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lieux communs (et autres fadaises)
19 avril 2017

nourrir les bêtes

092
CERTAINES FEMMES
de Kelly Reichardt

Sacrée belle journée de cinéma : après La Belle et la Bête, à 18h, on enchaîna, à 20h30, sur ce film par moi très attendu. Kelly Reichardt est une réalisatrice américaine dont nous avons programmé tous les films dans le bôô cinéma, depuis l'inaugural (mais j'ai appris par allocinoche qu'il y en a eu deux autres, avant, qui ne sont pas arrivés jusqu'ici)- et par moi très aimé- Old Joy (oh la jolie scène du bain...). Que ce soit en évoquant une vagabonde et sa chienne, des activistes écolos, un convoi de pionniers, elle réussit toujours à susciter l'émotion, par son acuité attentive, sa façon très personnelle de s'intéresser de très près au presque rien. Moins il y en a, et plus, justement, ça fait de l'effet. Poétique de l'infime.
(je suis tombé sur un ancien numéro des Inrocks où la dame se faisait interviewer par Bertrand Bonnello, qui se déclare amoureux de son cinéma, et où elle expliquait que, justement, elle demandait à ses actrices/teurs d'en faire toujours moins, d'en ôter, de réduire...)
Et ce film-là va tout à fait dans cette direction.
Trois histoires, mettant en scènes quatre femmes, trois récits simplement juxtaposés, mis bout à bout, montés cut, sans qu'on n'éprouve aucune difficulté à passer de l'une à l'autre. Sans transition. Dans le premier segment, une avocate (Laura Dern) est confrontée à un client malheureux, dans le second une mère de famille (Michelle Williams) convoite le tas de pierres d'un vieil homme, dans le troisième une demoiselle qui s'occupe seule de son ranch (Lily Gladstone) découvre les cours (du soir) de législation donnés par une jeune stagiaire (Kristen Stewart) et devient une de ses élèves les plus assidues.  (Lily Gladstone, c'est "la" révélation du film, et  elle avait pourtant fort à faire, vu ce que proposent ses trois copines en haut de l'affiche, mais c'est elle la plus touchante, simplement).
Quatre portraits de femmes, pour trois histoires, chacune avec son épilogue. Chacune me touchant de façon différente (je les aime toutes les trois) mais j'avoue que la dernière m'a scotché. Pourtant, je ne suis pas une fille, je ne m'occupe pas de mes chevaux, je ne vais pas aux cours du soir de législation, mais je me suis complètement identifié à ce personnage. A sa façon d'être, de procéder. D'être amoureuse, de désirer, mais sans que jamais rien ne soit dit. D'attendre. De cette façon de vivre pleinement, ardemment, des instants passés ensemble, des moments simples, jusqu'à ce que, à chaque fois on reste seul(e) dans la nuit en regardant les feux arrière de la bagnole disparaître. Oui je peux dire que je me suis reconnu.
Et j'ai adoré cette porosité des sentiments qu'induit le montage. A la fin de la troisième histoire s'enchaîne l'épilogue de la première. Auparavant la musique est venue, face au paysage, un moment suspendu, auquel succède sans transition le plan de la table avec les deux sacs de fast-food, et c'est juste le temps qu'il a fallu aux larmes pour monter de la scène précédente, mais l'émotion est parfaitement raccord. Et tout aussi intense.
Quatre femmes, une petite ville du Montana, l'hiver, la vie qui va, le temps qui passe. Et j'étais prêt, à la fin, à recommencer, et à reprendre le film depuis le début.
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