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lieux communs (et autres fadaises)
31 octobre 2015

tout pour pleurer

YA BALAD
de Bachar Mar-Khalifé

bachar mar

(la pochette, déjà, m'émeut)

Oui, tout est parfaitement en place ici pour.(pleurer)
Troisième album de Bachar Mar-Khalifé. C'est Emma qui m'avait fait découvrir son deuxième (Who’s Gonna Get the Ball from Behind the Wall of the Garden Today?) qu'elle avait découvert d'ailleurs je ne sais pas trop comment.
Album qui m'avait tellement plu (et qui ne ressemble tellement à rien qu'on puisse "facilement" étiqueter) que j'avais illico été acheter sur le ouaibe son premier, Oil Slick.
Et voilà qu'on nous annonce il y a peu la sortie du 3ème, Ya balad, que j'ai donc décidé d'acheter aussi. Ce ne fut pas chose facile puisque, (bien que l'ayant vu en vente sur amaz*n), j'ai voulu l'acheter chez le petit commerçant local à Besançon, qui bien sur ne l'avait pas en rayon et me proposait de le commander (moyennant une semaine minimum de délai), et je l'ai donc commandé mais chez moi le soir-même et c'était le bazar sur  amaz*n qui mélangeait la version cd et la version vinyle (je me suis trompé d'ailleurs et j'aid'abord commandé celle-ci, avant d'annuler la commande et d'aller finalement à la fn*c, où le port était gratuit, la version digitale offerte, sauf que le disque était en précommande, ne devant sortir que le 22 (alors qu'à Besançon le vendeur m'avait affirmé qu'il était sorti le 16) et donc que la version téléchargeable ne serait disponible que prochainement...

Tout est arrangé ce matin, j'ai pu télécharger la version digitale (que j'écoute en ce moment). Et je pleure comme je m'y attendais. Mais pas à tout. Je suis beaucoup réceptif aux morceaux  plus calmes,  plus "intimes", avec le piano et juste la voix (le plus souvent en arabe mais même une fois en français, Dors mon gâs, une berceuse de Théodore Botrel, le dernier morceau du disque, à faire dresser les poils tellement on le sent près de nous) : Ya balad, Madonna, Kyrie Eleison, que ceux qui sont plus rythmés, plus enlevés, plus... jazzy ? (arghh).

Bref c'est un monsieur infiniment aimable.
Même si l'album me semble moins immédiatement séduisant au premier abord que ne me l'avait paru son précédent (peut-être aussi parce que le choc de la découverte ne joue plus aussi fort : Bacharounet, on le connaît déjà un peu, on sait donc déjà un peu à quoi s'attendre...) mais les frissons qu'il procure sont d'un tel niveau qu'on ne va tout de même pas lui reprocher que ça ne fonctionne pas à tous les coups, hein...)

30 octobre 2015

rêves

Je lis en ce moment avec délectation des récits de rêves de Philippe Jaccottet, dans La semaison III.
J'ai pris ce livre parce qu'il était rangé dans le rayon NRF de la bibliothèque dans l'escalier, parce que j'y cherchais un autre NRF, Comptine des Height, de Jean Lahougue, que j'étais sûr d'avoir acheté (et d'avoir lu) il y a longtemps, mais que je n'ai pas trouvé (je le cherchais parce que, en faisaint une recherche sur la liste des différents Prix Médicis, je venais de lire qu'il avait refusé en 1980 le celui qu'on lui avait décerné). Je n'ai pas retrouvé ce roman sur le rayon, dommage, mais je suis tombé sur les deux livres de Jaccottet côte à côte, La semaison, et Les Carnets 95-98 (La Semaison III).

La semaison m'est particulièrement cher puisqu'il s'agit de son exemplaire à lui propre que mon ami Philou m'a offert, pour mes cinquante ans me semble-t-il. Et j'avais du trouver les Carnets sur un site marchand du ouaibe, je les y avais donc achetés, mais, allez savoir pourquoi (sans doute ce réflexe d'écureuil à l'approche de l'hiver qui entasse qui entasse, je l'avais juste rangé sur l'étagère juste à côté de son grand-frère (j'ai rangé tous mes nrf ensemble) en me disant que je le lirais plus tard. Quand la bise serait venue.)

Et voilà donc que je l'ai pris, un peu par hasard, et ouvert un peu par hasard aussi (j'aime beaucoup les livres de fragments, les carnets les journaux je l'ai déjà dit). Là ce sont  des textes plus ou moins courts, rangés par année et par mois, comme un éphéméride d'écriture. P. Jaccottet y écrit relativement peu (vu le nombre d'années que cela représente), sur la nature -le paysage, les fleurs (il est pour le moment souvent question de liserons)-, sur d'autres écrivains et/ou poètes, et surtout il raconte des rêves.

Et ça me passionne, les gens qui racontent leurs rêves (j'en avais d'ailleurs commencé une collection). Le premier (le plus beau ?) fut La boutique obscure, de Georges Perec. J'en ai relativement peu, dans ma collection, mais ce qui m'a plu ici, et particulièrement frappé, c'est que j'y ai trouvé des similitudes avec les miens propres. Des thèmes qui reviennent : le sentiment d'égarement (être perdu dans un espace changeant), la mise en place de lieux démesurés, la crainte par rapport à l'hostilité réelle ou supposée (chez Jaccottet ce sont surtout des jeunes gens qui sont objets d'appréhension, chez moi c'est en général quelqu'un de plus âgé).

29 octobre 2015

ruggers

(australie-argentine)

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(photos prises à la télé au fil du match, puis retravaillées sur picasa : recadrées, puis effet "boost" puis effet "n&b filtré")

28 octobre 2015

oppressions

Une journée de prévisionnement à Gray sous le signe de l'opression (au singulier et au pluriel aussi:

 

LE BOUTON DE NACRE
de Patricio Guzman
Un doc argentin, que j'avais déjà vu à Paris en projection de presse (merci Pyramide!), pour démarrer. Un doc "plus", avec une mise en forme chiadée (comme l'était déjà Nostalgie de la lumière) où une belle et simple voix-off chilienne (celle du réalisateur) nous guide au fil de l'eau (on part d'une roche contenant une goutte d'eau fossilisée), de l'importance de l'eau dans l'histoire et la géographie de son pays, le Chili, puis nous évoque le triste destin des Patagons (ses premiers habitants, victimes de la colonisation, dont il ne reste plus qu'une poignée) pour terminer, à partir d'un bouton retrouvé au fond de l'eau,  sur d'autres victimes celles (les disparus) de l'ère Pinochet (et des méthodes employées par les militaires -scrupuleusement assistés par des civils- pour exterminer des gens et faire disparaître les traces de leurs crimes.) et on revient à l'eau, et le cercle est refermé. Un documentaire très (bien) construit malgré ses allures initiales de marabout-de-ficelle, soigné, poétique, pédagogique sans être pompeux, poignant, bref hautement recommandable.

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LE FILS DE SAUL
de Laszlo Nemes
Un homme, employé dans les SonderKommandos, est soudain mis en présence du cadavre d'un enfant, auquel il décide de donner une sépulture décente, en suivant les rites funéraires juifs. Nous sommes à Auschwitz, en 1944. A l'intérieur du camp. La caméra se focalise sur cet homme et ne le lâche plus, comme pour laisser le spectateur s'y raccrocher avec obstination, tandis que l'horreur environnante est tenue le plus possible hors-champ, et nous parvient surtout par le biais de la bande-son, totalement et insupportablement immersive. Le film a obtenu le Grand Prix à Cannes, et n'y a laissé personne indifférent (il a provoqué ici-même, ce jour, beaucoup de discussions et d'interrogations). Je suis très mal à l'aise pour écrire quand il est question de la Shoah, des nazis et des camps de concentration. Parce que c'est un sujet qui me terrifie, parce qu'il s'agit d'un univers tellement effroyable, indicible, que la question de sa représentabilité fait sens, comme l'avait évoqué Claude Lanzmann (qui a par contre tout à fait légitimé le réalisateur Laszlo Nemes, à ce même festival de Cannes).
Ce personnage, Saul Auslander, qui est le seul du film à être dénommé, on le suit dans cette recherche insensée d'un rabbin pour pouvoir enterrer son fils. Une idée fixe qui le pousse successivement dans plusieurs lieux du camp (avec toujours cette violence inimaginable dans les oreilles) des lieux et des actes, des fonctions, les vestiaires des chambres à gaz, le pelletage des cendres des fours, les massacres dans les fosses communes (ce que j'écris là me semblecomplètement obscène) à la tentative d'évasion des Sonderkommandos (qui a réellement eu lieu). Le personnage -l'acteur- semble s'être complètement refermé en lui-même, comme pour tenter de s'abstraire  de cette épouvante en descendant à l'intérieur de soi. Le fils de Saul est l'histoire d'un personnage précis (de fiction) dans un contexte historique connu. Effroyablement connu. Un univers monstrueux, inimaginablement. Le choix d'en faire le décor de cette histoire (de sa représentation) peut-il alors être discuté ?
(J'ai beaucoup de mal à en parler, je m'y suis déjà repris à plusieurs fois, et je me rends compte que je redis les mêmes choses où presque.) Un film violent, c'est sûr, dérangeant, malaisé (que Claude Lanzmann définit comme l'anti-Liste de Schindler), un film viscéral mais un film justifiable (nécessaire), même si je n'ai pas les mots pour.

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THE LOBSTER
de Yorgos Lanthimos

Dernier film de la journée (celui-là personne ne l'avait vu.). On n'en connaissait que la double affiche, le pitch intriguant, la réputation du réalisateur, et on espérait pouvoir décompresser un peu. Colin Farrell, John C. Reilly, il y avait en plus au générique quelques noms connus et suscitant l'appétence.
Comme Dominique a eu l'a gentillesse de me le préciser à la fin, il s'agit d'une dystopie, et qu'il s'agissait d'ailleurs du genre le plus utilisé dans les film dont les ados en ce moment raffolent (films dont je ne connais, bien sûr, absolument rien.) un univers, donc, pas tout à fait comme le notre, où le pouvoir en place a édicté des règles différentes. Ici, il s'agit de célibataires qui arrivent dans un hôtel, et qui ont 45 jours pour y trouver l'âme soeur, sous peine d'être transformé(s), à l'issue de cette date-butwar, en un animal (celui qu'ils ont choisi, quand même). Colinchou a choisi le homard. Les clients de l'hôtel ont aussi l'obligation d'aller chaque jour dans les bois à la chasse aux célibataires (un célibataire abattu = un jour de rab'). La première partie du film (celle qui se passe à l'hôtel) est vraiment très... plaisante (ce n'est peut-être pas le terme le plus adapté). Ensuite il advient que Colinchou s'enfuit dans les bois et entre en résistance (sous les ordres de Léa Seydoux, qui est une assez méchante chéfesse) et ça devient moins passionnant. Que ce soit à l'hôtel ou dans les bois, cette société est régie par les mêmes règles impitoyables et absurdes. On rit un peu, puis on grince des dents, et on rit nettement moins. On est aussi fasciné par cet univers maboul que par Colinchou, qui n'a joué jamais si humblement, si en-deça (magnifiquement, bien sûr, et le premier plan ou presque que lui consacre le réalisateur -quand il est filmé en plongée, assis, et que le punctum où l'oeil du spectateur est attiré n'est autre que le renflement de sa braguette- confirme l'émotion qu'il semble (ou qu'il est capable d') avoir suscité.)

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26 octobre 2015

miroir

La photo était dans le Libé de ce ouikinde (mais que je n'ai lu que ce matin).
Elle illustrait l'annonce d'une expo-photo conjointe avec la sortie d'un bouquin intitulés "MES FRERES" d'Hervé Lassïnce.
Celle de Libé était beaucoup plus sombre, du coup, je la remets, comme je viens de la (re)trouver :

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C'est pas tous les jours qu'on a droit à deux QV dans Libé!

C'est pas tous les jours qu'on a droit à deux QV dans Libérande

22 octobre 2015

zanzibar

BELLES FAMILLES
de Jean-Paul Rappeneau

Marine Vacht est toujours aussi jeune et jolie que lorsqu'on l'avait découverte dans le film de François Ozon, et dès qu'on la voit, elle a beau être en couple avec Gilles Lellouche (jamais aussi bien, lui, qu'avec une petite barbounette de 2 3 jours), on se doute bien d'où elle va finir : dans les bras de Mathieu Amalric, hein, on n'est pas né de la dernière pluie, comme on s'est douté qu'il y avait un truc important caché dans le tiroir du bureau, et une entourloupe d'héritage à propos de la maison, et que la demoiselle chinoise elle allait tomber folle amoureuse du pianiste chinois...
On est fort quand même hein.

Deuxième "séance orange spéciale retraités mardi 13h45" avec Marie (on était un peu plus dans la salle que la semaine dernière...). Un film de Jean-Paul Rappeneau, tout de même... (qui n'avait rien réalisé depuis onze ans, et dont je n'avais rien vu en salle depuis Cyrano en 1990 - en avant-première au Grand Vox, et on avait quitté la salle assez rapidement me souviens-je parce que c'était en vers-) mais celui-là j'en avais plutôt envie...

Pas vraiment pour Amalric, qui a un peu tendance à m'agacer, de tout réussir comme ça tout ce qu'il entreprend et de jouer avec les plus grands, non, juste sans doute la curiosité... mais du plaisir de voir apparaître assez rapidement Nicole Garcia (que j'adore), Gilles Lellouche (que j'ai beaucoup aimé), la petite Vacht déjà évoquée plus haut, Guillaume de Tonquédec (que j'aime modérément , peut-être juste à cause de son nom), et André Dussolier qui passe par là, et Karin Viard qui débarque à son tour, du beau monde tout de même, hein.

Le sentiment de voir se mettre en place un système d'horlogerie extrêmement bien conçu, un mécanisme scénaristique bien huilé, une machinerie imparable de CQF (comédie de qualité française) où il est question de famille (comme le titre l'indique), d'amour, de gros sous, d'héritage, de maison à vendre, de notaire corrompu, de magouilles immobilières et politiques, tout ça emballé dans un récit qui va de l'avant à marche forcée, au rythme imparable (les gens y bougent beaucoup, tout le temps, avec des moyens de locomotion variés, de la marche à pied à l'avion), tout le récit s'acheminant rectilignement à la façon du Transperceneige vers une scène de concert  globale, auquel (le concert) tous les protagonistes assistent, complexe (et quasi théâtrale), où tout sera résolu ou presque au terme d'allées et venues (et d'entrées et sorties, et de cours et de jardins) multiples et incessantes.

Juste avant un plus-que-happy-end qui ne s'imposait pas et fait exploser le taux de filmoglycémie, lequel était déjà pas mal élevé, en partie à cause du glacage de mille-feuilles de la musique un peu trop omniprésente. (et insistante). On sort pourtant de là assez réjoui. On n'a pas du tout pataugé pendant deux heures dans le lisier de la grosse comédie franchouillarde basse de plafond quiéclabousse. On a les chaussures propres, et, si on avait une chemise blanche elle serait sans tache. Et si formatage il y a, c'est du haut de gamme, de la berline familiale certes, spacieuse et confortable, mais chromée avec des pare-chocs rutilants.

Encore une histoire de famille (à des années-lumière cinématographiques des Secrets des autres, par exemple) mais qui réussit à (me) toucher, notamment dans le rapport au père (j'ai toujours la larme prête à être à l'oeil dès qu'il y a un personnage de père mort à qui on n'a pas réussi à dire ce qu'on avait à lui dire). On peut toujours regretter que les personnages féminins en soient trop (arché)typés (tiens c'est grammaticalement curieux que "personnages féminins" soit au masculin, non ?) : Marine Vacht un poil trop exhibée, Nicole Garcia un rien trop maternée, Karin Viard un peu trop bobonnée, tandis que les mâles en sont un peu uniformisés, tous logés à la même enseigne (pas forcément très reluisante, d'ailleurs) convoiteurs désirants magouilleurs malhonnêtes et menteurs (pas un pour racheter l'autre hihi).

Oui ce sentiment pas si courant que ce sont vraiment des personnages de film. Ne sont juste que. Existant comme les héros de BD juste le temps l'espace de leur case (ni avant ni après), (des cases bien dessinées, bien coloriées) et que tac tac tac les cases succédant aux cases on arrive -cadence oblige- sans encembre et sans déplaisir à la fin de l'histoire. C'est joli, c'est bien fait, c'est agréable mais un peu vide (un peu vain). Irréprochablement irréprochable, quoi.

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20 octobre 2015

micro150

*

 (j'ai) désherbé grâce à l'eau de cuisson des artichauts

*

chaleur(s) dans la cave :
"Vous voyez, cette quéquette-là ? Il faut qu'elle soit en l'air..."
(le chauffagiste, m'indiquant un bitonio au-dessus de la cuve à fuel)

*

(pub) pourquoi Johnny Depp va-t-il au milieu du désert
pour creuser un trou et y enterrer ses bijoux ?

*

je pensais avoir de la fièvre, mais j'ai cru que c'était
parce que j'avais ouvert le chauffage dans la voiture
(mais j'avais quand même de la fièvre)

*

 (esprit de l'escalier)
J'ai souvent l'avant-dernier mot.

*

(automobilistes au rond-point)
cette norme implicite (et exaspérante) du
"j'en ai une plus grosse alors je passe avant toi"

*

(autostoppeur) tendre le pouce avec conviction,
mais sans arrogance

*

 un aperçu de l'enfer :
être condamné à remonter éternellement la rue de Vesoul
entre 18h30 et 19h comme je le fis
ce mercredi-là.

*

 rapprochement entre les prix du gazole et de l'essence
étalé sur 5 ans : 1 cent par an!
(hâte-toi lentement)

*

 je bois du vin de framboises
dont l'étiquette stipule
qu'il fut fabriqué en 96...

*

 étrange la façon dont quelqu'un peut perdurer
juste à travers une vieille paire de chaussettes

*

je relis des vieux Libé d'avant 90
(les "Libé des gens morts")

*

Vu les autres numéros que j'ai gardés, j'ai dû avoir peur de la guerre

*

"On ne pensait pas qu'on deviendrait si vieux..."
(Catherine P., hier)

*

19 octobre 2015

quelques (autres) secrets des autres

*

quelques images de plus...

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(voilà qui aurait fait une belle affiche...)

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(voilà, on a tous les personnages principaux, juste il en manque un...)

*

Le film est tiré du roman de Leah Hager Cohen The grief of others (dont rien n'a encore été traduit en français) qu'on aurait donc bien envie de lire...

*

Pour ceux qui l'auraient manqué dans le bôô cinéma, il sera projeté au Kursaal à Besançon les 17 nov, 20 nov, et 23 nov prochains (et le 23, vous pourrez voir également In the family, le premier film du réalisateur.

*

 

 

 

19 octobre 2015

vitamines prénatales

LES SECRETS DES AUTRES
de Patrick Wang

On l'avait programmé cette semaine (en même temps que Much Loved, joli duo), il ne passera que trois fois, c'était ce soir la première, à 18h15, et j'avais tout particulièrement envie de le revoir.
On y était six (tant pis pour les autres), et, à la sortie de la salle, on est resté trois à en parler. Visiblement le courant était passé pendant la projection (et j'ai même eu droit à des compliments au nom de l'association de la part d'un monsieur de Luxeuil pour la qualité de notre programmation et de la chance qu'il avait de pouvoir en bénéficier -j'en ai rosi intérieurement-).

Ce qui m'avait touché à la première vision m'a bouleversé cette fois-ci. Peut-être juste parce que c'est une histoire de famille (et que peut-être, finalement, je réalise que ça me manque, "quelque part"...). Une famille filmée avec une incroyable délicatesse, une extrême sûreté de trait, et une puissance formelle camouflée sous une apparente simplicité, facilité.
Une oeuvre d'art.
J'étais très attentif au découpage des scènes, à la façon dont les plans s'agençaient (et pensant "découpage" j'ai eu alors en tête d'abord les ribambelles de silhouettes, puis ces dentelles merveilleuses qu'on arrive  parfois à réaliser sur des papiers pliés -les effets conjugués de la symétrie et de ciseaux minutieux- et qu'on est toujours étonné de voir apparaître, lorsqu'on les déplie -soigneusement, pour ne pas les déchirer- et j'associais au film de Patrick Wang la même fragilité, la même finesse, la même beauté,  bref le même émerveillement.)
Plusieurs fois j'ai pensé "ce film est précieux".
Parce qu'il réussit à parler de choses normales, habituelles, courantes (au cinéma, mais dans la vraie vie aussi) d'une façon qui l'est moins (normale, habituelle, courante), le réalisateur intervenant sur la matière même (formelle) de son récit, sans pour autant tomber dans l'esthétisme flamboyant ou l'avant-gardisme abscons. J'aime la façon qu'a Patrick Wang d'insérer les flash-backs par exemple, vous savez ces petites bouffées mémorielles qui surgissent  à la lisière de la conscience, qui affleurent soudain plop! comme des bulles à la surface du magma dans un cratère, et qui disparaissent ensuite aussi sec et la séquence reprend où elle en était.
J'aime ces personnages, chacun avec ses détails (ses faiblesses et ses forces), chacun(e) avec le petit souci de vie qui le caractérise (un gamin obèse, une gamine qui fait l'école buissonnière, un père qui a du mal à s'imposer dans le couple, une mère pas souvent là, une demi-soeur enceinte et pas forcément heureuse de l'être, un jeune voisin orphelin ...), qui l'embarrasse plus ou moins, qui le fait plus ou moins souffrir, qui le met plus ou moins à distance des autres. Car c'est bien par la relation aux autres que chacun d'eux est caractérisé.
Sans insistance, sans grossir le trait, sans forcément donner de réponse, non plus, le réalisateur mélange doucement, incorpore, (comme, en pâtisserie, lorsqu'on incorpore les blancs, cette masse onctueuse, compacte et pourtant si légère, si légèrement). Patrick Wang intègre pourtant dans sa narration des éléments a priori pas très doudoux, des accidents de vie parfois assez brutaux et douloureux, (je n'ai pas encore écrit le mot deuil, il le faut bien pourtant) mais si on pleure (et ce fut mon cas, encore plus que la première fois, je crois)  c'est doucement, c'est par solidarité, c'est intense, et ça fait du bien.

Encore une fois, peut-être que ça vient en grande partie de moi, peut-être que je projette, que cette vision de la famille je l'idéalise en quelque sorte parce qu'elle m'aura depuis un bail fait défaut -sans que je m'en sois porté plus mal à vrai dire pendant assez longtemps-. Je l'ai déjà écrit quelque part ici (et plusieurs fois même peut-être) : tout ça me semble fascinant, par ce qu'exotique quasiment, (fictionnel en tout cas..., oui, pour moi la famille relève de la fiction, celle des livres de lecture, des gravures de vocabulaire, des magazines féminins, des romans...)

Et la scène finale, celle des tournesols, est sublime (tant elle est désencombrée de pathos).

Non, je n'ai pas de réponse non plus, mais ces Secrets des autres (en VO il s'agit du chagrin, c'est plus intéressant) auront été pour moi une belle découverte, oui, un des plus beaux films sans doute de ces derniers mois (un de ceux en tout cas qui m'aura le plus touché...)

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18 octobre 2015

crime et châtiment

L'HOMME IRRATIONNEL
de Woody Allen

J'y suis donc allé seul, puisque D. avait soudain décidé "qu'elle ne voulait plus voir de films de Woody Allen, puisqu'à chaque fois elle était déçue" (mais je crois plutôt qu'elle n'a pas osé me dire qu'elle préférait aller se promener dans le froid humide avec une autre copine que je ne connaissais pas hihi).
La bande-annonce , soyons honnêtes, ne faisait pas envie mais voilà que la presse (ou une certaine partie, Téléramuche notamment) semblait dithyrambique, et que, de plus, il n'y avait rien d'autre de visible à cette heure-là... et donc j'y suis allé.
Il y a Joaquin Phoenix (qui a un peu forci, -juste pour le rôle ??- et aborde un délicieux bedon) qui joue un prof de philo débarquant dans une quelconque université ricaine (on se croirait un peu dans la trilogie de David Lodge : cours, campus, profs, étudiant(e)s, draguouilles entre collègues et échauffements plus ou moins sentimentaux) essaie d'y trouver sa place (marquer son territoire ?).
Car Abe (c'est Joaquinou) déprime, sirote du single malt avec assiduité, cède aux avances d'une collègue mais n'est pas en mesure de terminer le round, sympathise (en tout bien tout honneur) avec une de ses étudiantes, et, au détour d'une conversation, trouve enfin tadam! un remède contre son inappétence de la vie : tiens, il va commettre un crime, et un crime parfait qui plus est. La victime sera un vieux juge odieux qu'il ne connaît pas, mais qui a juste été mentionné lors d'un repas comme pourrissant la vie d'une amie d'amis.
Le voici donc tout occupé par la préparation dudit crime. Puis son exécution, et ses conséquences immédiates : enfin Abe reprend goût à la vie, est dépanné sexuellement, cède aux avances de la jeune étudiante, bref fait feu de tout bois et revit. Heaven, i'm in heaven (comme chantait Fred Astaire à la fin de La Rose pourpre du Caire).
Sauf que le crime en question  va  se révéler petit à petit pas si parfait que ça, (et ce sera l'objet de la troisième partie du film, dont je ne dirai rien de rien je lève la main droite et je dis je le jure.) Où il sera question de détails, de suppositions hasardeuses, de coïncidences fâcheuses, de cas de conscience, de choix à faire, et de décisions à prendre.
Jusqu'à un épilogue que je ne révèlerai pas non plus (mais qui a sans doute quelque chose à voir avec , disons... Match Point, du même Woody A.)
C'est assez noir, mais je suis sorti de là plutôt ragaillardi, ce film-là m'a bien plu (si j'avais beaucoup aimé Blue Jasmine, je gardais un souvenir... mitigé du mollasson Magic in the moonlight -à vrai dire même pas de souvenir du tout à part que c'était jaunasse.... et je m'aperçois en remontant le long de la filmo de Woodychounet que j'aime en général un film sur deux, et qu'il y en a certains (To Rome with love, Scoop) que je ne suis même pas sûr d'avoir vus!) et feuilletant les critiques, tiens, il semblerait que seul Libé ait dé-tes-té (mais c'est le fameux Julien qui m'a déjà agacé quelques fois -mais enchanté d'autres-) sinon tout le monde est plutôt au beau fixe.
Il y a pas mal de choses intéressantes dans ce film : notamment qu'il soit narré par deux voix-off en parallèle (souvenez-vous à moitié de Boulevard du Crépuscule, hihihi) celles du prof de philo de l'étudiante. Les deux façons de voir les choses. La moralité (ou dans le cas présent l'amoralité) en est aussi fort plaisante. Puisqu'il est question de philo, j'ai envisagé d'utiliser le mot cynisme mais damned tout le monde ou presque a eu la même idée (et c'est beaucoup moins facile de glisser  stoïcisme, épicurisme ou cyrénaïsme dans la critique, non ?) d'autant plus que vous n'êtes pas sans savoir que la philosophie m'emmerde, et ce depuis ma prime jeunesse... donc closons  (?) là le chapitre glose.
Et réjouissons-nous.

066511
l'affiche française

326851
et, plus rare, l'affiche turque!

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