temps morts
(Soirée spéciale "I speak hebrew", où je pris mon véhicule pour me rendre à la ville voisine afin de voir les deux films en question, craignant (on était mardi soir) qu'ils ne passassent plus le lendemain dans la salle où ils étaient projetés, et subodorant qu'hélas ils ne passeraient jamais dans le bôô cinéma, toutes craintes qui s'avérèrent infondées mais c'est une autre histoire...)
LES SEPT JOURS
de Ronit et Shlomi Elkabetz
Enterrement, huis-clos, cuisines et dépendances (le deuil doit être vécu ensemble dans la maison du défunt, Maurice, pendant toute une semaine) où vont être mises à jour, démontées, cristallisées, toutes les rancoeurs, toutes les colères, toutes les violences, toutes les hypocrisies... Du cinéma choral funèbre, et pourtant terriblement vivant. La famille comme on l'aime, quoi... Histoires de gros sous, de dettes, d'amour(s), de jalousies, de déceptions, entre le respect des rites stricts religieux ("interdit de rire", "on ne doit pas manger de gésiers...") et des conventions sociales, l'omniprésence de la guerre (la scène des masques à gaz) et parfois, bienvenues, des bouffées d'un humour beaucoup plus... terre à terre (la scène du dortoir, genre "qui est-ce qui ronfle ?" et "qui a pété?") venant, heureusement aérer (?) à point nommé le propos. Distribution parfaitement aux petits oignons. Un film très écrit (et très parlé), à poser entre Nos funérailles d'Abel Ferrara et de La vie des morts, de Desplechin sur le rayon des films dits "d'enterrement".
VALSE AVEC BACHIR
de Ari Folman
D'un genre encore jamais vu, le documentaire d'animation, le film avait fait au temps du Festival bruisser tout Cannes d'un buzz ultrapositif qui déboucha malheureusement... sur rien. Je ne suis pas un fanatique du film d'animation (mais bon je fais des progrès et j'y viens doucement), gêné que je suis par mon goût pour l'image réelle. On commence ici par un cauchemar récurrent et angoissant (26 chiens...) et on finit par un fait réel et monstrueux : les massacres des camps de Sabra et Chatila. Entre les deux, la recherche d'un simple soldat, d'un private, à la recherche de sa mémoire effacée, en interviewant les autres privates qui étaient là-bas, avec lui, lors d'un évènement dont il a perdu toute trace mnésique. et qui va se reconstituer peu à peu. jusqu'à la cristallisation finale (comme si tout le processus de "mise à distance" graphique n'avait finalement d'autre but que d'accéder au réel.) C'est virtuosement réalisé (des brouettes et des brouettes de lauriers louangeux ont déjà été déversés, et je ne peux qu'y joindre les modestes miens.) Par rapport au film précédent, peut-être juste une autre façon de voir les choses. Mais la même langue, les mêmes voix, les mêmes peurs, les mêmes blessures...