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lieux communs (et autres fadaises)
21 avril 2011

coutures de sièges

WE WANT SEX EQUALITY
de Nigel Cole

Une histoire de femmes. Basée sur des faits réels (ou comment, en 1968, les femmes ouvrières chez Ford firent grève pour obtenir l'égalité des salaires avec les hommes et finirent par obtenir gain de cause). Comme on connaît la fin dès le début, on a un peur de s'ennuyer, et on se demande comment le réalisateur va "tenir" tout le film. d'autant que quasiment dès les premières minutes, la grève est votée...
Et bien, il s'en sort très bien (le réalisateur). Une mise en jambes très british (le fameux "cinéma social" mi-Loach mi-Frears) et très sixties (les choucroutes, le mascara, les tubes de l'époque -le jerk et autres danses tribales- les mini-shorts) plante le décor et nous met assez vite dans le bain. On suit Rita (Sally Hawkins, aussi attachante ici qu'elle était agaçante dans le Be happy de Mike Leigh), une des ouvrières, qui va oser prendre la parole et devenir, justement, le porte-parole du mouvement.
L'encadrent plusieurs autres portraits de femmes (la vieille déléguée syndicale dont le mari perd les pédales, la blonde qui rêve de devenir mannequin, l'autre blonde, hyper-classe et cultivée idem que son mari traite comme une courge, et, last but not least, la "rousse incendiaire", Ministre du travail -on retrouve ici avec plaisir la so british Miranda Richardson-) amenant chacun(e) sa pierre à l'édifice dans les revendications du combat, ou, si l'on préfère son éclairage particulier sur la situation (dû à sa couleur de cheveux sans doute ? non non, je plaisante...).
Les hommes, là-dedans font tous plus ou moins honte, ce ne sont que machos, bornés, réacs, veules, lâches, pleutres, méprisants, j'en passe et des meilleurs (seul le -gentiment poupin- mari de Rita s'en sort à peu près avec les honneurs, et encore faut-il attendre la dernière partie du film! Et Bob Hoskins aussi, qui est quand même celui qui met le pied à l'étrier à Rita...)...
Ce que pouvait faire craindre l'application de la reconstitution historique (et le didactisme y afférant) est balayé par l'humanité de toute cette histoire (et le bien-fondé de cette lutte, évidemment) et l'enthousiasme qui va avec. Plus ça avance, et plus on est touché (le film culminant pour moi, question larme à l'oeil, dans la scène du discours que fait Rita aux représentants des syndicats tandis que son mari, venu la rejoindre à l'improviste et en moto, assiste au dit discours, et la scène suivante où il affirme à sa femme son soutien inconditionnel...)
Bien sûr, il y a peut-être dans tout ça une certaine "idéalisation", un aspect idyllique et youp la boum de la vie de l'entreprise, de la vie politique et du prolétariat, mais, comme pour La nostra vita, j'ai juste envie de rétorquer "Et alors ?" (dans le cas précis, ça serait plutôt "so what ?") Car le ton résolument alerte et positif du discours dissimule quand même une sacrée amertume, sans que jamais le pathos ne puisse prendre le dessus...

19637240

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