tortue
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BERNADETTE
de Léa Domenach
Dimanche, avant-première à la salle 8 (salle nommée dans mon coeur "des bourrineries" parce que c'est là qu'est projeté d'habitude cette catégorie d'oeuvres). Du monde, à popcorn et qui parle comme dans son salon (il a fallu que queqlu'un -non ce n'était pas moi- fasse "chhhhtt!" quand le film a commencé pour que lesdits bavards se taisent.
Un film avec Catherine Deneuve dans le rôle de Bernadette Chirac, a priori, je n'aurais pas donné cher de sa peau. Et pourtant la bande-annonce sait appâter le chaland (Podalydès, Vuillermoz dans le rôle de Chirac, bluffant) suffisamment pour qu'on ait envie d'en savoir plus (et quand lit qu'en plus au générique figurent Sara Giraudeau, Maud Wyler, Laurent Stocker, Artus) et qu'on est plutôt de bonne humeur, allez, on se laisse tenter...
Le début est un peu désarçonnant, et force un peu le trait de la comédie : chorale dont les paroles sont retranscrites en gothique, choix de la chanson du générique, (je vous laisse la surprise), on se demande si c'est du lard ou du cochon... On va donc suivre la vie du couple Chirac de 1995 (première élection présidentielle de Chichi jusqu'en, grosso modo, 2007, (l'élection du honni N.S dont je n'écrirai même pas le nom...) soit une bonne dizaine d'années de la vie politique française...
Le problème a priori de cette chronique, c'est qu'elle évoque des gens qui, au mieux, me sont indifférents, et, au pire, antipathiques. voire détestables (on peut pousser le curseur jusqu'à odieux) et qu'on s'imagine au départ qu'il va falloir des efforts (à la réalisatrice d'abord, mais au spectateur aussi) pour réussir à les trouver "agréables"... Sur ce point, Léa Domenach ne rate pas trop son coup...
Le jeu suivant, dans ce genre de reconstitution est "qui est qui, et qui ressemble le plus à qui. Bon, d'entrée, la Reine Catherine est hors-jeu, puisque, comme souvent, elle vampirise le personnage : on ne voit pas bernadette C., on voit Catherine D. entrain d'incarner Bernie.) en suite de générique, Michel Vuillermoz campe un Jacques Chirac non seulement juste, mais hyper-attachant, et ce sans trop forcer le trait... Les deux filles aussi :l'omniprésente Claude (Sara Giraudeau) et la plus effacée Laurence (Maud Wyler) sont plutôt réussies dans la ressemblance. Comme Denis Podalydès dans le rôle de Bernard Niquet (dont je n'avais jamais entendu parler...). Dans le club des ministres, le casting a été efficace : on reconnaît au premier coup d'oeil de Villepin, Bertrand, (même si on ne re-connaît pas les acteurs qui les incarnent), idem pour Karl Lagerfeld. Artus campe un David Douillet plus que vraisemblable, mais la palme de l'incarnation revient à Laurent Stocker dans le rôle du honni, du traître, du félon (plus onctueux que lui tu meurs), dont on se dit, la première fois, qu'il n'est pas très ressemblant, mais dont l'interprétation, au fil du film, devient de plus en plus "incarnée" (savoureuse)...
Une comédie, donc, qui raconte un peu de l'intérieur des choses qu'on sait, (qu'on a sues), avec des choses plus ou moins drôles (la chorale au début nous prévient que "tout ce qui est dit n'est pas vrai...") la plus plaisante étant pour moi de présenter Bernadette comme une pythie politique qui annonce a chaque coup les catastrophes à venir, qu'on n'écoute jamais, et qui a toujours raison.