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lieux communs (et autres fadaises)
16 septembre 2005

virilité(s)

BROKEN FLOWERS
DOUCHES FROIDES
VOICI VENU LE TEMPS

D'abord une petite précision sur la dénomination de cette catégorie : la première abréviation est bien évidemment celle de "pluriculturel" (quoique...) l'ambiguité sur les trois dernières lettres n'étant pas pour me déplaire, qui  souligne en quelque sorte l'imbroglio entre l'intellect et l'affect, entre le désincarné et le ... disons charnel, méli-mélo qui permettrait en partie d'expliquer (un peu) pourquoi on est sensible à tel film, tel roman, tel acteur, bref pour quelle(s) plus ou moins avouable(s) raison(s) on aime ça...

Juste pour évoquer 3 films que je viens de voir (ou de revoir) dans notre bôôô cinéma, et qui m'ont fait autant résonner (raisonner ?) que la plus grosse cloche de Notre Dame actionnée par un Quasimodo en folie : DOUCHES FROIDES, d'Antony Cordier, BROKEN FLOWERS, de Jim Jarmusch, et VOICI VENU LE TEMPS d'Alain Guiraudie.
Trois univers, trois réalisateurs, trois façons de faire...

Antony Cordier (j'ai vu sa photo dans Libé, il est tout mimi tout comme j'aime, mais ce n'est pas forcément que pour ça que j'ai autant apprécié son premier long!) tourne autour d'un trio d'ados (le prolo, le bourge et la nymphette) à la justesse sidérante dans un filmage précis, aigu, ("sharp") et constamment sensuel. Jim Jarmusch, quant à lui, suit à la trace Bill Murray tristounet-comme-on-aime, dans un film élégant et attachant, avec le recul nécessaire pour rester juste à bonne distance de l'émotion, avoir la force de sourire alors qu'on pourrait très bien avoir envie de pleurer, tandis qu'Alain Guiraudie, lui, nous bricole un ovni foutraque et bandant, tout à fait étonnant, en même temps complètement ailleurs mais tout à fait ici, où on joue à guerriers et brigands, accroché aux basques de Fogo Lompla, le vaillant héros aussi bien dans son corps qu'il est un peu confus dans sa tête...
(pourquoi me suis-je donc lancé sans cet exercice de critique comparée, ça me fait faire des phrases de quinze kilomètres...)
Trois approches d'une même notion. Virilité(s) donc, qu'elle soit décrite dans ses fondations (construction d'une identité), ou dans sa représentation mature, qu'elle soit "normale" ou "fantasmée". Chez Cordier il y a des corps adolescents, de la testostérone (ah ces scènes de douche), avec un poil de fierté exhib' (et parfaitement justifiée). Chez Jarmusch, deux portraits d'hommes mûrs, Bill Murray -peut-être désormais comme d'hab' un petit poil trop monolithique c'est vrai- et son voisin black, son exact contraire, rigolard, hâbleur,extraverti. Ils sont voisins et amis. (Je pense que "amitié virile dans les films de Jim Jarmusch" pourrait faire un beau sujet de mémoire). Amitié virile, donc, sans aucune arrière-pensée... Avec les femmes, dans ses films, il y a toujours un peu de souffrance quelque part, tandis qu'entre mecs, tout est clair, simple. Fort,direct (straight and strong). Pas d'embrouilles. Ni remords ni regrets. Juste l'amitié. Cette image-là me fait craquer. Je voudrais avoir un pote mâle comme dans les films de Jim...
Tandis que chez Guiraudie, cette virilité "normale", ordinaire, a la particularité d'être associée à un goût - naturel et complètement assumé dans cet univers-là semble-t-il (nous sommes en Obitanie) pour les personnes de son sexe (mâle), sans ostentation ni provocation, d'ailleurs (la seule quéquette visible  se manifestera lors d'une tentative -plutôt drôle d'ailleurs- d'échange manuel et hétérosexué). Le héros (Eric Bougnon) est certes plutôt... plaisant à regarder, et le réalisateur semble d'ailleurs du même avis que moi (ce qui ne gâche rien)...

Entre les trois pistes, je ne choisis pas. Elles me paraissent (ces approches de la virilité) toutes trois nécessaires et complémentaires.
Les corps, les esprits, les relations...

Et une, et deux, et trois images, et un petit jeu en prime (redonne à chaque photo le titre de son film)

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"Regarde autour de toi, tu verras que tu n'es pas tout seul" (réplique finale de Voici venu le temps)

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