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lieux communs (et autres fadaises)
19 avril 2016

"un fromage d'été, le bleu du maine..."

UNE AUSSI LONGUE ABSENCE
d'Henri Colpi

Loué soit le Festival Play it again, auquel on s'est associés dans le bôô cinéma, pour 3 films et 5€ l'entrée (le cahier des charges a presqu'été respecté dans son intégralité!). Celui-ci était le deuxième projeté (après Le Conformiste, vu la veille, que je ne chroniquerai probablement pas pour cause de sommeil récurrent et de ronchonnage sur les temps de veille).
Il s'agissait d'un film dont je ne savais rien, par un réalisateur dont je ne savais pas beaucoup plus (excepté qu'il était rattaché dans ma mémoire au prénom de Codine) et dont j'ai appris, en préparant les textes pour la plaquette de programmation que le scénario et les dialogues étaient signés Marguerite Duras, et que le film, bien que bardé de distinctions prestigieuses (Palme d'or à Cannes, prix Louis Delluc, Prix d'interprétation pour Georges Wilson) avait été un échec cuisant à cause des aboiements -et détestations proclamées- des réalisateurs dits "de la nouvelle vague".

Et c'est comment, alors ?
Magnifique, juste magnifique.
(J'aurais pu écrire "sublime, forcément sublime" mais c'était déjà pris...)
Une petite ville de province, un quatorze juillet, les vacances qui vont commencer pour la patronne (et les clients) du Café de la Vieille Eglise. Et passe un vagabond (on ne disait plus cheminot, mais pas encore sdf, en 1961) devant le café, chantonnant de l'opéra. Et le jour suivant, et les autres jours. Et voilà que la patronne (jouée par Alida Valli) s'émeut (et davantage) quand le spectateur comprend progressivement qu'elle croit reconnaître son "défunt" mari, arrêté et envoyé en déportation il y a longtemps.
Elle va se rapprocher de lui, essayer d'en savoir plus. Mais il est amnésique, et dit avoir tout oublié de son ancienne vie. Elle va tout faire pour tenter de lui rafraîchir la mémoire... Incontestablement, notre Guiguitte prenait déjà ses marques. dans la conduite du récit, dans la ciselure des dialogues (pendant une grande partie du film, l'homme ne fait que répéter les derniers mots de ce que vient de lui dire son interlocutrice), dans le minimalisme  (la stylisation presque théâtrale) pourtant alliée à un réalisme "bon enfant", populaire et joyeux (apéro, Tour de France, etc.).
Et si le personnage du vagabond est magnifique, celui qui l'incarne mérite tout autant les éloges et les récompenses. il s'agit de Georges Wilson (que j'avais l'impression de n'avoir connu que vieux, mais qui est là en pleine "force de l'âge"). Après les différents "travaux d'approche" de la jolie patronne, le film va culminer dans un huis-clos, troublant : il a fini par accepter l'invitation à dîner, il est venu, elle a fermé les volets, et nous allons partager avec eux non seulement l'intimité de ce repas et de cette soirée, mais l'intensité de ce qui s'y joue : elle qui voudrait tant qu'il se souvienne (des jours heureux où nous étions amis...), et lui qui ne se rappelle de rien, soirée qui va culminer dans une simple danse  devant le juke-box, sur Trois petites notes de musique, chantée par Cora Vaucaire, où l'on ne peut pas ne pas pleurer (bon, sauf si on est un homme un vrai, n'est-ce pas H. ?).
Mais on n'est pas au bout de ses peines, puisque la scène qui va suivre, en extérieur nuit, saura encore faire monter d'un cran l'intensité de l'émotion générée, où va se rejouer en filigrane une autre scène de nuit et de peur, avec pour seul dialogue un prénom et un nom répétés, et pour seul mouvement un homme qui s'immobilise en levant les bras.
"Il faut attendre l'hiver...", oui, et les lumières se rallument dans la salle sur le mot fin et on a les yeux rouges...

18747649
l'affiche d'origine

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et la nouvelle...

Commentaires
C
Oui moi aussi ça m'a attristé... j'ai vraiment adoré ses films.<br /> <br /> Bon, je t'ai rajouté dans liste des blogs survivants, mais je doute que ça t'apporte un flux massif de lecteurs, vu le peu de monde qui passe par ici...<br /> <br /> :)
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J
Salut l'artiste<br /> <br /> Ce soir aussi j'ai les yeux rouges… pour d'autres émotions cinématographiques.<br /> <br /> Et je vais regarder Prendre femme… de Ronit Elkabetz !<br /> <br /> Sourire
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