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lieux communs (et autres fadaises)
7 mars 2022

vercingétorix (place de jaude)

035
VIENS JE T'EMMENE
d'Alain Guiraudie

(Probablement le programmateur du bôô cinéma n'est pas copain avec Les films du Losange, en tout cas on n'a pas pu l'avoir en sortie nationale (ni différée, d'ailleurs!) et j'ai donc dû aller au ciné à Besac, dans le concurrent du Victor Hugo (c'était pourtant un film pour le Victor Hugo!), concurrent que je n'apprécie pas et qui vend du cinéma comme d'autres vendraient des saucisses : au mètre!, et même, en plus,  prendre une carte de 10 entrées, pour ne pas payer 10 balles ! (tarif plein) fin de la parenthèse introductive)

J'ai lu l'année dernière l'énorme bouquin d'Alain Guiraudie, Rabalaïre, et il m'avait semblé en reconnaître des éléments dans le synopsis de Viens je t'emmène (et dans la bande-annonce aussi...) Gagné! Guiraudie a adapté  environ un tiers de son énorme opus : surtout ce qui se passe à Clermont-Ferrand (l'attentat), chez le héros (dans son appart' et son immeuble) et à l'hôtel (mais il y a des absences de taille, notamment celle de Maurin, personnage que j'avais beaucoup aimé dans le bouquin).
Autre différence : dans le bouquin le narrateur pédalait, ici il court (bon, on reste dans le sportif). Et si dans le roman il était explicitement défini surtout comme homosexuel, ici il semble le plus clair du temps hétéro (comme vous et moi (enfin, surtout comme vous).  Et l'homosexualité ressemble à une mauvaise excuse.
Le héros, Médéric (incarné par l'excellent Jean-Charles Clichet, qui n'est pas sans rappeler -bonheur- Vincentchounet Macaigne) déclare tout de go (scène d'ouverture!) sa flamme a Isadora, une prostituée (la toujours excellente Noémie Lvovski), puis apprend par la télévision qu'un attentat terroriste a été perpétré en plein Clermont-Ferrand, et fait la connaissance, devant la porte de son immeuble,  d'un jeune beur, Sélim, qui lui demande s'il veut bien le laisser entrer dans le hall pour y passer la nuit...
Médéric / Isadora / Sélim : est posé le triangle désirant "de base", autour duquel se cristallise (ou se dissémine, c'est selon) cet alerte récit de désir(s), d'inquiétude, d'espoir, d'incompréhension (mais de son contraire aussi), où j'ai retrouvé pas mal d'éléments du roman. Qui aime qui, qui a peur de qui, qui désire qui, qui ment à qui, qui fait du mal à qui (mais du bien aussi)... 
Comme dans les vaudevilles "classiques", il y a des amants, des femmes et des maris, des portes qui claquent, (on se cache même dans un placard -enfin, un confessionnal- pour y faire de plaisantes cochonneries), ou d'autres sur lesquelles "on" vient frapper, toujours au "mauvais moment" (un genre de running gag), selon un plaisant processus d'accélération du phénomène, au moins pour les voisins de Médéric (au sein desquels j'ai eu le grand plaisir de retrouver Philippe Fretun, fort aimé de moi depuis le très beau Nadia et les hippopotames (2000) de Dominique Cabrera) Il y aura, dans les couloirs de cet immeuble, de plus en plus d'allées et venues, au fur et à mesure de la progression du récit (et de la multiplication des intervenants, jusqu'à quasiment la surpopulation...
Guiraudie accommode le tout à sa sauce, qu'on aime tant, (une certaine façon de voir les choses, et de parler d'amour, à rebrousse-poil) mais délaisse un peu son terroir rural (et fantasmatique) habituel (dourougnes et autres chasseurs d'onayes), et secoue, actualise (pimente) l'habituelle mécanique de la ronde boulevardière avec des épices qui ne figuraient pas dans la recette originelle : des chaînes d'info en continu, des attentats, et surtout, surtout, des jeunes arabes, comme s'il en pleuvait, sous toutes les formes, (qui peuvent se décliner en squatteur, en jeunes gens à cagoule (du quartier), en djihadistes, en dealers, ou juste en objet(s) de désir (ça dépend pour qui) "Je pensais que vous aimiez les jeunes arabes..." dira avec un sourire complice à Médéric son voisin du dessus.)
Le film sort avec juste un avertissement ("des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs") peut-être pour quelques scènes de sexe plutôt joyeuses où seront révélés surtout les seins de Noémie Lvovsky et les fesses de Jean-Charles Clichet, mais aussi, sans doute à cause de quelques "vraies" images -presque subliminales heureusement - d'atrocités de l'état islamique et consorts...
Du coup, on se prend à espérer Viens je t'emmène 2, où serait porté à l'écran le reste de Rabalaïre (sa partie "bucolique" et champêtre, encore bien plus folle et guiraudienne, dont la partie clermontoise ne serait -finalement- que la partie immergée de l'iceberg).

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