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lieux communs (et autres fadaises)
4 avril 2015

mes épaules mes épaules mes épaules

UN HOMME
Albin de la Simone

Un autre disque qui a une histoire ; Emma me l'avait recommandé et en rentrant je m'étais rendu compte que je l'avais déjà sur mon ordi (je suis avec la musique comme les écureuils avec les noisettes avant l'hiver, je stocke j'accumule j'entasse je thésaurise) ,  j'avais donc  écouté la chose, et je m'étais arrêté assez vite à cause de la voix du chanteur, qui ne me convenait pas. Trop chétive, trop petite ("pas balèze" il le dit lui-même à propos de ses épaules). pas mon truc pensé-je. J'ai même fini par l'effacer, carrément, un jour de ménage informatique. Fin de l'acte I.
A Clermont, chez Marie-Pierre, un soir, au moment de la tisane post-films et pré-nuit, elle va mettre un disque. Et, allez savoir pourquoi, un truc m'attire soudain l'oreille, ce refrain "mes épaules mes épaules mes épaules" puis un autre texte ce "comment allez-vous faire foutre" et encore un autre, sans que cette (petite) voix m'évoque quelque chose de connu. Un disque très agréable, qui s'accorde parfaitement avec le moment (marie m'a d'ailleurs laissé quelques instants, pour aller dire bonne nuit à sa fille) et quand elle revient, je lui demande qui c'est (je le prends alors pour un autre chanteur français) et lui demande si elle peut remettre "mes épaules". Ca me plait vraiment, cette voix modeste, ces textes qui pourraient passer pour anodins si on n'y prend pas garde, et ces orchestrations raffinées, élégantes. Classieuses.
Rentré de Clermont, je cherche sur mon ordi, vérifie que je l'ai effectivement effacé, me lamente et me désespère, puis envoie un mail à Emma pour lui dire le plaisir de ma (re)découverte, et m'aperçois alors avec plaisir que je peux le récupérer assez facilement (et que l'écho critique pour cet album a été plus que louangeur). Donc je le réécoute en boucle (et avec grand bonheur), je suis allé fouiner sur le ouaibe et youtioube pour dénicher des versions live (le jeune homme est adepte du dépouillement) de ses chansons (ou d'autres, je suis tombé sur un Vertige de l'amour plaisamment plaisant), de ses clips (découvrant l'agréable physionomie du jeune homme, sa jolie barbe de trois jours dans le clip de Mes épaules). J'aime tout l'abum, mais il y en a quelques-unes que j'adore tout particulièrement, notamment celle-ci où je me reconnais tout particulièrement :

Un jour la vie est belle un euphorie nouvelle
Pour un oui pour un non tout va bien pour de bon
Un jour je suis croyant végétalien pratiquant
Plus de sel ni de pain, plus de lait ni de vin

Un jour je m'exaspère j'ai pas les mots je les perds
Je trépigne, je m'égare
Un jour je ressemble à mon père


C'est la crise c'est la crise
Qui m'épuise rien à faire
C'est la crise c'est la crise
Qui s'éternise on va s'y faire

Un jour je donne, je donne, je donne, je donne
Le cœur sur la main, sur le cœur
Un jour je parle fort à raison et à tort
Je m'emballe, je digresse,
Je m'affale et vous délaisse

Un jour je broie du noir
Miné par mes déboires
De la veille et de l'avant veille
Et tout à coup tout m'émerveille

C'est la crise c'est la crise
Qui m'épuise rien à faire
C'est la crise c'est la crise
Qui s'éternise on va s'y faire

Un jour je n'y crois plus pas le coup pas un clou
Moitié plein moitié bu tout est flou tout est fou
Et toc un coup du ciel à nouveau la vie est belle
Pour un oui pour un non tout va bien pour de bon

C'est la crise c'est la crise
Qui m'épuise rien à faire
C'est la crise c'est la crise
Qui s'éternise on va s'y faire
C'est la crise c'est la crise
On va s'y faire

Et je trouve que, finalement, c'est encore plus fort, cette petite voix fluette, pour faire ressortir la beauté, l'amertume parfois, le "double-fond" de ces chansons. Cette apparence en demi-teinte ("sans faire de bruit sans faire de vagues", comme avait écrit Manset pour Gréco.) Une autre approche de la notion de virilité, terriblement séduisante. Addictive. (merci Emma, merci Marie-Pierre!)

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3 avril 2015

baxter, dury baxter

Baxter-Dury-Pochette-Its-A-Pleasure

C'est Emma qui me l'a fait découvrir. elle m'avait filé son dernier disque. Je ne l'ai pas écouté tout de suite. Mouais, le fils de Ian Dury (and the blockheads) -le papa de "sex drugs and rock'n'roll - ça ne me disait pas plus que ça (bien que je n'aie jamais vraiment écouté son père, juste en entendu parler), les "fils de", ça ne m'intéresse pas particulièrement.
Et puis un jour, accidentellement, j'écoute un morceau "Pleasure". Ouaaaaaah! Ca m'accroche l'oreille iliico. Puis un second "Police", rebelote. Il y a cette voix très très british, ces textes mi-chantés  mi-dits, ces coeurs féminins nanana wapdoowap à la B52 (B26 plutôt puisqu'il n'y en a qu'une, de choriste), ces orchestrations minimalistes, pour un résultat souvent irrésistible et délicieusement addictif.
Il y a un côté... malingre, très touchant chez Baxter Dury (comme dans ces pubs en petits caractères dans les années 60 pour les appareils de muscu pour les gringalets) le petit mec qui est complexé parce qu'il a des tout petits bras mais qui veut quand même aller draguer les meufs sur la plage... Un côté un peu ado aussi, à ressasser des comptines mélancoliques (ou douce-amères) mais habillées synthétique sautillantes en espérant qu'un jour on va finir par grandir... Un côté dandy mélancolique un peu provoc' un peu jmefoutiste (il se revendique fils spirituel de Gainsbourg) qui bref donne furieusement envie de le voir sur scène. Et last but not least un suggestif côté cockney.

("Le terme cockney désigne les Londoniens issus de la classe ouvrière et habitant l'est de la ville, ainsi que leur argot. Selon la tradition, ce mot qualifie, au sens strict, ceux qui pouvaient entendre sonner les cloches de Bow, c'est-à-dire les cloches de l'église St Mary-le-Bow." Wikipedia)
Mmhhh... oui, c'est ça, le côté prolo, canaille, britton, la peau blanche, les murges au pub, les virées du week-end, l'odeur du fish and chips, la bière, l'argot les filles

Et -ô joie- en fouillant dans mon ordi je me rends compte que j'avais aussi son précédent album depuis des lustres "il y a longtemps" m'informe wind*ws), sans jamais l'avoir écouté! Ô délices! Ô félicité!

Baxter-Dury

- Existe-t-il un personnage “Baxter Dury” ?
- Je crois qu’il a grandi avec les années, avec la perception que les gens ont de moi et qu’il est en train de se transformer. Tu as en face de toi une version plus sexuelle, plus “fashion” de Baxter Dury. Ce n’est pas intentionnel, mais je crois que je donne en France l’image d’un Anglais gainsbourgien, un peu tordu. Un type avec une tête de patate grisâtre qui fait des remarques sexuelles entre ses chansons (rires)… L’existence de ce double facilite les choses sur scène : ça me fournit un costume dans lequel entrer. Je sais désormais comment réagir, quoi dire, comment bouger mes épaules quand je reçois un soutien-gorge en plein concert. Quand tu montes sur scène, quoi que tu joues, quoi que tu portes, il faut te séparer de ton toi “normal” pour devenir autre chose. C’est en plus la seule manière de s’amuser vraiment…
(Les Inrocks)

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