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lieux communs (et autres fadaises)
26 avril 2011

rouge, bleu

TOMBOY
de Céline Sciamma

Mes anges tutélaires cinéphiles de service Hervé et Zabetta  avaient accordé unanimement leurs violons pour me le conseiller d'une même voix séraphique, et ils ont diablement eu raison : ce Tomboy est une incroyable réussite.
Pourtant j'étais un tout petit peu inquiet : les histoires d'enfants (aïe), de premiers émois amoureux (re-aïe), de détermination / différentation sexuelle (re-re-aïe), avaient a priori tout du sujet casse-gueule, avec le  double risque / danger d'avoir à éviter à la fois la mièvrerie à l'eau de rose cucul la praline (genre "vert paradis des amours z'enfantines") ou le graveleux sordide lourdingue (rires gras genre Cage aux folles et j'en passe). Et je dois dire que Céline Sciamma s'en sort miraculeusement bien.
A sujet simplement fort, traitement forcément simple. La jeune Laure (mais on ne l'apprendra qu'au bout de 10' de film,premier "tour de passe-passe" de la réalisatrice) se fait passer, auprès des enfants du quartier où elle vient d'emménager, pour Michaël. C'est le "garçon manqué" du titre. Elle se prend au jeu, et  pousse le bouchon de l'identification assez loin pour que Lisa, une fille de la bande ("la" fille, devrais-je dire) tombe amoureuse d'elle. Et qu'elle aussi peut-être d'ailleurs. Les choses vont suivre leur cours, la révélation de la vérité entraînera certains changements...
Le film a été tourné rapidement (trois semaines) avec équipe réduite (et appareil-photo). Ceci par choix de la réalisatrice.  Un film solaire (oui oui, Zabetta, c'est vrai, on sent le souffle et la chaleur lors de la scène d'ouverture), estival, un film de vacance(s) (celle-là je ne pouvais pas m'éviter de la faire!). Une merveille de simplicité apparente (même si les affects mis en jeux sont, eux, plutôt très complexes) où tous les acteurs (adultes et surtout enfants) sont au diapason question justesse (une mention spéciale à la jeune Zoé Héran, absolument parfaite -et impressionnante!- dans le rôle-titre).
Après avoir lu presque toutes les critiques (qui sont unanimement louangeuses) du film, j'en connaissais presque tous les rebondissements, mais ça n'est pas très gênant. Tout ça, une fois accepté le postulat de départ, est finalement assez logique. Une chose en entraîne une autre, et ainsi de suite. Techniquement, le film affirme ses choix, notamment au niveau  du découpage, Céline Sciamma en fait quelque chose de très construit où les scènes d'extérieur, très chorégraphiées en amont, retrouvent une dynamique supplémentaire au montage. Avec des plans plus "séquences" pour les scènes d'intérieur. Il y a notamment un plan tout simple qui me reste (et m'a quasiment mis les larmes aux yeux par son évidence) : le travelling arrière où la caméra abandonne doucement -comme à regret ?- Laure et son papa (Mathieu Demy).
Car je n'ai pas encore parlé de la famille : Laure a un maman enceinte, un papa copain-copain, une petite soeur -très féminine- craquante. C'est le versant intérieur, douillet, rassurant, confortable, de l"histoire plus "physique" -et plus déstabilisante- qui se joue à l'extérieur, au soleil. Chacun des trois personnages (quatre, avec le bébé qui sera né à la fin du film) a un rôle à jouer pour Laure/Michael, que ce soit dans l'intimité des rapports (les deux soeurs), la bienveillance complice (le papa), le "réalisme" (la maman).
La dernière partie du film est -pour moi-  bien évidemment la plus forte, c'est celle où je me suis vraiment laissé aller à l'émotion, à partir de l'apparition de la robe bleue et jusqu'aux toutes dernières images... Question émotion, j'ai pu ressentir des choses aussi fortes que, disons, celles que j'avais éprouvées à la vision des Rêves dansants...
Très fort, vraiment très fort (je finis la rédaction de ce post quelques jours après, et j'ai toujours en tête le visage de Laure/Michaël. C'est rare qu'un film, à travers un visage,  me laisse aussi longtemps son empreinte...)

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