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lieux communs (et autres fadaises)
9 juillet 2015

moteur de tondeuse

MICROBE ET GASOIL
de Michel Gondry

Ce mercredi fut un jour-ciné faste : non seulement le film de Gondry y était en sortie nationale mais, en plus l'e-billet ne coûtait que 5€ ! (et, encore en plus, j'étais tout seul dans la salle 8!). Il y a deux types de films chez Gondry : les "grosses machines" (L'écume des jours, La science des rêves, Le frelon vert) que je n'ai pas forcément envie d'aller voir et que je ne vais d'ailleurs pas forcément voir), et les "petits films" pour qui j'éprouve une réelle tendresse (The we and the I en est l'exemple parfait).
Microbe et Gasoil est de la deuxième famille, et c'est pour ça que j'avais si envie de le voir, sans pourtant n'en rien savoir. c'est filmé tout simplement, et ça démarre tout aussi simplement. Le blondinet qu'on suit en premier (Microbe) m'en a, physiquement,  évoqué un autre, celui de L'argent de poche, puis, à l'arrivée de Gasoil, j'ai pensé aux zozos des Géants de Bouli Lanners, et, un peu plus tard encore, je n'ai pas pu ne pas penser à une version juvénile du charmant Mobile Home de François Pirot (avec Guigui Gouix, hmmmm...) (Je viens de lire les critiques presse dans allocinépointfreu, et Le Monde évoque, lui, Les beaux gosses et Prince of Texas, ce qui n'est pas faux non plus...)
Microbe en a assez qu'on le prenne pour une fille, et Gasoil en a assez qu'on lui reproche de sentir l'essence, et ils décident donc de partir en vacances dans une voiture fabriquée à partir d'un moteur de tondeuse (un petit clin d'oeil-hommage à David Lynch et sa Straight Story ?). Pour ne pas être pris par les gendarmes, ils ont déguisé leur voiture en maison (imparable & incontestable bricolage à la Gondry). Ils veulent rallier le Massif Central où la dulcinée de Microbe passe ses vacances au bord d'un lac avec ses parents. Et nous voilà embarqués avec eux pour cette odyssée minuscule qui fait teuf-teuf, et où on doit pousser dans les côtes, avec  ses situations plus ou moins périlleuses, ses créatures ou ou moins inquiétantes, ses escales plus ou moins mouvementées.
Gondry met du deux-temps (teenage movie + road movie) dans son moteur de tondeuse  pour faire carburer son conte réalistement onirique et le mélange est au poil. De même que le véhicule des fugueurs peut se transformer à volonté en maison, le réel de ces deux-là pourrait bien être un ailleurs de tendresse et de fantaisie  pour nous spectateurs.
Les deux gamins sont bluffants de justesse (avec un petit faible pour le rigolard et frisotté Gasoil), d'autant plus que Gondry a su habilement nous brosser auparavant leur contexte familial respectif (maman dépressive, grand-frère punk, papa transparent pour Microbe, maman malade et père limite pour Gasoil), justement à la manière -précise- de Truffaut dans son Argent de poche, avant que de les en extraire pour les jeter sur les routes et dans la grande aventure minuscule. C'est un Gondry presque minimal (à part celui de la maison à roulettes, aucun bricolage ou tripatouillage dans le film), qui parle de l'adolescence en général (et peut-être un peu de la sienne aussi), comment on grandit, comment on évolue, comment on devient...
Le film est (au départ) davantage centré sur le personnage de Microbe mais trouve son assise, son assiette, lorsque les deux compères sont enfin réunis, avec toutes les étapes dans la gamme de l'amitié : approche, reniflage, confidences, complicité, tensions, engueulade, réconciliation, puis à la fin séparation, aussi simple et naturelle que le fut le reste du film (et si on regrette un peu que  Gasoil soit alors un peu éloigné du récit, déménagé de sa relation avec Microbe, la dernière scène viendra joliment nous le rappeler.)
Un film délicieux, astucieux, gracieux, avec du cambouis sous les ongles et qui sent un peu l'essence, mais c'est pour ça qu'on ne l'en aime que plus.

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Tiens, un film à affiche jaune, ça faisait longtemps...

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