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lieux communs (et autres fadaises)
22 juillet 2014

les quatre pieds blancs

L'HOMME QU'ON AIMAIT TROP
d'André Téchiné

Finalement, les films, c'est mieux de ne pas trop les attendre. (Comme dirait Snoopy, "Qui n'espère rien n'est pas déçu..."). Par exemple, ce dernier film de Téchiné que je n'avais pas trop envie de voir, de par son thème et les échos que j'en avais, j'en sors, et bien je dois dire que c'est plutôt une bonne surprise.
Je précise que téchiné et moi c'est une longue histoire d'amour cinéphile, je le suis comme on dit "depuis ses débuts" et plusieurs de ses films sont pour moi autant de pics cinématographiques : Souvenirs d'en France (est-ce que quelqu'un va enfin un jour se décider à le ressortir en dvd ?), Barocco, Les roseaux sauvages, Le lieu du crime, Hôtel des Amériques... Bon, André et moi, c'est tout de m^me une histoire de 40 ans, une amitié amoureuse, avec des hauts et des bas, comme toute liaison qui perdure... avec, il faut le reconnaître, sur les derniers films, un peu plus de bas que de haut, ou une certaine tiédeur de ma part. J'y suis allé, à chaque fois, parfois par envie et d'autres par habitude (c'est un peu pareil avec Woody Allen).
"un film de fiction basé sur des faits réels" . Mmmh, il l'avait déjà fait pour La fille du RER, et le résultat ne m'avait pas enthousiasmé. L'affaire Le Roux/Agnelet, j'en ai vaguement entendu parler, je sais qu'il y a eu trois procès, que le cadavre n'a jamais été retrouvé, et c'est tout. Je ne connaissais pas du tout l'arrière-plan financier (casino et gros sous), et j'ai donc regardé ça comme une histoire inventée, comme un film "normal", et c'est plutôt pas mal : Deneuve chamarrée en patronne de casino, Canet cintré en costume trois-pièces, et, surtout Adèle Haenel, teinte en brune (et qui a plutôt très bien grandi depuis Naissance des pieuvres) en héritière manipulable. et on retrouve même, dans le rôle du chauffeur (je lis attentivement les génériques), Mauro Conte, ce jeune et charmant rital qui jouait déjà dans Impardonnables, le précédent Téchiné... (mmmh mmh, moi, je dis ça je dis rien, hein...).
Il s'agit donc, surtout, comme souvent chez Téchiné, d'une histoire d'amour, (et même, bien sûr, d'amour malheureux), conjuguée à la tout aussi habituelle  problématique des relations familiales difficiles (ici, entre mère et fille). Oui, j'ai donc fait abstraction de la "réalité" (effets divers) pour ne m'attacher qu'au film proprement dit, à ses qualités d'écriture et de mise en image (de fort élégants mouvements de caméra au-dessus du vide, notamment, viennent ainsi, de temps en temps, aérer le récit et en accentuer le malaise.)
Guillaume Canet compose, sobrement, un personnage assez ambigument lisse (lissement ambigu ?) dont on se demande, tout compte fait, comment il peut bien provoquer de telles commotions amoureuses, face à une Adèle Haenel que j'aime toujours autant, à la fois frondeuse et fragile, méfiante et crédule, tout ça sous le regard impérial (et de plus en plus inquiet) de l'impériale Catherine (qui a tourné une sacré flopée d'excellents films avec notre ami André T.)
C'est le genre de film dont on sait a priori, et encore plus paradoxalement ici, dès le début comment ça va finir (elle disparaît, et ce n'est ici un spoiler pour personne j'espère!) et j'aurais donc bien aimé que le film s'achève sur cet énigmatique plan de jet d'eau, sur cette absence, sur cette disparition...
J'avoue que la dernière partie, genre "hmm années ont passé..." n'est, pour moi, ni la plus palpitante et la plus indispensable (je trouve toujours les maquillages de vieillissement plutôt pénibles, et, ici, Canet s'en sort presque mieux que Deneuve, en sur-vieillie à canne et perruque grise), mais, heureusement une très jolie scène de flash-back (qu'on n'attendait quasiment pas) vient parapher plutôt gracieusement l'ensemble.

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