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lieux communs (et autres fadaises)
31 janvier 2018

festival téléramuche 2018

013
LE GRAND MÉCHANT RENARD
ET AUTRES CONTES
de Patrick Imbert et Benjamin Renner

C'était bien, pour commencer le Festival Téléramuche, d'aller justement voir le seul film que j'avais pas encore vu : un film d'animation "jeune public" que je ne serais pas forcément allé voir autrement (malgré un avis très enthousiaste de Marie). Eh bien j'avais tort (ou plutôt j'aurais eu tort) car ça m'a enthousiasmé : il y avait longtemps que je n'avais pas ri autant (et de si bon coeur) à un film. Tout m'y a enchanté : d'abord la présentation "théâtrale" des trois histoires qui composent le film, ensuite chacune des trois histoires (celle du bébé, celle du renard, et celle du Père Noël), chacun des personnages de chacune des histoires (le trio cochon/lapin/canard pour la première, le renard, la poule, les poussins, et le loup pour la deuxième, un peu tout le monde pour la dernière).J'aime la façon dont c'est fait, le graphisme, la musique, et surtout, surtout l'humour... Un grand moment bienfaisant (pour lequel je vous recommande de rester bien jusqu'à la toute fin du générique...). Du bonheur...

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014
LOGAN LUCKY
de Steven Soderbergh

...qui a été suivi par encore du bonheur puisque j'ai enchaïné avec ce film, que j'avais l'avantage de connaître (je l'avais vu sur mon ordi, mais il fallait que je le vois "en vrai" dans le bôô cinéma... Merci Téléramuche!). J'adore la construction, la façon dont sa démarre tout doux plan-plan (quasi mou-mou) et dont ça met les gaz progressivement. un peu comme un jeu vidéo, où on changerait plusieurs fois de niveau, et où ça serait à chaque fois encore plus réussi, encore plus emballant  que le niveau précédent... Plutôt comme une fusée qui largue successivement ses éléments. C'est intelligent, c'est drôle, c'est malin, et ça réussit même à vous surprendre! (rarement la fin d'un film m'aura autant enthousiasmé!)

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015
CERTAINES FEMMES
de Kelly Reichardt

En parlant de fin enthousiasmante, justement... J'y suis retourné. Et c'est toujours aussi bien. Aussi bien filmé, aussi bien raconté, aussi bien ressenti. J'aime ces trois histoires de femmes (avec un gros faible pour la troisième, qui me semble à chaque fois miraculeuse dans sa concision et ses non-dits parfaits. prace que l'amour c'est ça aussi. Et j'ai la larme à l'oeil, bien sûr, parce que j'aurais bien pu vivre des trucs semblables, même si je ne suis pas palefrenière...) Un regard extrêmement attentif  de la réalisatrice qui scrute une petite ville du Montana...

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016
AMERICA
de Claus Drexel
(en avant-première)

... comme le réalisateur scrute ici une petite ville de l'Arizona et ses habitants, interviewés "sur le vif" dans un dispositif qui rappelle le grinçant/glaçant Safari d'Ulrich Seidl (où des affreux jojos témoignaient face caméra de leur amour de la chasse, de leurs gros fusils et du plaisir qu'ils éprouvaient à tuer). L'Amérique dite "profonde" : flingues, route 66, whisky, rednecks, bikers, les démocrates vs les républicains, et l'ombre menaçante du vautour nommé Donald, attendu par la plupart comme le messie. Terrifiant. Claus Drexel insère entre ces témoignages des images très belles (cadrage, lumière, composition) d'une Amérique qu'on (re)connaît aussi par les photos et dans les films (sans gens, c'est encore mieux), de la même façon qu'il avait déjà magnifié ses rencontres avec des sans-abri dans la nuit glacée parisienne de Au bord du monde, mais de façon ici beaucoup moins forte.

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29 janvier 2018

que d'eau

(lumière de merde, sorry)

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26 janvier 2018

chantier

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WESTERN
de Valeska Grisebach

Un film d'hommes. Un vrai film d'hommes, les vrais. Testostéroné (tabac, sueur, muscles,  gnôle - bière aussi-, armes) sans conteste. Avec des gros engins de chantier, des 4x4 et des camions pourris, des pick-up boueux, des caïds, des aspirants caïds, des mafieux locaux, des joutes viriles, des combats de oui c'est moi qui ai la plus grosse, des couteaux à cran d'arrêt, des fusils.
Un film d'homme(s), oui, réalisé par une femme (Valeska Grisebach, réalisatrice de Sehnsucht, et co-produit par une autre femme (Maren Ade, la réalisatrice de Toni Erdman). Et on les en remercie toutes les deux. Tellement c'est bien vu.
Etude comparée de spécimens d'homo bourrinus germanicus (les visiteurs) et d'homo bourrinus bulgarus (les locaux), qui ne sont finalement pas si différents que ça, et qui vont s'affronter dans un match aux règles pourtant immémoriales (mais qu'on a du mal à énoncer précisément tant elles relèvent de l'implicite et du non-dit), dans une compétition virile dont on devine  les enjeux, mais dont on a du mal à comprendre les subtilités quand on n'y joue pas (un peu le principe du cricket -quoiqu'un peu chochotte en apparence, le cricket hinhin -, non plutôt un sport de combat bien éclatant (au sens propre), bien relou, genre total fighting, mais qui se jouerait par équipes).
Donc un groupe de travailleurs allemands débarque en Bulgarie pour un chantier (destiné à on ne sait pas trop quoi, il est question d'infra-structures), s'installe à l'écart du village dans son baraquement, et se confronte à la population locale, d'abord de loin en loin (phase d'observation) puis d'un peu plus près (phase de marquage de territoire) puis d'encore plus près (phase de reniflage), jusqu'à l'encore encore plus près (phase de contact -main serrée ou poing dans la gueule c'est selon-).
Le titre Western n'est pas fortuit, il est revendiqué par la réalisatrice (car je le redis ce film couillu est un film de femme), c'est la structure même du genre qui fait l'architecture du film (les lieux les personnages et les actions) : le village, le saloon, l'arrivée des étrangers, (il y a même un vrai cheval -blanc- qui est justement au centre de l'histoire), le poker, le whisky, les outlaws, les bagarres, le duel, le cow-boy solitaire, le sachem, les papooses... (je pourrais continuer la liste).
Se rajoute au récit un élément majeur : la barrière de la langue.
Les allemands parlent allemand et les bulgares bulgare (c'est logique) et si chacun communique -souvent frustement- avec ses congénères, il a beaucoup de mal à échanger avec ceux d'en face.  Le spectateur est ici en position de force, puisqu'il est le seul qui comprenne tout ce qui se dit de part et d'autre, les protagonistes n'en saisissant que la moitié, ou plutôt l'idée principale (même si souvent à contre-sens) (je n'ose pas imaginer qu'il puisse exister une copie en vf de ce film, qui perdait alors tout son sens), le seul ou presque puisqu'il y a tout de même un ou deux bulgares qui baragouinent l'allemand (tandis que,- étonnamment ? - ça ne fonctionne pas dans l'autre sens).
Et je trouve que c'est une idée superbe de décrire (d'écrire) par le détail toute cette (non-)communication. Ces tentatives de dialogues ou chacun essaie de comprendre l'autre, souvent en vain. Il y en a un qui fait plus d'efforts que les autres, parmi le groupe des maçons germains, pour communiquer avec les bulgares, c'est Meinhard (c'est lui le lonesome cowboy), un légionnaire pas très bavard, qui va pourtant réussir le premier à s'approcher des autochtones, et à s'en faire accepter.
La deuxième bonne idée, c'est la façon dont le film est tourné et monté. on assiste, à un moment, à la construction d'un mur de pierres sèches, et c'est exactement le sentiment que donne le film. Chaque plan est un bloc narratif autonome, avec sa taille et sa position propres, on le pose là parce qu'il doit aller là, et il n'y a pas de ciment pour les jointures, on passe de l'un à l'autre, comme ça, il y a des interstices, des vides, des manques, mais c'est comme ça. On n'a pas de moellons bien calibrés bien empilés bien cimentés. Pour un édifice bien d'équerre. Non, on a affaire à une construction instable, mettant en jeu des matériaux (humains) disparates, qui s'agencent tant bien que mal entre eux, un édifice narratif dont on assiste à la mise en place progressivement, sans savoir à l'avance quelle en sera l'apparence définitive.
De la même façon, beaucoup de scènes se déroulent sans qu'on soit vraiment sûrs de la façon dont elles vont finir (et, souvent on ne le saura pas), on est souvent inquiet, la tension monte souvent, on est rarement rassuré (même si, justement le pire -ce qu'on redoute- n'arrive jamais -ou presque-).
Un film fort. (Et encore une scène finale de danse collective qui m'émeut.)



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25 janvier 2018

what is boudin ?

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NORMANDIE NUE
de Philippe Le Guay

On l'avait pourtant en sortie nationale, mais l'enthousiasme initial (après le pitch et la bande-annonce) s'est un peu émoussé, puis progressivement ratatiné (surtout quand j'ai su, soyons honnête, qu'on n'en voyait pas le bout de la queue d'une, comme on dit -je veux parler bien entendu de QV-)
Et ce samedi après-midi de temps de merde, après Coco, je me suis laissé tenté (ce sont finalement Malou, le matin, puis Gigis, à midi qui m'ont téléphoniquement décidé). Malou avait plutôt bien aimé, et Gigis beaucoup au début mais pas du tout à la fin. Je suis d'accord avec les deux.
Les habitants de Mêle-sur-Sarthe, en majorité des paysans et des éleveurs sont au bord de l'asphyxie économique (comme la majorité des paysans français, d'ailleurs) et leurs révoltes (et leurs tentatives de faire parler d'eux) n'baoutissent pas. Jusqu'à ce qu'un célèbre photographe américain, qui photographie les gens à poil in situ ne passe fortuitement par chez eux et ne s'entiche photographiquement d'un pré, dans le quel il souhaite prendre en photo tous les habitant(e)s, à poil bien entendu. Dans le village, on est moyennement chaud, mais le maire (François Cluzet -un chouïa en roue libre -de tracteur bien entendu) va faire le forcing pour décider tout le monde. Le champ en question pose déjà problème, puisqu'il est disputé immémorialement entre deux familles dont les descendants (Philippe Rebbot, un chouïa en surjeu, et Patrick d'Assumçao, un poil en sous-jeu) continuent avec obstination de s'entre-détester, et le film continue en se subdivisant en plusieurs histoires (le couple de bobos parisiens venus retrouver la vraie vie à la campagne, le jeune imprimeur- coureur cycliste déçu revenu pour liquider le magasin de photographie de son père, le boucher qui ne veut pas que sa femme (qui fut Miss Calvados) pose pour "la" photo) qui accompagnent ou contrecarrent l'intrigue principale.
Et c'est vrai que ça fonctionne plutôt bien. Jusqu'au dernier quart d'heure du film, qui vire, il faut bien le reconnaître (spécialité du Perche oblige ?) en joyeuse eau de boudin. comme si le réalisateur (ou les scénaristes -ou les producteurs ?-) avai(en)t soudain décidé que, morosité de début 2018 oblige, il fallait absolument que tout se termine bien, Et allez-donc les gros sabots, on prend toutes les lignes, et on coche les cases "youp la boum, hop! ça finit bien" les unes après les autres. C'est dommage. Ca n'apporte rien au film, et ça met juste le spectateur mu (moi, donc) un peu mal à l'aise.
Mais on sort de la salle avec une pensée émue pour tous les acteurs, et, tout autant, pour la beauté des paysages du Perche auxuqels le cinéaste, visiblement, a été sensible...
Et une salve d'honneur pour Grégory Gadebois, qui dans le rôle du boucher sanguin et bourrin, livre -une fois de plus- une interprétation de haut-vol, et toute en demi-teinte, ce qui est encore plus fort (et, tiens, j'ai repensé justement au boucher -et à sa femme- des Habitants, d'Alex Van Warmerdam, que je vous engage énergiquement à voir -ou à revoir-.

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24 janvier 2018

ne m'oublie pas

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COCO
de Lee Unkrich & Adrian Molina

Samedi après-midi, 13h30, allez je me décide et j'y vais. c'est le dernier jour où je peux utiliser mon fameux ticket à 4,90€, et j'ai bien l'intention de ne pas le laisser perdre. Allons-y pour Coco, que je ne serais pas forcément allé voir "de mon plein gré", et entrons-donc dans une petite salle du bôô cinéma , emplie d'enfants et d'adultes les accompagnant...
C'est quand même un film Pixar, il a quand même été nommé meilleur film de l'année pour les lecteurs de Téléramuche, et, vers où que je me tourne, je n'en ai eu que des bons échos.
Direction Mexico, l'histoire d'un petit gamin qui rêve d'être musicien, dans une famille où la musique est farouchement interdite, à cause d'un arrière-grand père qui s'était enfui pour devenir un chanteur/musicien vedette, avait réussi et n'était jamais revenu, abandonnant sa femme et sa petite fille sans jamais donner aucune nouvelle.
Le jour de la Fête des Ancêtres (le seul jour de l'année où les fantômes des morts ont le droit de revenir voir les vivants, à condition que leur photo figure bien sur l'autel dédié à cet effet dans chacune des familles) va se mettre en place le noeud de l'intrigue qui va voir notre gamin transporté au royaume des morts, et avec l'obligation d'en revenir avant le petit matin, sous peine de se transformer lui-même en fantôme (je ne vous dis pas tout des pourquoi et des comment, vous verrez bien quand vous irez le voir, car vous allez aller le voir).
Le film est joyeux, malicieux, coloré, musical, tendre, bon enfant, on regarde ça comme un gamin, avec les yeux écarquillés et des petites lumières qui clignotent dedans (cling cling), mais au bout d'un moment, on se dit que quelque chose cloche, tout va trop bien et une lumière rouge s'allume dans un coin de notre tête : alerte rouge! Pourquoi? Ben tiens, il n'y a pas de méchant! (et pour qu'un film soit réussi, il faut que le méchant soit réussi...). Alors on se demande si tout va continuer à aller comme ça trop bien jusqu'à la fin, quand tout à coup, les scénaristes, malins, nous le déballent, le méchant, et on ne l'avait pas vraiment vu venir de ce côté-là (enfin, en ce qui me concerne...) Ah, quand même, caramba! (soupir de soulagement)
Les choses se compliquent donc un peu, heureusement, (on est dans un conte, c'est normal, il faut bien des épreuves) mais, re-heureusement, tout le monde va y mettre du sien, pour que tout finisse bien, bien sûr. en chansons, bien sûr (j'insiste, car c'est toujours ce que j'appréhende le plus chez les Disnuche...) mais on n'est pas chez Libéré Délivrée, et tout ça reste ici très supportable. Le méchant sera confondu, le gentil retrouvera la place qui lui avait été usurpée, le gamin pourra réaliser son rêve, la familia sera reunida, et on peut sortir, dignement , avec -si si- un peu les larmes aux yeux, quand même (ah les histoires de famille, de papas, de papys...)
Un film, effectivement, enthousiasmant (et, si le héros, le gamin, est très bien, j'aime beaucoup l'idée du compagnon imparfait (un peu raté) qui l'accompagne, je veux parler du clébard, -au début, à chaque fois on a le sentiment qu'il est mal dessiné ou que quelque chose ne va pas- qui est moche, maladroit, mal élevé, mais tellement tellement attachant (vive les moches et les maladroits!).
Et vive les grands-mères acariâtres, les squelettes rigolards, les mariachis roucoulants, les familles aimantes, les morts qu'on n'oublie pas !

"Ne m'oublie pas
c'est à regret que je pars
Ne m'oublie pas
Quand tu entendras une guitare !
Tu ne me vois pas pourtant je suis tout près de toi !
Quand je chante tu es dans mes bras !
Ne m'oublie pas !"

 

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Ils ont fait très fort aussi pour la campagne de pub, je trouve...

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le garçon et le chien raté

 

23 janvier 2018

autruches

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L'USINE DE RIEN
de Pedro Pinho

Diable, serais-je en train de tourner casaque, de retourner ma veste hispanique ? Après les trois films lusophones dans mon top 19 de l'année dernière, voici un nouveau film plus que séduisant qui nous arrive du même pays (on s'est mis à 5 pour lui souhaiter la bienvenue, dans la salle 3 du bôô cinéma... mais bon tant pis pour les autres on était là pour se faire plaisir, et ça a marché...). Encore un film long, dense, intense, sociétal, pluriel et personnel à la fois...

Comme une feignasse, tiens, je recopie la rubrique synopsis et détails de allocinoche (parce que ahem j'ai un peu somnolé au tout début) : "Une nuit, des travailleurs surprennent la  direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant."
j'ai toujours été un peu circonspect  a priori à l'égard de ces films d'usine, "militants", ouvriers, de ces belles utopies prolétariennes (au départ, en vrac, Camarades de Marin Karmitz -eh oui qui se souvient qu'il a été à ses débuts un cinéaste militant, "engagé", hein ?-, puis le groupe Medvedkine, plus tard sont venus les touchants Les Lip, l'imagination au pouvoir, de Christian Rouaud, Reprise d'Hervé Le Roux, ou plus récemment Comme des lions de Françoise Davisse) où les camarades ouvriers saisissent la main tendue par leurs camarades cinéastes et font une ronde joyeuse dans un monde idéal aussi beau que la poésie Si tous les gars du monde...), car les bons sentiments -légitimes- et les saines révoltes anti-capitalistes  ne font pas forcément les films forts et/ou réussis...

et voilà que j'apprends, encore sur allocinoche, que le film est un "faux documentaire" mais une vrai fiction, puisque 'je recopie encore comme une feignasse) "En fait la fiction à rejoint la réalité ! En cherchant le lieu du tournage, ils ont découvert l'usine OTIS Portugal qui a été en autogestion pendant 40 ans et qui a accepté que soit tourné le film dans leur usine. Une des forces de ce film est d'avoir un seul acteur professionnel José Smith Vargas (qui joue le rôle principal) et un réalisateur qui joue son propre rôle puisqu'il a fait des documentaires (notamment sur une usine en autogestion en Argentine) Danièle Incalcaterra. Il fait un peu le lien dans le film et en fait on a un film dans le film. Tous les autres acteurs ont été recrutés parmi des ouvriers !!!" (extrait d'une critique enthousiaste de spectateur qui donna ****).

Donc je récapitule : des vrais ouvriers jouent le rôle d'ouvriers en auto-gestion dans une usine qui fut une vraie usine où des ouvriers se mirent (passé simple, mais le présent ma fois pourrait convenir) en auto-gestion. Ils sont filmés par un réalisateur de documentaires qui veut faire un film sur eux. Ca a l'air compliqué comme ça, mais pas du tout. Ça se regarde comme une chronique, tranquille, linéaire et sinueuse à la fois, avec toutes les prises de paroles nécessaires dans ce genre de situation, les discussions, les votes à main levée, les engueulades, les révoltes, les réconciliations qu'implique  le Tous ensemble! (j'aime finalement beaucoup cette image d'ouvriers main dans la main...). Toutes les paroles, mais aussi toutes images, toutes les situations, toutes les propositions... (ah la scène de comédie musicale... maintenant dans un film il suffit que ça chante et que ça danse pour que j'aie les larmes aux yeux. Demy avait-il tout compris ?)

Et je suis embêté (un peu) parce que de ce film que j'ai vu somme toute il y a peu de temps (la semaine dernière, au moment où j'écris) ne me reste quasiment plus rien (si, une scène de comédie musicale, de film dans le film) et le sentiment de l'avoir beaucoup beaucoup aimé. A revoir, donc ?

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et j'aime beaucoup l'affiche

ps : en allant au cinéma, j'ai revu la bande-annonce de l'usine de rien, et pas mal de choses me sont revenues -plop!- : le personnage principal (le seul acteur professionnel si j'ai bien compris) a des rouflaquettes, il était important que ce soit dit, et surtout, surtout, est instantanément remonté à la surface l'énorme plaisir que j'ai pris à voir ce film.
Et le dvd, je l'achèterai.

22 janvier 2018

parachute

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BRILLANTISSIME
de Michèle Laroque

Mouais (en marmonnant, comme la marionnette d'Alain de Greef aux Guignols il y a longtemps)... envie de me changer les idées... ticket à 4,90 à utiliser rapidement... avant-première... capital sympathie M. Laroque (quelqu'un qui a le nom de mon village d'enfance ne peut pas être tout à fait mauvais) ... salle bien remplie... gens qui discutent (et continueront pendant le film)... et ça commence... et on sent dès le début que ça chtrochtrogne (comme dirait Muriel Robin)... une femme qui saute en parachute (la réalisatrice joue aussi le rôle principal et c'est elle qui saute) et commente en voix off, et la voix off continue à nous raconter l'histoire... grand flash-back pour expliquer comment elle en est arrivée là (comme le mec mort dans la piscine qui raconte l'histoire dans Sunset Boulevard), comme ça on peut se repérer et on saura, quand on sera revenu à cet scène, que la boucle est bouclée et le film est fini (bingo)!)... oui e ça démarre mou-mou et c'est moyennement drôle (au début, j'ai souri poliment)... une femme à qui tout un tas de tracas arrivent la veille de Noël... sa fille (sa vraie fille dans la vie), son mari (Pascal Elbé), sa meilleure copine (Rossy de Palma, étonnante en blonde), sa mère (Françoise Fabian, qui reprend le rôle de Marthe Villalonga -qu'on aperçoit d'ailleurs aussi dans le film- dans On ira tous au paradis d'Yves Robert) et son psy (Kad Merad, comme il est en haut du générique, avec Mimi, on sait que c'est dans ses bras qu'elle va finir), plus un marchand des quatre saisons (Gérard Darmon, plutôt pas mal)... et voilà ça se déroule... cahin-caha, boulevardi-boulevarda, ramolli-ramolla... (il m'a été rapportait qu'elle adaptait un de ses succès théâtraux, était-ce vraiment une bonne idée ?)... re-mouais... cette dame s'aime, visiblement, elle aime qu'on sache qu'elle s'aime, et qu'elle aime se filmer aussi... j'ai trouvé ça très auto-complaisant... mais bon dans la salle les gens avaient l'air de rire (du coup ça faisait du bien ils s'arrêtaient de discuter en eux)... je mentirais en disant que je ne l'ai pas fait (rire)... il y a quelques gags qui m'ont fait rire (Pierre Palmade dans la barque)... mais sinon que tout ça est convenu et raplapla et tiédasse... pour un moment réussi par ci par là que d'eau tiède et de mélasse (et même de scènes parfois quasiment... embarassantes : aïe le concert avec sa fille... aïe la scène du sex-shop...)... on est content qu'elle saute en parachute...

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21 janvier 2018

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LE BOUQUET
d'Henri Calet

Je viens passer une semaine en compagnie d'Adrien Gaydamour, le héros du roman (autobiographique) d'Henri Calet le bouquin n'est pas très gros (même pas 300 pages) mais je lis désormais peu à la fois (surtout le soir avant de m'endormir). Il m'a quasiment sauté dans les mains, ce bouquin, retrouvé en rangeant la bibliothèque de l'escalier (dont je ne suis pas peu fier, merci Gigis!), comme faisant appel à ma pitié, avec sa couverture un peu marquée, ses coins de bas de page cornés sur une cinquantaine de pages... Je l'ai pris sans trop y croire, et je ne l'ai plus lâché.
Me demandant au départ si je l'avais déjà lu ou non. L'auteur raconte sa captivité pendant la guerre (le livre a été écrit en 1942), sa vie de prisonnier avec ses potes de l'époque, en des chroniques  qui présentaient quelques similitudes avec les textes de captivité du très aimé de moi Georges Hyvernaud (à la différence qu'Hyvernaud était gradé, alors que notre narrateur n'est que simple troufion).
J'ai adoré ce bouquin. A cause de l'écriture de Calet, simple mais belle. Avec un accent de titi qui fleure bon la guinguette, le petit vin blanc, la casquette de Jean Gabin... Une écriture que d'aucun diraient fleurie (Calet appartint-il au mouvement des hussards littéraires ?) -il n'est pas fréquent de trouver le mot enculé , en toutes lettres, dans un livre écrit à cette époque-, une écriture riche aussi, avec régulièrement des mots sur lesquels je m'arrêtais, étaient-ce des néologismes pour l'époque (et donc des vieillologismes pour la nôtre ?), et de belles énumérations aussi (ce qui ne peut que m'émouvoir, j'adore les listes), que le réalisme, la lucidité (le désabusement ?) du narrateur venaient encore rehausser.
Calet/Gaydamour nous narre son arrestation, son emprisonnement dans un premier camp, puis un deuxième, calmement, précisément, simplement, en des chapitres en général assez courts, ce qui fait qu'on ne peut plus lâcher le bouquin (et j'étais énervé contre moi-même quand le soir en lisant je sentais mes yeux qui se fermaient et ne me permettaient même pas de lire jusqu'à la fin de la ligne...)
Humour, désenchantement, simplicité, sens du détail, richesse du lexique, naturalisme, font de bouquin une parfaite première lecture pour 2018 (et donnent envie de lire les autres bouquins de Calet, dont il me semble avoir quelques autres disséminés sur mes étagères... à suivre, donc.)

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"Il pleuvait. j'allais dans la ville, tout dépaysé dans ces rues étrangères. J'ai toujours eu du penchant pour les promenades solitaires, à Lyon ou autre part, sous la pluie, dans la froidure et surtout la nuit. Quand tout est contre moi. j'aime alors me faire pitié à moi-même. Et je me parle et je me plains. J'aime aussi aller dans un nuage de pensées confuses, comme cela, sans direction. J'ai repris mon soliloque interrompu, je le retrouvais au fond de mes poches. Je me sentais tout seul après ce grand tohu-bohu. Je reconnaissais ma misère à moi, celle d'avant. Là-bas, dans les camps, on perdait sa misère, on était pris dans la misère collective, on formait une motte de malheur, on languissait en gros, sans approfondir. Tandis que je redevenais un homme seul et travaillant le détail. Je portais ma disgrâce en breloque."
(Henri Calet, Le Bouquet, p290)

20 janvier 2018

masque de bébé

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HAPPY BIRTHDEAD
de Christopher Landon

Précisons que celui-là je ne l'ai pas vu en salle ( dans le bôô cinéma et ailleurs en vf c'est tout). La bande-annonce m'avait hameçonné, et l'occasion a fait le larron...
Le pitch est à la fois sympathique et fainéant : fainéant parce qu'il reprend Un jour sans fin (rappelez-vous, Bill Murray en gros con coincé ad vitam aeternam dans la même journée, avec Andy Mc Dowell, qu'il revit encore et encore jusqu'à ce qu'il soit assez gentil pour mériter de passer au jour suivant) et sympathique parce qu'il s'agit ici d'une étudiante qui revit sans fin le jour de son anniversaire, à la fin duquel elle se fait à chaque fois trucider par un mystérieux tueur masqué (Scream, donc, et toute la ribambelle de film avec des tueurs-masqués-qui-trucident-des-étudiant(e)s qui ont suivi).
Comme dans Un jour sans fin, on assiste au même fonctionnement (le premier jour  tel quel / le deuxième premier jour - impression de déjà vu- / le troisième même jour -abattement- / le quatrième -incrédulité- / le cinquième -rage- etc.) la jeune fille est mignonne, la façon de renouveler à chaque fois le dégommage de la donzelle en variant la technique (mais en gardant toujours le même personnage mystérieux au masque de bébé) est plaisante, la mise en scène est plutôt soignée (certaines scènes -la première mort, par exemple- sont même très bien fichues), l'humour fait bien le joint, et on passe donc plutôt un bon moment.
La demoiselle est condamnée à trouver qui est son assassin (et à l'empêcher de la tuer) si elle veut réussir à passer enfin au lendemain.
Dommage que l'intrigue se prenne un peu les pieds dans le tapis pour le dernier tiers (où, même en étant indulgent, les invraisemblances  et/ou les grosses fistrouilles pullulent) mais bon indulgent on le reste jusqu'au bout. Jusqu'au bout d'un (bien sûr) happy-end ricainement nunuchon, où le boyfriend s'étonne que la jouvencelle -bien sûr, ils ont réussi à passer au jour suivant mais il lui a quand même fait une farce pour lui faire croire qu'elle était encore restée au jour d'avant- ne connaisse pas Un jour sans fin, tu sais, le film avec Bill Murray...
Bref, c'est pas gore, c'est pas malsain, c'est de l'horreur... bon enfant, quoi.

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l'affiche américaine

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l'affiche française -notez le changement de titre-

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la gentille héroïne et lthe naughty killer

 

19 janvier 2018

west virginia

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LOGAN LUCKY
de Steven Soderbergh

Malou (qui avait vu le film bien avant moi) m'avait annoncé que j'allais me régaler.
Elle avait raison.
Sacré bonhomme, ce Soderbergh (dont je suis la carrière depuis son premier film, Sexe mensonges et vidéo -qui fut en son temps un sujet de discorde entre Pépin et moi : il n'avait sans doute pas tout à fait tort, et moi sans doute pas tout à fait raison...- une filmographie accidentée dont je n'ai pas vu quelques blockbusters chromés et rutilants (la série des Ocean quelque chose, notamment) et dont finalement , après vérification sur allocinoche, je n'ai pas vu tant de films  que ça, mais dont la liste  constitue un drôle de collier : Kafka, L'anglais, Traffic, Solaris, Bubble, The informant...
Celui-ci, pour être franc, c'est l'affiche qui m'a donné envie de le voir (mais comme il n'était passé qu'en vf -pouah- dans le bôô cinéma j'avais décidé de prendre mon mal en patience, et bien m'en a, justement, pris) et sans doute, surtout, Adam Driver... C'est l'histoire de deux frangins de la famille Logan, dont la rumeur locale dit que leur famille est affectée par une poisse récurrente, l'un est handicapé du bras et l'autre de la jambe, qui décident de monter un super casse le jour d'une super course automobile. Une célébration super ricaine où les dollars coulent à flot. Ils ont besoin des talents d'un perceur de coffre-fort (Daniel Craig, délicieusement peroxydé et multi-tatoué) et de ses deux frangins aussi, deux rednecks pur jus (pure bière plutôt). Ils mettent sur pied un plan absolument étourdissant, qui, bien évidemment ne se passera pas tout à fait comme prévu...
Ca démarre tout doucement, paisiblement (au début j'aurais  presque été tenté de regarder ma montre), tellement Soderbergh s'intéresse à ses personnages, et puis la mécanique s'enclenche, inexorablement, pour le spectateur autant que pour les personnages, ça monte en pression, ça accélère, ça fume, ça vrombit sur les chapeaux de roues, ça étincelle, ça explose, et on jubile, à chaque instant, de plus en plus. Pyrotechnie cinématographique.
Encore plus lors de la dernière partie du film, qui est un véritable bloc de bonheur filmique, et dont je ne dirai absolument rien, sinon que j'ai a-do-ré tout ça. Question bonheur (et scénario) on est à mi-chemin entre Comancheria (pour les deux frangins qui commettent des casses) et la plupart des films des frérots Coen (c'est dire si je me suis régalé). Inconditionnellement.
La revanche des ploucs, le triomphe des petits, ça m'enchante -forcément- toujours.
Steven Soderbergh avait annoncé qu'il arrêtait le cinéma, avant de réaliser finalement ce bijou. On ne peut donc que lui souhaiter  de s'arrêter une nouvelle fois...
Et si je l'avais vu "dans les temps", c'est sûr que je l'aurais mis dans mon top10 de l'année.
A revoir au Festival Téléramuche, profitez-en!

271632

Et j'avoue à ma grande honte avoir découvert avec stupéfaction que Channing Tatum n'était pas, comme je le croyais, la petite fille qui avait joué dans E.T (c'est Drew Barrymore, j'ai vérifié, j'ai dû faire l'amalgame avec Tatum O Neal...) mais que c'est un mec, un beau gaillard, un beau héros ricain, massif et taiseux, qui non seulement joue un des rôles principaux dans le film (le frère de Adam Driver) mais l'a aussi produit!

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