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lieux communs (et autres fadaises)
26 novembre 2016

commis-voyageur (en camionnette)

LE CLIENT
d'Ashgar Farhadi

C'est vrai que j'ai un peu tardé à le voir, celui-ci. Il passait beaucoup de jours à beaucoup de séances, et à chaque fois je me disais comme la soeur d'Antigone "J'irai demain...". Farhadi, je connais  tous ses films, je pense les avoir tous vus, et je me souviens  qu'il a, en France, un distributeur qui a véritablement su mouiller le maillot (dans des campagnes de pub extrêmement bien agencées) pour le faire connaître et reconnaître désormais comme un des réalisateurs iraniens importants qui comptent dans notre pays.
C'est vrai que je ne me suis pas hâté parce que je gardais un souvenir un peu mitigé du  dernier (Le passé) que j'avais trouvé moins convaincant, plus laborieux. (J'avais vraiment beaucoup aimé ses premiers films, La fête du feu, A propos d'Elly, Une séparation)
(Tiens, il faudrait un jour écrire quelque chose sur ce qui reste des films, une fois qu'on les a vus, et la façon dont on le gère, ce souvenir, je veux dire...)
Mais ce jeudi après-midi de pleut comme vache qui pisse, ça tombait bien, il passait à la première séance, et hop! donc. Dès le début, je me suis dit que c'était filmé avec une grande intelligence, et  je sentais que ça allait me plaire grave si ça continuait comme ça jusqu'au bout. Et ce fut le cas.
Dans le bôô cinéma, on connaissait par coeur sa bande-annonce qu'on y avait beaucoup beaucoup vu. Bande-annonce très bien faite, puisqu'elle raconte une certaine histoire, qui a l'intelligence de ne pas être tout à fait celle du film. On y a effectué un savant travail de montage, à partir de beaucoup de plans, et ça raconte l'essentiel, disons, de la moitié du film. Et c'est très bien comme ça. On a droit à une part de surprise, et c'est bien.
J'aime la façon, même si elle n'est pas tout à fait nouvelle, que Farhadi a, dès le début du film, de mettre l'accent sur le théâtre. (Si j'aime les films où il y a un film dans le film, j'aime tout autant les films où il y a une pièce dans le film, et c'est le cas ici, puisque Le client est comme qui dirait enceint de la Mort d'un commis-voyageur). Théâtre en tant que lieu (la scène les éclairages les machinistes les coulisses) mais en tant que miroir aussi (ce qui se dit/se joue sur scène et ce qui arrive "en vrai" dans la vie des personnages du film).
Rana et Emad sont femme et mari dans la vie, mais jouent le même rôle sur scène (mais je ne connais pas assez la pièce d'Arthur Miller pour en étudier davantage les parallèles). Obligés de fuit leur immeuble pour cause de risque d'écroulement, il sont relogés par un ami (théâtreux) dans un appartement qui leur semble plutôt pas mal, libéré par une mystérieuse précédente locataire (qui y a pourtant entreposé tout son bazar dans une des pièces, et est censée revenir le chercher "dès qu'elle aura trouvé une autre appart"), locataire dont on apprendra assez rapidement "qu'elle voyait beauoup de monde" ou "qu'elle était de moeurs légères" (traduisez : elle se prostituait). A cause de cette mystérieuse locataire, Rana va être victime d'une agression dans la salle de bain de l'appartement, et Emad va tout faire pour retrouver le coupable...
Comme je le disais plus haut, je trouve que tout ça est extrêmement bien fait, on est tendu pendant tout le film, à la fois derrière Emad qui mène désespérément son enquête, mais tout autant de Rana qui se remet mal de l'agression qu'elle a subie, faisant vivre à leur couple une crise sérieuse, à la fois dans leur quotidien, mais, évidemment, sur la scène du théâtre où ils jouent Mort d'un commis-voyageur.
Il sera longuement question de culpabilité et de vengeance (certains critiques ont qualifié le film d'hitchcockien, on pourrait préciser que cela aurait à voir avec Soupçons et Le faux coupable, pour jouer avec les titres, en rajoutant un zeste de L'ombre d'un doute, pourquoi pas de Jeune et Innocent, et, tiens pour faire bonne mesure Complot de famille ? je ne parle bien sûr que des titres...)
La résolution de l'intrigue aura lieu en huis-clos dans un appartement vide, et toute cette longue dernière scène renvoie directement à l'aspect théâtral de l'histoire que Farhadi avait souligné dès l'ouverture du film, bouclant ainsi la boucle. Impeccable est le mot qui me vient à l'esprit dans ces cas-là, et Le client vient confirmer l'estime que je porte à son réalisateur...

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