée admirative).
le Jafar Panahi du film a quitté Téhéran et s'est installé dans un village près de la frontière, où il loue chez l'habitant une sympathique piaule aimablement biscornue (la porte-fenêtre est tellement de traviole que ça en devient attendrissant). Il tourne aussi (à distance, les critiques m'ont appris que c'était en Turquie, moi je m'étonnais juste que toutes les femmes soient "en cheveux"), par ordinateur et réseaux de communication, un film sur deux amoureux qui veulent quitter Téhéran (?) (il vient de lui trouver un faux passeport, mais elle ne veut pas partir seule sans lui), mais comme le réseau laisse à désirer et que les communications sont souvent coupées, jafar P. s'occupe, et prend aussi beaucoup de photos, partout dans ce village où il réside (où il est "invité"). Et c'est justement une des ces photos qui va déclencher un esclandre villageois (on y est très attaché aux traditions ancestrales, mêmes si elles peuvent sembler complètement stupides, comme celle qui consiste à promettre une fillette à un époux au moment où on coupe son cordon ombilical...), dans un effet boule de neige plutôt plaisant. Le film alterne des séquences du film tourné par Panahi à distance et de ce qu'il est en train de vivre dans le village, (qui est un autre film), qui est censé être la "réalité",  et les deux histoires se télescopent, et interfèrent,  de façon de plus en plus intime et vertigineuse.
Il y a des moments particulièrement beaux, comme la longue séquence nocturne où le réalisateur lui apporte en main propre le disque dur externe contenant les rushes, et où ils vont tous les deux se rapprocher très dangereusement de la frontière, mais l'ensemble du film est de la même étoffe (comme dirait Shakespeare "celle dont les songes son faits"), et on ne peut pas s'empêcher de penser à l'ami Kiarostami, notamment pour tout ce qui concerne la chronique villageoise et le scandale à propos de "la" photo.
C'est remarquable comme les Iraniens (enfin, ceux du film) sont, a priori, aimables et souriants et polis lorsqu'ils sont en visite chez quelqu'un (ou lorsqu'ils reçoivent quelqu'un) : on salue, on se déchausse, on invite à entrer, à s'asseoir, on offre un thé, juste au moment où on ne donne pas à leur requête la réponse qu'ils attendaient et qu'ils se lèvent brusquement en refusant de boire le thé comme des goujats...
En apparence il n'est question que de cinéma et de photographie (et de traditions), mais Jafar Panahi est suffisamment rompu à l'exercice (et, par la force des choses,  coutumier du fait) qu'il sait magnifiquement en dire bien plus que juste ce qu'il montre. Le film a été tourné à la sauvette, sans aucune autorisation, avant les événements (la révolte) qui secouent le pays, mais aussi avant que Jafar Panahi ne soit incarcéré lui aussi, pour être venu témoigner en faveur de deux autres cinéastes qui l'étaient déjà, Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad.
Il a été condamné à 6 ans d'emprisonnement...

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16 décembre 2022

cette vieille baderne de charles p.

233
NOS FRANGINS
de Rachid Bouchareb

Je l'ai vu juste après AUCUN OURS, et ça a sans doute un peu joué en sa défaveur... Rachid Bouchareb évoque deux faits divers quasiment concomittants : la mort de Malik Oussekine, tabassé à mort par des CRS et celle de Abdel Benyahia abattu par un flic saoul et pas en service avec son arme de service. Le nom du premier est resté dans la mémoire collective, tandis que l'autre est resté dans l'ombre.
Le film démarre la nuit de la mort des deux jeunes hommes, et se poursuit sur les quelques jours qui les ont suivies, avec d'un côté les familles respectives, et de l'autre la police, les polices plutôt, avec un personnage d'inspecteur de l'IGS (totalement inventé pour les besoins du film) mais qui aide à comprendre le fonctionnement des services en question (et la saloperie de certains supérieurs et autres hommes de l'ombre).
Le film mélange images d'actualité de l'époque (journaux télévisés, interventions d'hommes politiques, -ah Pasqua / Pandraud les célèbres duettistes...- et récit reconstitué, et l'ensemble produit un curieux effet, de reconstitution un peu appliquée (les maquillages des comédiens notamment) et à la fois un peu brouillonne.
Voilà. Si j'applaudis la volonté de faire un film pour évoquer ces deux histoires, je n'en ai toutefois pas été entièrement convaincu par le résultat final.

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