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lieux communs (et autres fadaises)
28 avril 2011

la chute d'un corps

WOMEN WITHOUT MEN
de Shirin Neshat

J'ai appris par la suite, en lisant les critiques (hormis le titre, j'ignorais absolument ce que j'allais voir) que la réalisatrice est une artiste plasticienne vidéographe de renom, qui a fui son pays natal. Je comprends mieux. La première chose qui saute aux yeux, dans Women without men, ce sont ses extraordinaires qualités plastiques. Dès la première image (une femme sur un toit), on sait qu'on est incontestablement face à quelqu'un qui sait le sens des mots "cadre" et "cadrage".
Il y a véritablement des plans d'une beauté à couper le souffle. mais assez vite, on (le spectateur moyen) va commencer à se poser des questions, vu la tournure que prend le film. Est ce que l'esthétique est compatible avec le (la?) politique ? Car la réalisatrice entreprend de nous narrer, par le biais de plusieurs portraits de femmes, les événements politiques d'août 1953 en Iran -dont j'avoue à ma grande honte n'avoir jamais entendu parler- qui ont conduit au renversement du premier ministre  du Shah (et de la Shahbanou, j'ai toujours adoré ce mot-là).
Pour un film iranien,il faut reconnaître que Women without men est vraiment un objet d'exception : jamais je n'avais vu un film avec autant de femmes sans voile, voire même de femmes carrément nues : je pense que c'est la première fois dans un film iranien que je vois des seins, et ce à plusieurs reprises!). FIASV.
Des femmes à l'honneur dans un film réalisé par une femme, le projet est digne d'attention. Les choses se compliquent un peu lorsqu'il est question, en plus de la condition féminine en Iran, qui est déjà un sujet fort en soi, de l'évocation des événements historiques plus haut évoqués (on n'y comprend pas grand-chose), et que vient se greffer sur ces éléments déjà composites une variation fantastico-onirique (que j'ai eu, personnellement du mal à saisir et à accepter) : l'une des femmes étant morte et enterrée, la voici soudain qui chuchote de dessous la terre à sa copine, en visite dans le jardin, "j'ai du mal à respirer, sors-moi de là...", la copine grattouille,  hop la voilà sortie,à peine décoiffée, et prête à aller faire la révolution...  Réel ? Fantastique ? Peut-être quelque chose m'aura-t-il échappé... d'autant plus que le laps de temps écoulé entre la première et la dernière image du film pourrait faire classer celui-ci entre L'échelle de Jacob et Mystères de Lisbonne (avec un zeste de Sunset boulevard ?)
Comme le jardin merveilleux où elles vont se retrouver, l'une après l'autre -avec son ma foi bien joli jardinier...-  (la femme cultivée mariée à un militaire qui la méprise, la prostituée qui veut se laver des souillures subies, la jeune fille amoureuse du frère de sa copine), sans qu'on sache trop vraiment si c'est du juste onirique ou bien du un peu plus réel... jusqu'à ce que l'arrivée des militaires nous fasse basculer complètement dans le réel (encore que...).
On peut aussi cesser de couper les cheveux en quatre et se laisser porter par, je le redis, la beauté formelle époustouflante de l'ensemble. S'attacher à ces beaux portraits de femmes. En regrettant le côté "petit bout de la lorgnette" et riquiqui de la reconstitution historique (qui n'est, il faut le reconnaître, que sommairement esquissée...) Se laisser aller...

19693307

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