les yeux dans le rétroviseur
Journée de grève (oui oui dans notre école on est des rouges...) qui coïncidait, ô heureux hasard, avec une de prévisionnement à Dijon. Nous voilà donc partis, avec les B., arrivés juste à temps pour un café rapide avant hop! de démarrer quasiment illico (jamais vu autant de monde à l'Eldo, et entassé dans la petite salle qui plus est...
9h30
On démarre très fort... Hervé nous en avait certes déjà parlé, mais là (vu de mes yeux vu), je confirme : ce film est une MERVEILLE. Me semble me rappeler d'un article dithyrambique dans Libé suite à la projection cannoise... Un camion rouge un peu déglingué, un routier taciturne un peu grincheux, une dame un peu encombrée avec un bébé et quelques sacs, et un voyage ensemble jusqu'à Buenos Aires (1500 bornes, tout de même)... Que demander de plus ? Une texture filmique simplissime pour un rendu émotif exponentiel... larmes aux yeux plusieurs fois, et là fin alors je vous raconte pas... (non, non rien de plus). Caméra d'or à Cannes, au fait...
11h
Un film avec visiblement plus de moyens, plein de bonne volontés et de bons sentiments, mi didactique et mi fleur bleue (excellent pour midinet, bref) sur la relation entre Tal, une jeune française à Jérusalem et Gazaman, un jeune palestinien de Gaza, d'abord épistolaire puis progressivement davantage... Conflit(s), attentat(s) , représaille(s) pourquoi tant de haine et réciproquement, interrogations et candeur(s) adolescentes... Oui oui j'ai versé ma petite larme, mais c'est incontestablement plus fabriqué que Les acacias précédents (mais pas forcément moins sincère ?)...
14h
Prix du Jury à Cannes pour ce film aussi anxiogène que remarquablement réalisé. un américain moyen (marié, une fillette sourde, un travail sur les chantiers de forage) se met à faire des cauchemars commençant tous par une tornade (le film commence quasiment au moment précis où s'achevait A serious man, opus chéri des frères Coen), et lesdits cauchemars vont l'amener à avoir un comportement de plus à plus zarbi à l'égard de ses proches, dans un effet de contamination du plus stressant effet. Ami-chemin entre Les moissons du ciel, disons, et, euh... Bug ? Très impressionnant.
16h
Et on termine la journée avec une belle baffe belfortaine (Prix du Public au Festival Entrevues), le portrait d'une femme "au bout du rouleau" affectif et social (plus de mec, plus d'appart', job de merde, voiture en panne, etc.) qui ne baisse pas les bras et se bat farouchement. L'actrice principale est époustouflante et son énergie irradie ce beau film qui aurait pu n'être qu'un genre de Rosetta 2, mais qui grâce à elle irradie soudain d'une belle humanité touchante. Le réalisateur (premier film, me semble-t-il) évite habilement la plupart des pièges qui guettent ce genre de scénario et auraient pu le faire tomber dans le misérabilisme voyeuriste le plus grotesque, alors que là, pas du tout. Bravo!
ps : tous ces films sortiront en janvier, me semble-t-il...