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lieux communs (et autres fadaises)
31 janvier 2010

avanti popolo

VINCERE
de Marco Bellochio

Encore une autre fois (oui oui je sais j'ai pris du retard dans mes chroniques ciné...) merci pour le festival Téléramuche!
Vincere, vu dans le bôô cinéma, devant une salle inhabituellement pleine (le tarif de 3€ expliquant peut-être cela, des gens à la sortie de la salle disant "Tiens, on n'avait jamais entendu parler de ce film..."), un film historique, une chronique épique, un spectacle magnifique qui m'a enfin réconcilié avec le cinéma de Bellochio (aïe je ne vais pas me faire que des amis...) qui m'a bien souvent soit excédé, soit au contraire barbé... voire parfois les deux en même temps.
Là, pas du tout, dès le départ, on est embarqué. La musique, les personnages, le bruit et la fureur, l'ampleur de la reconstitution et la grandeur des moyens visiblement mis en oeuvre, tout concourt à cet effet de sidération, d'autant plus que l'utilisation des images d'archives, est extrêmement intelligente, ainsi que  la façon dont elles sont intégrées au film lui-même.
J'ignorais tout de l'histoire de cette première femme de Mussolini et de son fils, par lui assez rapidement répudiés, puis internés, sans autre forme de procès. Cette femme qui jusqu'au bout (l'enterrement dans une fosse commune) essaiera de se battre, d'être reconnue, d'obtenir réparation, persuadée qu'elle est que le Duce veut juste l'éprouver... Une femme forte et une actrice (Victoria Mezzogiorno) dotée de la même puissance.
Bellochio  a fait de son combat une oeuvre dense, épique, lyrique, grandiose, entre Wagner et Verdi (revenons en Italie tout de même), où l'ambition et l'ascension politique transforment un homme "normal" en monstre, de plus en plus abstrait, de moins en moins réel plus les années passent : D'homme de chair, il deviendra statue, puis image d'archive, à la télévision ou au cinéma (le film se double d'une passionnante -et, encore une fois, o combien intelligente- réflexion sur le cinéma lui-même).
C'est un genre de sythèse qu'a réussi Marco Bellochio, entre le drame historique, à costumes et froufrous, le mélodrame amoureux avec larmes et fracas, bref, le cinéma "spectacle" et grand-public d'une part, et , d'autre part, ce qu'on pourrait appeler un cinéma plus exigeant, plus "intello," , par un travail magistral sur les codes, sur la matière du film lui-même (j'écrirais bien  une  mise en abyme du genre, si les termes n'étaient pas si galvaudés...)
Ce pourrait être une créature hybride à la Frankenstein, pleine de vis et de boulons, un monstre se déplaçant avec peine et provoquant davantage la pitié qu'un intérêt véritable, mais c'est au contraire une formidable bête de cinéma, altière, arrogante, fascinante, hargneuse, attendrissante, qui ne peut laisser le spectateur que pantois, époustouflé, et tout échevelé d'avoir senti ainsi, avec tant de force, passer au-dessus de lui le souffle de l'Histoire, et battre fort le coeur du cinéma.

19183425

Commentaires
M
tu vois que je te lis...tu peux partir serein!
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