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lieux communs (et autres fadaises)
12 juin 2014

comme une volée de moineaux

BIRD PEOPLE
de Pascale Ferran

C'est comme ça, j'adore les films de Pascale Ferran.
Et celui-là me faisait tout particulièrement envie. Sans rien en savoir, à part le titre (et le lieu : un aéroport) . La première fois que j'ai vu la bande-annonce, j'ai eu les larmes aux yeux, avant même la fin des trois minutes... Elle semblait annoncer quelque chose de doux et de tendre. C'était donc un mercredi cinément délicieux qui s'annonçait, puisque j'enchaînais Tristesse club et Bird people...

Quel bonheur!
Oui, ce film est un vrai bonheur, un vrai gros bonheur de cinéma. Où il serait  question, d'abord, de la grâce d'Anaïs Demoustier (la dernière fois qu'une demoiselle travaillant comme femme de chambre dans un grand hôtel m'avait autant ému dans un film, c'était Virginie Ledoyen dans La fille seule, de Benoit Jacquot).
Il y a, donc, surtout, un aéroport, avec son trafic humain quotidien, ses avions qui s'envolent, et un grand hôtel dans ses environs immédiats. Grand hôtel où se déroulent les deux parties du film, chacune portant le prénom d'un de ses protagonistes : Gary et Audrey. Le premier est un business-man américain dont le séjour à Paris n'est qu'une parenthèse, puisqu'il doit s'envoler pour Dubaï dès le lendemain matin, tandis que la seconde est une étudiante, employée comme femme de ménage dans le même hôtel. Deux mondes a priori parfaitement disjoints, susceptibles de se croiser uniquement dans les couloirs, où à la rigueur dans la chambre, l'une y venant pour faire le ménage de l'autre).
Il y a donc deux histoires, distinctes (nos deux héros), comme deux fils tirés dans l'énorme pelote d'une multiplicité d'histoires individuelles (la magnifique scène d'ouverture, qui m'a -déjà !- mis les larmes aux yeux en m'évoquant celle, tout aussi magnifique, d'ouverture aussi des Ailes du désir, sauf que, dans le film de Wenders, c'étaient les anges qui nous permettaient d'entendre les pensées des différents personnages, tandis qu'ici Pascale Ferran nous confère d'entrée de jeu le statut d'ange(s), et les oreilles adéquates, permettant de saisir les gens au vol, au fil de leurs pensées...) : un américain qui va, soudain, décider de tout plaquer, tout, du jour au lendemain, et une jeune française qui va soudain jouer la fille de l'air... (ici je ne peux être qu'implicitement explicite, pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte de chaque spectateur...)
Si la première partie -Gary- est "terre à terre", réaliste, pragmatique : un homme décide de ne pas partir pour Dubaï comme prévu ni pour où que ce soit d'autre et va donc assumer -consécutivement- les conséquences de cette décision avec : ses associés, son avocat, sa femme, par téléphone, par mail, par webcam, principalement depuis sa chambre d'hôtel..., la seconde -Audrey- pourraît en être le symétrique parfait, où, aux mêmes effets (voir soudain les choses d'un oeil neuf ) correspondraient des causes totalement opposées. Une aventure où elle va soudain (re) découvrir les lieux et les gens sous un angle nouveau, et qui est, bien évidemment le noeud affectif du film, son petit coeur battant...
Un film de gens (mais peut-être aussi, dans son genre, film de genre), attentif, qui s'attache, bec et ongles, à décrire une réalité parfois douce (le jeune japonais) parfois poignante (le monsieur dans sa voiture) avec de splendides et magistrales ambiances nocturnes aéroportuaires...
Oh je l'aime ce cinéma humain trop humain, cette juxtaposition de deux destins, au même endroit, la même nuit, de deux façons de "on arrête tout, on recommence, et c'est pas triste" (comme l'écrivaient certains journaux gauchistes post-soixantuitards) dont l'une plaira davantage à certains forcément que l'autre (et vice-versa), dont l'une est moins définitive que l'autre (va savoir...) dont l'autre est plus exaltante que l'une (va savoir idem), la deuxième partie, en ce qui me concerne, frôlant de peu le ravissement total. C'est surprenant, c'est drôle, c'est tendre, c'est magnifique, c'est la moitié claire qui viendrait complémenter celle, obscure, dans le symbole dy yin et du yang. Opposés et indissociables, le haut du bas, le près du loin, le mouvement de l'immobile, l'envol de l'atterrissage, la fenêtre ouverte de la fenêtre fermée (option que semble souligner l'affiche)...
Merci, Pascale Ferran, de tout coeur merci.

075169

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