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lieux communs (et autres fadaises)
9 février 2012

ne regarde pas ta vie dans ton rétroviseur...

LES ACACIAS
de Pablo Giorgelli

Oui, incontestablement, le cinéma est -pour moi- d'abord affaire d'émotion(s). Et du souvenir d'icelles, ou plutôt de la façon dont elles perdurent. Sinon pourquoi aurais-je eu, dès les premières secondes du générique, la poitrine qui se soulève et les larmes qui viennent, alors qu'il n'est encore question que d'arbres qu'on abat -et non, Malou, bonne questionjustement mais je ne sais pas pourquoi on ne les coupe pas jusqu'en bas...-.
Ces arbres, les acacias du titre, constituent le chargement de Ruben, un camionneur taciturne et mal rasé (deux qualités à mes yeux), qui va les convoyer jusqu'à Buenos-Aires (1500km, indique brièvement un panneau vert tout en haut de l'écran). En compagnie de Jacinta, une passagère qu'on lui a plus ou moins "imposé" et de sa fille de 5 mois, Anahi.
Un camion, 3 personnages pas bavards, une longue route à faire... on serait en droit d'être inquiet (ou de commencer à bailler) à la lecture d'un pitch pareil.
Mais au contraire. Le cinéma de Pablo Giorgelli est une merveille d'économie : avec un minimum d'effets, il produit  des émotions (justement)  inversement proportionnelles, et c'est  là toute sa force. A la manière des trois voitures dans la nuit  d'Il était une fois en Anatolie, la cabine du gros camion rouge contient -recèle- une quintessence d'humanité.
Un cinéma du presque rien, du frémissement, de l'impalpable, du "si j'enlève encore quelque chose il ne va plus rien rester", où, s'il ne se dit presque rien, il se produit néanmoins pas mal de choses. A l'intérieur de chacun des personnages, certes, mais, à l'arrivée, plus rien, peut-être, n'est pareil, ne sera pareil, en tout cas. Oh pas des cataclysmes, ni bruit ni fureur, juste le presque silence d'une rencontre. Un certain apprivoisement réciproque.
Le vieux ronchon du début s'est métamorphosé sous nos yeux, lentement, progressivement ; il s'humanise, en quelque sorte, (il reprend espoir, il reprend vie ?),après avoir caressé l'espoir de l'abandonner, voilà qu'il devient capable d'aider la dame à monter dans le camion, vous vous rendez compte ?
On n'en saura pas beaucoup plus, des histoires respectives de chacun de ces deux-là, de leurs cahots personnels, de leurs fragilités, on réalise juste qu'un pas en avant (dans la valse-hésitation de la rencontre et de l'affect) a été fait par chacun, et que ce bébé est décidément le plus merveilleux et le plus délicieux des traits d'union.
Le réalisateur adopte un rythme en adéquation avec le vieux camion rouge de Ruben : une certaine constance rectiligne, sans hausses de régime ni accélérations injustifiées, pépère mais pas si sûr, le bruit du moteur et l'odeur du fuel, et on finit par s'y sentir tellement bien, dans ce bahut un peu hors d'âge, mais à la rusticité finalement confortable, (douillette, quasiment) qu'on aimerait bien pouvoir y rester encore plus longtemps... (Il est question d'espoir, tout de même...) Une histoire simple pour un film fort.

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