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PAUVRES CRÉATURES
de Yorgos Lanthimos
(ah) ça fait une semaine que j'ai vu le film et je n'ai pas encore écrit une ligne dessus (j'étais juste assez content d'avoir trouvé le titre du post, et je me suis arrêté là... (reposé sur mes lauriers)
Le film nous est tombé du ciel en tant que film A, moitié des sénces en VF et moitié en vo : je suis allé à la première séance en VO et j'y étais tout seul! Bon, je vais être honnête, je ne suis pas un inconditionnel du réalisateur : aucun de ses films ne m'a vraiment enthousiasmé (j'aurais peut-être une certaine indulgence envers THE LOBSTER, mais peut-être juste à cause de Colinchou Farrell), certains m'ont même au contraire franchement refroidi (MISE A MORT DU CERF SACRÉ, par exemple, le post est là). J'aurais tendance à ranger cet homme dans la catégorie des "réalisateurs méchants" (aux côtés de, par exemple, Michael Haneke)
Donc je me suis assis au dernier rang, là où on peut encore mieux étendre ses jambes, avec précautions, comme si j'avais peur de poser mes fesses sur un hérisson (j'exagère à peine : je ne savais pas du tout ce que j'allais voir, et, connaissant le bonhomme, forcément j'appréhendais un peu...).
Ca commence : il est question d'un savant genre Frankenstein (Willem Dafoe à qui on a fait, paradoxalement, la tête couturée du monstre du même nom), qui engage un jeune assistant pour s'occuper de la "créature" qu'il vient de fabriquer : une jeune suicidée de fraîche date, enceinte, morte par noyade, à qui il vient de greffer le cerveau de son bébé.
Baxter, Bella Baxter, (interprétée par la jeune Emma Stone que je n'étais pas sûr de connaître auparavant) qui revient donc à la vie et qui la réapprend. Mais rien de durassien là-dedans. Si au début on était plutôt du côté de Tim Burton (la naissance d'EDWARD AUX MAINS D'ARGENT, ce genre là) on va ensuite progressivement basculer vers la façon de voir ("désormais un peu injustement oubliée" dirait alors à son propos Téléramuche) de ce cher vieux Peter Greenaway (qui se souvient encore de Peter Greenaway, hein ?). Baroque à tous les étages, décors surchargés, costumes, accessoires, mise en page de l'image, composition, ne manquerait plus que la musqiue sautillante de ce cher Michael Nyman pour qu'on s'y croit (encore une fois j'exagère à peine...).
Bella, corps de femme et cervelle de bébé -je dis ça, je dis rien-, découvre son corps (et entend bien en profiter par tous les bouts), les autres, le désir, la fornication (gratuite ou tarifée), bref elle fait son éducation, voyageant de ci de là de par le vaste monde (de ci, de là, et le réalisateur a la gentillesse de nous préciser à chaque fois le point de chute comme titre de chapitre, dans cette typographie grêle et étirée dont je ne sais pas si je l'apprécie ou si elle m'agace...) Et donc on la suit, parfois de près (on a souvent carrément le nez dessus) et parfois de plus loin, comme le font tendrement son créateur et son mari putatif (le gentil assistant du bon docteur)...
Mais bon, tout seul dans ma grande salle, j'ai commencé par un peu piquer du nez (arghhh) puis j'ai suivi ça d'un peu loin, avec un certain plaisir, ne nous le cachons pas, mais pas non plus exagérément. Comme j'étais tout seul, je pouvais sortir mon téléphone sans vergogne pour voir l'heure qu'il était (mauvais signe).
j'ai trouvé Emma Stone (que je ne connaissais pas) tout à fait extraordinaire. L'ensemble m'a semblé (!) peut-être "un peu convenu" (ceci n'étant que pour rendre la monnaie de sa pièce à Claude W. qui avait ressenti cela à propos du Wenders, et par contre adoré celui-ci.) et trop long, sans doute. Conte noir, conte gothique, conte moral, certes, mais, au bout du conte...
Et voilà.