Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
6 juillet 2007

beignets de patates douces

THE BUBBLE
d'Eytan Fox

Les juifs seraient-ils plus cool envers l'homosexualité que ne le sont les arabes ? Il semblerait bien, se dit-on en sortant du film d'Eytan Fox. Noam, Yali, et Lulu, non non ce ne sont pas les trois petits cochons, ni les neveux de Donald, ce sont juste trois jeunes coloc' qui vivent à Tel Aviv (la Bubble du titre) : deux mecs, gay,  (l'un Yali,  plutôt sensible extraverti (pour ne pas dire follasse) et le second, Noam, plutôt look hétéro flexible / je cache bien mon jeu) et Lulu, une superbe demoiselle hétérote et vendeuse dans une parfumerie, tous trois aux amours un peu... instables, compliquées (mais n'est-ce pas le propre de la jeunesse ? ).

Surtout à partir du moment où Noam ramène à la maison le tout mimi Ashraf, palestinien rencontré au début du film à un check-point (ou Noam patrouillait en treillis, sous les ordres d'un gradé aussi borné qu'imbécile - pléonasme ? - et qu'on  retrouvera d'ailleurs par la suite, toujours autant l'un que l'autre), et que la cohabitation va devoir s'organiser en conséquence : Ashraf est en situation irrégulière, c'est un clandestin, il faut l'aider, et Yali va donc l'embaucher comme serveur dans son café. Mais, comme les scénaristes bossent, le destin veille... (comme on dit.)

La narration est a priori, disons... (j'ose le mot, hihihi!) hétérogène (le réalisateur s'en explique d'ailleurs à propos des différents formats employés (vidéo, super8, hd, etc...) mais ce n'est pas vraiment de la forme dont je veux ici parler), on a par instants (et surtout au début) le sentiment de mater une sitcom pour djeunz..., intelligente, dirons-nous, en suivant le quotidien de nos 3 + 1 héros (auxquels il faudrait rajouter l'amant de Yali, le premier amant de Lulu, par qui la cata arrive, le deuxième amant de Lulu...) dont les préoccupations, faut-il le préciser, tournent beaucoup autour des histoires de coeur et de cul, et donc, a priori encore une fois, futiles peut-être mais vitales sûrement. La violence, la guerre, les attentats, la cohabitation, tout ça est, au début du moins, plutôt loin des préoccupations de nos jeunes amis, assourdi, en toile de fond pourrait-on croire.

Car la suite de l'histoire ne va ménager ni les uns ni les autres : fuite, rupture, passage et repassage de frontière, portable qu'on laisse sonner, coming out, pressions familiales, mensonges, provocations, tout va être mis en place pour, si j'ose dire,  le bouquet final. Oui,  car la bulle va - plop! - péter, et les choses vont se gâter, progressivement, mettant à nos jeunes amis les deux pieds dans le réel, et parfois même le nez dedans, jusqu'à cette fin certes stupéfiante, mais, à mon goût, plutôt malcommode et à double tranchant (on n'est plus très loin de Roméo et Juliette, auxquels je n'ai pas pu m'empêcher, tout du long, de penser : un juif et un arabe, les familles ennemies, les Capulet de Tel Aviv et les Montaigut de Naplouse...) Leur amour contrarié sert de fil blanc (attention, je n'ai pas dit que c'était cousu de!) à  cette histoire, où heureusement, les amours des deux autres (celles de Yali et celles de Lulu) - moins dramatiques mais pas moins embrouillées ! - viennent heureusement jouer en contrepoint pour diluer un peu le pathos.

Je ne sais pas comment on dit bobo en israélien, mais, je pense que les ceusses qui, par exemple, avaient attribué ce qualificatif à, disons... Les chansons d'amour pourraient sans doute le dégaîner à nouveau propos de celui-ci : Noam est disquaire, il est question de Michel Foucault, de théâtre (une scène de Bent permet de retrouver cet acteur délicieux dont je ne retrouve pas le nom, déjà présent dans Tu marcheras sur l'eau et que j'avais beaucoup aimé aussi dans les films de Koshashvili Mariage tardif et Cadeau du ciel) de rave contre la violence, de magazine culturel, on cite Jules et Jim... Je précise tout de même que, personnellement ça ne me dérange absolument pas : au contraire, même (je crains d'en être aussi un peu quand même, quoique sans pépètes : un bobo pauvre, comment ça s'appelle ? un pov'bobo???)

Décidément, cet Eytan Fox mérite qu'on garde un oeil sur lui (pff dire que j'avais enregistré Yossi et Jagger, son premier, et que je n'arrive pas à le retrouver!), même si ce n'est pas complètement complètement émerveillant, c'est quand même suffisamment bien foutu pour que, non seulement on ne s'ennuie pas, mais qu'on soit constamment tenu en haleine devant cette histoire à strates multiples, qui dépasse bien vite le simple cadre de la comédie romantique de djeunz...

Et il y a, de plus, dans le film, deux chansons jolies oui très jolies (clin d'oeil pour Emma si elle me lit)  : une version pour le moins... originale de The man I love, et une autre, lo-fi, de Song to the siren de Tim Buckley, et qui, toutes les deux , midinons, midinons, m'ont collé la chair de poule et les larmes z'aux z'yeux. Hmmm, oui, exquis comme les beignets de patates douces qu'on sert chez Yali...

18772519_w434_h578_q80

Commentaires
O
Jolie critique d'un film que j'ai vu récemment et apprécié. J'en parle aussi...<br /> Merci à Matoo de m'avoir amené chez toi.
Répondre
C
C'est vrai, maintenant que tu le dis... (pendant tout le film, je me suis dit qu'il me faisait penser à quelqu'un...) mais en moins "rugueux". Perso, je préfère le sieur Bouajila...
Répondre
Z
Lior Ashkenazi.<br /> <br /> C'est drôle, l'acteur arabe m'a rappelé notre Bouajila national (notamment le sourcil droit)....
Répondre
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 527