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lieux communs (et autres fadaises)
2 mai 2022

in extremis

072
HIT THE ROAD
de Panah Panahi

J'avoue que tout tout au début, j'étais un peu inquiet du syndrome "fils de". Papa Jafar nous a déjà ravis à maintes reprises (dernières nouvelles  en date, pour mémoire, Trois Visages (2016) et un des segments de Celles qui chantent (2020). Alors, quid de son fils ? Mais ça, c'était bien avant de voir le film.
Et puis il y a eu l'avis très enthousiaste d'Hervé qui l'avait vu au FICÂÂÄ 2022 (dont je me suis  prudemment (sanitairement) dispensé) et j'ai donc couru (enfin j'ai pris le bus) à Besac, dès la première projection (mercredi à 13h20) pour le voir.
Dès la première scène (dans une voiture, un gamin pianote sur le plâtre de la jambe de son père où est dessiné un clavier, en jouant, exactement les notes de piano qu'on entend au même moment.), et on se dit tout de suite qu'on va être heureux de faire ce voyage-là.*
Une voiture, donc. Et une famille : maman à l'avant, sur le siège passager, papa à l'arrière, avec sa jambe plâtrée, et deux fils : le petit, qui n'arrête pas une seconde (limite saoulant, c'est lui qui est sur l'affiche), et le grand, qui conduit (et ne parle, lui,  que parcimonieusement), plus un chien, un vieux chien, qui aurait dû être euthanasié avant le voyage, mais que le papa n'a pas eu le courage de.
Une famille donc, une voiture, un trajet, des paysages admirables, et nous spectateurs, passagers clandestins, observateurs silencieux  embarqués de ce périple familial,  au sujet duquel on se pose plein de questions, dont les réponses seront données (égrenées) au fil du film...
Ca parle beaucoup, ça se chamaille, ça s'apostrophe, ça se titille, ça s'invective avec une certaine tendresse bourrue, et le film file, merveilleusement mis en espace, en lumière, en matière, cadré, scénarisé par Monsieur Panahi Junior avec un talent superbement bluffant.
On est bien dans un film iranien, c'est incontestable, et pourtant on est ailleurs (et le réalisateur épure parfois son image jusqu'à l'abstraction...), avec, régulièrement, des images posées (composées) qui déboulent  au milieu d'images plus réalistement normales, et qui font à chaque fois comme un doux clin d'oeil cinématographique. Et de la même façon, ça et là des embardées loufoques (de dialogues ou de situations) qui m'ont fait éclater de rire.
J'ai pensé à la fois à Little Miss Sunshine (de Jonathan Dayton et Valérie Faris) et à A bout de course (de Sidney Lumet), et pensé aussi à deux anges gardiens tutélaires : Hitchcock (pour le récit entre soupçons et paranoïa) et Kiarostami (pour l'évidence graphique des paysages iraniens) on pourrait rêver pire parrains....
De la même façon que le récit semble tiraillé entre la nostalgie (vieilles chansons-loukoums iraniennes qui interviennent à intervalles régulers) et la modernité, voire l'anticipation (2001 Odyssée de l'espace), et c'est ça qui fait sa force, sa nouveauté.
Un grand bonheur de film. Qui fait son petit bonhomme de chemin. Vers un ailleurs jamais nommé, un espoir sûrement.

Capture d’écran (1448)

Capture d’écran (1447)

Capture d’écran (1446)

Capture d’écran (1445)

Capture d’écran (1443)

* "films en voiture" (ou en camion) : je repense en vrac à Thelma et Louise, Taxi Téhéran, Ten, Il était une fois en Anatolie, Le plein de Super, Little Miss Sunshine, Au fil du temps, Le goût de la cerise, Personne ne m'aime, Holy Motors, Night on earth, Drive my car, Eldorado...

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