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lieux communs (et autres fadaises)
14 décembre 2014

je crois entendre encore

NUITS BLANCHES SUR LA JETEE
de Paul Vecchiali

Alors qu'on annonce pour début 2015 la resortie d'un paquet de ses films (surtout le magnifiquissime Corps à coeur et le porno Change pas de main "introducing Jean-Christophe Bouvet") l'entregent de notre assoc' nous a permis de visionner avant sa sortie  (28 janvier) son dernier film, projeté cet été à Locarno.
Un film parlé, oui, juste un homme et une femme qui (se) parlent, plusieurs nuits de suite, sur un coin de jetée. Elle c'est Astrid Adverbe, que je ne connaissais pas, aussi juste que lui, et lui c'est Pascal Cervo, qui prouve une fois de plus quel acteur magnifique et scandaleusement sous-employé il est. Le film est tiré d'une nouvelle de Dostoievski (d'ailleurs elle s'y prénomme Natacha, et lui Fédor) il est question d'amour (d'amour en question aussi bien que de questions en amour) dans une langue très écrite (entre Rohmer pour les élans et Marivaux pour les incertitudes, ou bien le contraire). Un préambule de jour (et un peu hors-jeu) met en présence Pascal Cervo et Paul Vecchiali (se créditant au générique du rôle du "vieux"), et un très joli générique chanté et dansé (en surimpression) viendra refermer un peu mélancoliquement l'ensemble (à la fin de la nuit).
On retiendra l'extrême justesse de la direction d'acteurs, beaucoup de mots mais assez peu de mouvements, et un intérêt qui se maintient tout au long de manière assez miraculeuse (il y aurait peut-être juste un petit ralentissement avant la toute fin, avant l'ultime sonnerie de téléphone, qui laissera d'ailleurs le spectateur aussi pantois que le personnage concerné (et qui laisse à penser que s'il y avait eu des téléphones portables du temps de Marivaux, celui-ci n'aurait pas hésité à les utiliser de la sorte, pour harponner soudain la bienveillance convenue (la convention bienveillante) de l'aventure amoureuse, pour en déchirer soudain la trame, y créer une béance pour qu'y passe un souffle d'air iodé (sans doute, on est sur le port, après tout).
Oui le film se clôt avec une ironie un peu cruelle, mais c'est sans doute ce qui fait, paradoxalement, encore plus sa force. Il est question d'aimer, d'attendre, de rendez-vous non honorés, de promesses non tenues, de l'objet de l'affection, qui pourrait bien à point nommé être remplacé par un autre hop! comme ça (à moins que), du jeu et de ses règles ("à une condition : ne tombez pas amoureux de moi"), des circonvolutions (circonlocutions ?) du désir, du ballet des sentiments, tout ça dans une langue magnifique, servie, je le répète par des acteurs qui le sont tout autant.

Oh nuit enchanteresse
Divin ravissement
Oh souvenir charmant,
Folle ivresse, doux rêve!

314499
(mmm je ne suis pas sûr que cette affiche soit très attractive...)


(le réalisateur et ses deux acteurs, à Locarno)

... et je rajoute quelques mots pour dire que j'ai oublié de parler de la musique (on y entend différentes versions lo-fi des Pêcheurs de perles de Bizet, le morceau qui donne son titre au post, que j'ai découvert il n'y a d'ailleurs pas très longtemps, chanté par Catherine Frot et André Dussolier si ma mémoire is good) réorchestré notamment pour piano-jouet (j'étais fier, j'ai reconnu quasiment tout de suite).

Commentaires
C
Voui voui, du coup je rajoute une plus jolie photo!<br /> <br /> (content de te voir dans le coin, Zvezdochounet, bises à toi)
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Z
(pour l'affiche: effectivement!!)
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