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lieux communs (et autres fadaises)
8 janvier 2017

doudou qui pue

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LE CIEL FLAMAND
de Peter Monsaert

Vu en avant-première grâce à un lien viméo fourni par le futur ex-distributeur (le film n'a pas obtenu de visa de sortie en France), étant donné qu'on le projette quand même finalement dans la Semaine Belge 3, (et que ça risque de nous coûter des sous), et à savoir, donc, si ça en vaut la peine.
On n'est pas ici franchement dans la gaudriole dans laquelle on a souvent envie -un peu hâtivement- de classer a priori les films belges : la bière qui coule à flots, les amis, la teuf (Je suis mort mais j'ai des amis, Le grand Tour, Eldorado, Belgica), mais on n'est pas non plus dans son alternative (arbitrairerement : on pleure beaucoup -Alabama Monroe-). On serait plutôt, ici, dans cet  entre-deux plaisant  qui, sous des formes variées (Les premiers les derniers, Au nom du Fils, Je suis à toi, Le Chemin des dunes) nous a déjà -et de plaisante façon, au-delà de la fihue et du raisin, du flamand et du wallon, frotté à l'essence  même de la belgitude.
Une famille belge (la grand-mère, la fille, la petite fille). Pas de papa mais un "tonton" dont on devine qu'il pourrait bien... Avec la vie de famille belge qui va avec. Vie (de famille) un peu compliquée, parce que la maman est "célibataire" mais surtout parce que cette  mère (et sa propre mère) tiennent en coeur un bordel (qui donne son nom au film), pas très loin de la frontière, dans lequel elles travaillent toutes les deux. La petite fille est souvent transbahutée par l'une ou par l'autre à l'école, et ramenée aussi souvent par Tonton Dick  qui est chauffeur de bus. Elle est scrupuleusement tenue à l'écart du lieu de travail de ses mère et grand-mère, dont l'accès lui est interdit, qu'elle ne voit que de loin. Toute la première partie du film nous décrit ce fonctionnement, et tout a l'air de se passer plutôt bien ma foi. Jusqu'à ce qu'un incident grave vienne remettre en cause cet équilibre.
C'est la fillette qui en est la victime. Le film est extrêmement pudique, et on en remercie le réalisateur. Presque rien d'ailleurs ne sera dit. C'est ce qui se passe ensuite qui visiblement l'intéresse, et le film continue d'ailleurs, après cette cassure, sur le même ton. C'est un film de gens, filmé souvent de près, voire de très près, mais aussi un film de ciels, magnifiques, filmés cette fois de très loin, et comme relativisant alors le statut et la place des protagonistes : des petites choses sous un ciel immense. Peter Monsaert a su trouver un ton juste, et il sait filmer les gens aussi bien que les ciels (splendides, je le redis).
Comme souvent dans les films belges (et c'est ce qu'on y aime, bien sûr, en plus de la bière) il s'agit de beaux personnages, denses, dotés d'un belle épaisseur/profondeur, "cabossés", ou tout du moins lézardés. La partie policière est à l'image du film, humaine trop humaine. Et le désarroi de chacun est finement filmé et restitué. Histoire d'enfance, histoire de couple, histoire de paternité. Et il sera finalement aussi question d'amour.
Le Ciel flamand (le bordel du film) est juste à la frontière, et Le ciel flamand (le film) l'est tout autant : entre deux langues (ce qui aura son importance à plusieurs reprises), entre mère et fille, entre réalité et illusion. Entre désir de protection et besoin de vengeance. Entre tendresse visible et violence hors-champ. Il y a eu, il y a longtemps, un film (que j'adore) qui s'appelait Beau temps mais orageux en fin de journée. Le titre, ici, en aurait pu être l'exact contraire.
On ne sait pas vraiment pour quelles raisons le film n'a finalement pas reçu son visa, mais il serait vraiment dommage de passer à côté juste parce qu'un fait divers sordide y est évoqué. (Il s'en passe de bien pires, dans nos belles provinces...) Rendez-vous donc dans le bôô cinéma, pour la Semaine Belge 3 (ou  Semaine 3elge...)

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