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lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2008

tu sais traire ?

L'APPRENTI
de Samuel Collardey

En avant-première régionale (le film sort en franche-comté une semaine avant le reste du monde) et en présence du réalisateur et de deux acteurs, dans une salle (pleine quasiment!) du bôô cinéma. On avait déjà reçu le monsieur pour son court-métrage Du soleil en hiver (qu'on avait, par ici mais pas seulement, beaucoup apprécié) et voilà qu'il nous revient (le preuve qu'il a de la suite dans les idées) avec son premier long-métrage, distingué par le prix de la semaine de la critique à Venise (pour une première participation, on pourrait rêver pire), qui raconte la même histoire : les relations entre un jeune en formation (à tous les sens du terme) et son maître de stage, un paysan du Haut-Doubs.
Un film entier (comme on dirait fromage au lait entier, pour filer la métaphore laitière), mais plutôt rayon "au lait cru" que "pasteurisé". On est là, une nouvelle fois, à faire le grand écart (hihi j'avais écrit grand écran) entre le documentaire et la fiction : les acteurs jouent tous leur propre rôle, portent leur vrai prénom, habitent leur vraie maison, le tournage suit chronologiquement l'année de stage en alternance de Mathieu, (de septembre à juin), chaque scène est saisie dans une prise unique, mais est-ce bien pour autant du vrai réel pris sur le vif ? Samuel Collardey explique qu'il n'a jamais voulu voler aucune image, au contraire, il en revendique le statut cinématographique : débarquant avec sa grosse caméra, ses projos et tutti quanti, il apportait à chaque fois à ses acteurs une situation qu'il leur proposait de jouer (ou rejouer) en impro, en fonction de ce qui avait été filmé la fois précédente. Et il laissait la caméra tourner jusqu'au bout. En reconnaissant que ce mode de tournage n'aboutissait pas toujours à une "bonne" scène, et acceptant sa responsabilité dans ce choix ("ce n'était pas le bon moment", "ce n'était pas une situation adaptée", etc.)
Et tout ça donne un sacré film. Qui a fait jubiler des critiques qui ont situé le réalisateur comme un rejeton du couple Pialat/Depardon (huhu l'idée du couple me fait sourire). A mon sens, s'il a bien l'acuité documentaire et le sens du cadrage d'un Depardon, Collardey a surtout de Pialat  la rigueur du constat social, l'observation méticuleuse et en gros plan des relations humaines, sans en avoir (heureusement) conservé l'âpreté (l'amertume ? le nihilisme ?).
Des engueulades, il y en a, et des prises de bec et des remontages de bretelles, mais il y a surtout le reste (la vie) : l'apprentissage du métier (rentrer les vaches, ça n'est pas si facile que ça en a l'air), la vie à l'internat, les soirées avec les potes (à aligner les  bières et à parler cul et teubs), les premiers émois amoureux (car c'est  bien d'apprentissages(s) qu'il est question), du chat internet au premier baiser,  certaines  retrouvailles et certaines confessions (prononcées ou écoutées), sans oublier de sacrées parties de rigolade.
Le film est complètement dans l'instant, dans la captation immédiate (d'une situation, d'un paysage -ah ces panoramiques noyés de brume...-, d'un échange, ou même d'un silence) plutôt que dans l'élaboration d'une intrigue, et jamais cette succession de scènes parfois montées très cut n'apparaît comme une juxtaposition gratuite (artificielle) de vignettes folkloriques. Bien au contraire. Car au fil de ces instants (derrière chacun d'eux ?) on sent que quelque chose se crée, s'élabore, se met en place, que ce soit au niveau de "l'architecture interne" de Mathieu ou des interactions entre lui et Paul. Sans que rien ne doit vraiment précisé, défini. (Pourtant Collardey avait au départ écrit un scénario, qu'il a dès le début du tournage complètement abandonné), ce que d'aucuns lui ont d'ailleurs reproché, et dont il est d'ailleurs conscient, ayant regretté lors de la discussion d'avoir peut-être été trop timide avec la fiction. La question la plus cruciale étant "Mathieu aura-t-il son BEP ?", autant dire que le spectateur n'est pas vraiment  torturé par le suspense ou  l'attente du dénouement. Le plaisir est ailleurs.
Pourtant, à bien écouter le réalisateur, ce qui se joue sur l'écran n'est pas tout à fait du vrai vrai, puisqu'il  reconnaît avoir suggéré (provoqué, induit) les éléments-clés de certaines scènes (les remontrances de la femme de Paul en épluchant les pommes, l'apprentissage de la chanson à la guitare, le chant dans l'étable, etc.) Là où Claire Simon faisait du faux à partir du vrai (en faisant rejouer par des actrices des entretiens qui avaient vraiment eu lieu), Samuel Collardey adopterait peut-être le dispositif inverse : faire du vrai à partir du (peut-être un peu) faux ?  Mais tout ça reste théorique, et on s'en fiche, au fond, parce que tout ça est simplement passionnant.
Malgré ses maladresses, malgré les faiblesses que certains lui reprochent, on ne peut que se réjouir, se dire que les bonnes fées du 7ème art se sont penchées sur le berceau de ce nouveau venu (hmm si c'est pas du lieu commun et du cliché, ça...) Allez, Samuel, au boulot!

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29 novembre 2008

pour vomir ce week-end

Trouvé chez Swâmi P le lien vers cette émétique (mais hélas de plus en plus fréquente et banalisée) histoire.

28 novembre 2008

installation

MUSEE HAUT, MUSEE BAS
de Jean-Michel Ribes

Nous étions quelques-uns hier soir, dans la salle 3 du bôôô cinéma, à avoir envie de nous changer les idées, envie d'une bonne rigolade pour lutter contre le novembresque et cinglant spleen. Mais, une fois de plus, il fut prouvé que c'est 'achement plus dur de rire quand on est cinq dans la salle en question plutôt que quand on y est 350! Le rire est le propre de l'homme ? Plutôt celui des hommes (quoique, je me souviens pourtant d'avoir été le seul ou presque à m'esclaffer à la projection  de Two days in Paris, par exemple, et de m'être dit que peut-être les autres n'osaient pas, parce qu'ils n'étaient pas sûrs que c'était une comédie...)
Bref, ça n'a pas énormément rigolé. Mais on a souri. On était peu, certes, mais le film y est tout de même pour quelque chose. Ca commence un peu bancalement, et ça se termine un peu idem (il est question de perspective) avec entre les deux scènes l'incroyable fourre-tout (pêle-mêle, déballage, entassement...) d'une succession de vignettes (historiettes, sketches, tableaux, appelez-ca comme vous voulez) en rapport plus ou moins avec l'art (on pourrait bien appeler ça des Lieux Communs, huhuhu), qu'on pourrait -pour le moins- qualifier d'hétéroclite. Plusieurs personnages ou groupes de personnages qu'on suivra ainsi de façon récurrente tout au long du film, (et du musée en question), avec des passages plus ou moins passionnants et / ou drôlatiques (ainsi, l'exposition de quéquettes est plutôt sympathique...).
Ainsi, tandis que je commençais à me ratatiner (me morigénant presque un peu de rester ainsi de glace ou quasi), est survenue la scène dite des "gardiens de mammouths" qui m'a agréablement titillé. Puis rebelote le ratatinage consternatoire jusqu'à la scène de la descente de croix, et ainsi de suite... C'est vraiment ça, jusqu'à la fin : musée haut, musée bas, un coup up et l'autre down un coup, je suis touché et un coup je ronchonne... Inégal, quoi.
Avec, en plus, une distribution quatre étoiles (là aussi avec des hauts et des bas, des choses bien et d'autres plus convenues...), et vraiment beaucoup d'idées (je me dis que j'aurais vraiment voulu voir ce que ça donnait sur une scène de théâtre...) plus ou moins heureusement exploitées (des fois ça fait whizzzz! et des fois ça fait pschhhhht..)
Mais, finalement, on n'a pas envie d'être (trop) méchant envers ce joyeux bordel : même si c'est (trop) parisien, même si c'est  (trop) bobo, même si c'est (trop) inégal, même si c'est ... (à vous de compléter!)
Veuillez rester groupés, s'il vous plaît, et n'oubliez pas le guide

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27 novembre 2008

le voilà!

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25 novembre 2008

frimas

Tout ça est ridicule, tout ça est lamentable, tout ça est grotesque, tout ça est à pleurer : le PS vire à la cour de récré, avec deux gamines en train de se tirer sur les nattes pour avoir la première place : pendant ce temps-là,ça évite d'avoir à penser à (et prendre position sur ) autre chose...
Par exemple tout ce mon ami JR recense (exhaustivement) ici (cette histoire de doigt me plaît beaucoup) ou ce qu'on peut entendre (merci Swâmi P.)
A part ça ? On entre dans l'hiver, (enfin, plutôt je, donc, en ce qui me concerne) et chaque jour vient ajouter différents sujets d'inquiétude, ou de mécontentement, ou d'énervement, ou d'impuissance (ou tout à la fois...)

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(et on se sent tout seul peut-être mais peinard et on se sent floué par les années perduuuuues
alors, vraiment, avec le temps on n'aime plus...)

23 novembre 2008

manif

(a posteriori)

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(que reste-t-il de nos amours ?)

21 novembre 2008

ferrailleurs

CHOP SHOP
de Ramin Bahrani

Willet's point, le "triangle de fer", à New-York, un genre d'immense garage à ciel ouvert, plutôt de magasin général de pièces détachées où l'on vient faire réparer sa bagnole pour "moins cher" que dans un garage conventionné, à condition de ne pas être trop regardant sur l'origine desdites pièces détachées ... C'est là que vit et travaille le jeune Alejandro, hébergé par Rob, un de ces "garagistes", qui l'emploie également, à la fois comme rabatteur de clients et comme mécano d'occasion.
Alejandro est démerdard et volontaire. Au début du film, il sort vraiment de nulle part : pas de background, pas d'explications. Simplement il est là, il en veut, il avance... Dès qu'il aura trouvé cet hébergement, il en fera profiter Isamar, sa grande soeur, avec qui il va partager une mezzanine exigüe (mais comme dit Alejandro "il y a un lit, un frigo et même un micro-ondes!")
Encore un film dans cette nouvelle lignée celle du documentaire à peine scénarisé. C'est le décor-même qui a donné envie au réalisateur d'y tourner une histoire, tandis que les "garagistes" (et les autres personnages) tiennent leur vrai rôle et portent leur vrai prénom, et que le jeune héros, Alejandro, a effectivement bossé six mois dans cette joyeuse (?) zone mécanique pour se mettre dans la peau de son personnage...
Je n'ai pu dans le film m'empêcher de penser à Khamsa, vu récemment dans ce même bôô cinéma : un tout juste ado (pas tout à fait complètement extrait de l'enfance), décidé à s'en sortir à la force du poignet dans un monde adulte et brutal, sans concessions. Survivre et plus si affinités. Même vitesse, même force, même volonté chez les deux jeûnots, avec, pour chacun,  un genre de rêve lointain qui permet de tenir, d'aller de l'avant (pour Khamsa c'était devenir boulanger, pour Alejandro c'est acheter et retaper un van pourri pour y vendre les spécialistés culinaires de sa soeur)... Et, dans les deux cas, il est question de laissés-pour-compte, de ferraille, de précarité, de fric à amasser, et même de baskets neuves!
Le film est plein de cette même belle énergie, il suit sa ligne, jamais il ne s'auto-apitoie, jamais il ne larmoie. Et se permet même le luxe de nous planter là, cut, sec, au détour d'une scène qu'on pourrait presque pu trouver joliette et anodine dans n'importe quel autre film, mais qui permet, avec une extrême économie de mots et de sentiments, de  terminer le film comme il l'avait commencé...

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19 novembre 2008

yop la boum

Le problème, quand on est seul (qu'on soit célibataire, vieux garçon, gardien de phare, naufragé volontaire, anachorète, ermite, stylite...) ce n'est pas tant lorsque ça va va mal (là on se débrouille, on gère, on sait comment faire, on fait avec, on a l'habitude) c'est plutôt, au contraire, qaund ça va bien. Quand on ressent un bonheur et qu'on aimerait bien pouvoir le partager avec quelqu'un, parce que vraiment c'est trop délicieux, et que, c'est ballot, la spécificité d'être unique est précisément qu'il n'y a avec vous personne d'autre!
Ainsi, lundi, au courrier (vous allez le voir, j'ai des bonheurs simples -voire simplets-) le facteur m'a apporté "mon" livre de photos d'Inde que j'avais fait moi-même personnellement tout seul je, le 11 novembre (et dont je vous avais déjà touché un mot), et l'objet m'a vraiment fait plaisir. Comme un gamin avec son cadeau de Noël, j'étais tellement content que j'aurais bien couru le montrer à tout le voisinage. Mais voilà il faut être raisonnable. Alors je l'ai juste montré à mes deux collègues chéries chéries (qui sont un peu comme ma petite famille),qui m'ont dit des choses gentilles et j'ai juste un peu rosi...

18 novembre 2008

procès d'intention

C'EST DUR D'ETRE AIME PAR DES CONS
de Daniel Leconte

Le fameux "procès des caricatures de Charlie-Hebdo" vu de l'intérieur, jour après jour. C'est bien fait, rapide, nerveux, ça se regarde comme un vrai polar... C'est complexe et  protéiforme, la défense, l'accusation, les témoins, chacun apportant sa vision de l'événement, les musulmans, l'intégrisme, l'intolérance, les religions en général, et les politiques qui défilent (ce n'est forcément le meilleur moment!)... On n'est jamais trop sûr de bien comprendre tous les enjeux, d'un côté comme de l'autre, mais,  on se dit que c'est un document salutaire.

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"On est mal placés pour parler des acteurs puisque c'est nous. Mais on a trouvé le film génial, palpitant et on a envie que tout le monde se précipite pour le voir."

16 novembre 2008

essuie-glace(s)

LA FRONTIERE DE L'AUBE
de Philippe Garrel

Le noir et blanc est magnifique : grenu, graineux (?) comme j'aime, les noirs charbonnent à souhait, profonds tels des lacs de ténèbres, tandis que les blancs surexposent et quasiment crament la pellicule. Laura Smet est très bien (dans la première partie du moins). Autrement ? Ah lala, autrement... Je suis resté à la porte, sur le seuil, de l'autre côté du miroir. De glace. Louis Garrel, qui était pourtant si parfaitement idoine dans, disons, Les chansons d'amour, ici est à côté de la plaque (sensible). Il n'a pas la carrure, ni l'épaisseur, la densité. C'est un film à l'ancienne (non non je n'ai pas dit vieillot), comme un fantôme de film qui nous serait revenu des années 70, une mystérieuse émanation poétique exhalée par une faille du continuum espace-temps. L'amour, la mort, l'au-delà, tout ça aurait moins prêté à sourire sans la faiblesse de ces dialogues, hélas quelque peu plombants (il eut peut-être mieux valu, tant qu'à faire un film à l'ancienne, le garder complètement muet, avec juste des intertitres, tant ce qui est prononcé n'a que peu d'intérêt.) Si le début tient plutôt bien la route (la rencontre, le coup de foudre, bref la partie terre à terre, où on retrouve avec plaisir cette manière de filmer de Garrel au plus près des visages, de femmes surtout) , la suite (l'éther à terre ?) se ratatine et se délite hélas inexorablement. Dommage...

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