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lieux communs (et autres fadaises)
29 juin 2008

"alcôves"

BON BAISERS DE BRUGES
de Martin Mc Donagh

Incontestablement la (bonne) surprise du mois. J'avais vu plusieurs fois la bande-annonce, nous vendant le film comme une bonne comédie bourrine à gros sourcils et à front bas. Mais, comme il y avait Colin Farrell, je me suis dit que j'allais y aller. Face à ce  type, je perds toute  objectivité (smiley aux joues roses). Je craignais que tout ça ne fut aussi lourd et gras qu'un bon gros cornet de frites, mais bon, y avait Colinchounet, alors...
Alors ? Et bien, ça vaut le déplacement! Une comédie ? Euh disons que certaines répliques et/ou situations  font mouche comme on dit, mais globalement ce serait plutôt de l'humour noir, très noir. Au début (surtout que je l'ai vu en vf dans le bôôô cinéma, et qu'ils lui ont collé -à Colin- une voix de lapin bêta) on craint, on croit que ce sera effectivement une comédie bourrine. Mais, telle la course du lièvre à travers les champs, le film va ensuite plusieurs fois, obliquer, changer de direction, ricocher, selon le principe de la douche écossaise (euh... irlandaise plutôt), partant à chaque fois du côté où on ne l'attendait pas. Une histoire qui n'arrête pas, comme ça, de vous étonner, de vous emmener là où vous ne vous y attendiez pas du tout, ce n'est pas si courant.
Soient deux tueurs à gage, sommés par leur chef d'aller se faire oublier quinze jours dans une chambre d'hôtel à Bruges (pourquoi à Bruges ? Parce que c'est comme un rêve...), après une mission spécialement foirée. Le premier, le plus âgé, (Brendan Gleeson, très bien) plutôt bonne pâte, prend ça plutôt bien, et se met à jouer les touristes émerveillés avec un certain plaisir, tandis que l'autre (Colin Farrell, idem), le novice, (et celui qui, accessoirement, a foiré le coup), n'arrête pas de ronchonner et de ronger son frein. Les voilà coincés là, à attendre un appel de leur chef, et la suite des événements.
Mais, quand le coup de fil en question arrive, ce n'est pas du tout ce qu'ils avaient imaginé... (si vous avez lu les autres critiques, vous savez de quoi il retourne, mais je vais faire comme si je croyais que vous ne savez rien, pour vous laisser tout le plaisir de la découverte.) Les choses se gâtent, et nécessitent l'arrivée du chef (Ralph Fiennes, parfaitement inquiétant, comme souvent) sur les lieux.
Entre temps, ils (surtout Sourcils qui se touchent, le plus jeune) auront croisé (et draguouillé) une blondinette assistante sur un tournage de cinéma (et accessoirement dealeuse en substances illicites variées), fait la connaissance d'un nain (pardon, un "homme de petite taille") pince-sans-rire, sur le même tournage (annoncé comme un hommage au "Ne vous retournez pas" de Nicolas Roeg, joli film fantastico-vénitien que je vis il y a longtemps, et on se dit là que le réalisateur nous fait comprendre qu'il n'est pas du tout le premier bourrin venu, ce qui fait plutôt plaisir), bu quelques bières, disserté philosophiquement sur le purgatoire et les profs de math judokas, froissé quelques susceptibilités et abimé quelques yeux...
Mais le plaisir de la simple bourrinade est entâché par la culpabilité qui vient de plus en plus ouvertement ronger le jeunot (et ce très gros plan matinal du visage de Colin Farrel au réveil, mal rasé, en train de pleurer silencieusement dans son lit peut, à lui seul, justifier la vision du film, qui n'est alors pas commencé depuis très longtemps, mais le spectateur ne sait alors pas encore toutes les bonnes surprises -et les autres bonnes raisons- qui l'attendent, tout au long de ce film, qui parvient à être sans cesse surprenant (et d'autant plus prenant). Le film aligne ainsi les morceaux de bravoure, chaque scène venant ainsi surpasser, contracarrer, démentir (ça dépend) la précédente.
Voilà, il y a des moments où on rit très fort (surtout moi, d'ailleurs), et d'autres où on est ému, et d'autres encore, où on ne sait plus trop (à un moment, j'avais presque les larmes aux yeux, tandis que mon voisin ricanait allègrement). On n'est jamais sûr exactement du niveau où on se situe. Et (parlant de niveau) je veux bien mettre sur le compte du deuxième (ou plus) degré les allusions récurrentes et homophobes (à propos de la bière, ou de la façon de se battre, notamment). Humour, disons ? Ok, humour... Et pour une fois que, à propos d'une comédie, tout n'est pas dit dans la bande-annonce, soyons indulgent (mais en est-ce véritablement une ???)

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