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lieux communs (et autres fadaises)
6 juin 2014

au sens biblique du terme

GOLTZIUS ET LA COMPAGNIE DU PELICAN
de Peter Greenaway

Une unique séance au Kursaal à Besac, à 21h, et je n'ai pourtant pas hésité. c'était là ou jamais (je l'ai raté deux fois lors de mon dernier séjour à Paris : la veille de mon arrivée, et, grosso modo, le lendemain de mon départ, pfffff méchant MK2 Beaubourg!). je suis un "inconditionnel" de Greenaway, j'ai vu tout ce qui est sorti, j'ai acheté le coffret, j'ai acheté des bouquins, j'ai téléchargé je me suis procuré ce qui est inédit (The Tulse Luper suitcases), bref, la vraie panoplie du fan transi de base. Et, excepté 8 femmes et demie (dont je n'ai aucun souvenir si ce n'est que je l'ai détesté) j'ai tout aimé, pour différentes (bonnes ou mauvaises) raisons...
Greenaway, d'abord, c'est (ne nous voilons pas la face) l'assurance du plaisir d'un FAQV, et vous n'êtes pas sans savoir le rapport admiratoire que j'entretiens avec la mâle anatomie et ce que les américains appellent full frontal (qui n'a rien à voir avec un quelconque sport de combat). Au départ, c'étaient plutôt des gros messieurs,mais il semblerait, au fil des années qui passent, qu'ils soient, de plus en plus, jeunes et bien découplés.
Greenaway, c'est aussi, en général, la promesse d'un film "en costumes", une anecdote aussi emberlificotée qu'improbable (avec un zeste d'"absconse" et une touche de "dérangeante"), avec une jolie musique minimalo-répétitive (ou répétivo-minimaliste : ah, Nyman, Mertens et consorts...), et un travail d'orfèvre (d'esthète) sur la mise en image(s), les cadres, les cadrages et sous-cadrages...
Il est ici question d'un imprimeur, qui, désirant acquérir une nouvelle presse, contacte un margrave (celui de Colmar, obligé statutairement de chier chaque jour en public devant des concitoyens) afin qu'il lui débloque les fonds pour acheter ladite presse, (et l'impression sur icelle d'ouvrages licencieux) et propose au dit margrave, pour le mettre in ze mood, de lui rejouer, en direct live, avec sa compagnie (celle du Pélican du titre) des saynettes de la Bible, illustrant les principes d'interdictions morales par des exemples choisis... (Adam et Eve, Salomé, etc.)
Dans la plaquette, Peter Greenaway déclare faire des "films de peintre" (et, plus récemment, d'ailleurs, des films sur les peintres), déplorant que, trop souvent, les films soient -d'abord- des "films de texte", et ne rêvant de faire que des films "d'image". Et c'est bien là que le bât blesse (mais le bas aussi, hi hi hi) : la toute première impression est auditive : Goltzius... est un film insupportablement bavard. Saoulant, presque, tellement les textes les voix et les dialogues se déroulent s'entassent, envahissent l'espace du film jusqu'à quasiment l'asphyxier. Où l'éloquence confinerait au verbiage et l'érudition à la pédanterie... (Ouch! Mais oui, c'est vrai que je me suis un peu endormouillé au début, c'est vrai que Dominique a quitté la salle au bout d'un moment en me disant "je m'ennuie, j'y vais...", et que du coup ça m'a réveillé, et c'est vrai aussi qu'au bout d'un moment j'ai regardé l'heure parce que je commençais à trouver  un peu le temps long...)
Je trouve la surenchère un peu indigeste. Trop de mots, trop de gens, trop d'agitation. Trop de bruit et de fureur, comme disait l'autre, (et sans doute pour pas assez de quéquettes). Comme si le baroque flamboyant de Greenaway (celui de Prospero's books - son plus magnifique film je crois -, de Meurtre dans un jardin anglais) s'était "institutionnalisé", érigé en système, et tournait ainsi un peu à vide... on n'a pas le loisir de s'attacher aux personnages, puisqu'ils ne sont traités qu'en insupportables marionnettes, et qu'on ne parvient plus à dissocier les différents niveaux de jeu(x) et de représentation(s).
Alors on se laisse aller, on lâche prise, et on renonce à tout comprendre, et ce peut être aussi très agréable. La musique est plaisante, composée et jouée par des nouveaux venus chez Greenaway (mais ça a incontestablement un air de famille avec ce qu'on a pu entendre dans les films précédents), et on décompte les péchés qui restent à passer...
Oui, c'est ... "très Greenaway", comme me l'avait annoncé Hervé, et je ne voudrais pas avoir l'air de tomber à mon tour dans cette mode qu'i fait qu'il est désormais de bon ton de l'abominer, pas du tout... Disons simplement que je l'ai sans doute vu dans de mauvaises conditions, que j'étais fatigué, que je n'ai pas joué le jeu, que j'étais barbouillé, que sais-je... Oui, j'ai trouvé un peu le temps long...

078074



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