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lieux communs (et autres fadaises)
19 décembre 2011

lever le voile

NOCES EPHEMERES
de Reza Serkanian

Bonheurs : on avait le film, il y avait une cinquantaine de spectateurs dans la petite salle, et on avait la chance d'avoir le réalisateur!
Il y a deux choses qu'on n'avait encore jamais vues, à ma connaissance, dans un film iranien : un tableau de Bruegel et un personnage féminin "en cheveux" (qu'elle a fort jolis, d'ailleurs), sans son voile. Les deux sont dans le film de Reza Serkanian, (homme délicieux qui parle excellemment le français), ainsi qu'une foultitude d'autres petites choses, plus ou moins compliquée à comprendre / à accepter pour un occidental moyen, et qui constituent pourtant le quotidien de tout iranien moyen : la circoncision, la religion, le mariage, la religion, les funérailles, la religion, la mosquée, la religion, le mariage temporaire, la religion,le vinaigre alcoolisé, la religion,  le voile, la religion, les autorités religieuses, les mille et uns interdits et diktats religieux, et les mille et une façons de contourner (ou tenter de) en toute discrétion lesdits interdits et diktats.
Le film pourrait n'être que quasiment documentaire (et ce serait déjà très bien), si ne venait en plus s'y greffer  une histoire d'amour en sourdine, en taille-douce et en extrêmes pointillés entre nos deux héros : un jeune homme qui rentre du service militaire et doit se marier plus tard avec sa promise, qu'il connaît depuis l'enfance, jeune homme donc en qui on sent bouillonner les hormones de la mâlitude et de la jeunesse (on pourrait le définir comme chô-bouillant!) mais qui n'a hélas aucun exutoire autorisé et/ou légal pour évacuer les dites hormones (comme on dit chez nous, il n'a donc plus qu'à se la mettre sous le bras), avec, en face de lui, une jeune femme (une belle-soeur) qui se trouve dans une situation délicate parce que veuve de fraîche date, et donc seule, et donc elle-aussi soupirant au clair de lune comme la biche dans la poésie, sans pouvoir assouvir son besoin de tendresse et de câlinous... Dur dur (si je puis me permettre).
On va donc les suivre, eux et le reste de la famille, pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'on revienne au tableau initial, et qu'un détail alors nous mette les points sur les i.
C'est très tendre, très joliment filmé -le réalisateur est aussi chef-op' et ça se voit, par son indéniable sens du cadrage de la composition et de la couleur-, très attachant. Un film "fragile" au tournage mouvementé comme beaucoup de films iraniens , avec tours et détours censuresques obligés, autorisations et refus, etc.
A défendre, donc, en applaudissant haut et fort, et en attendant avec intérêt le prochain film de Reza Serkanian...

19822448

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