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lieux communs (et autres fadaises)
4 mai 2014

tit cul d'bitch

TOM A LA FERME
de Xavier Dolan

J'ai avec Xavier Dolan des rapports un peu en dents de scie. Son premier film (J'ai tué ma mère) m'avait autant fasciné qu'exaspéré, son second (Les amours imaginaires, vu sur l'insistance de Loulou), m'avait beaucoup plus convaincu, tandis que le troisième (Lawrence, anyways) m'avait, hormis la performance de Melvil Poupaud, plutôt laissé de glace. Ce jeune homme est doué, il le sait, et il tient à le faire savoir (c'est peut-être ça qui me le rend agaçant...)
Et pourtant, j'avais très envie de voir ce Tom à la ferme, et ce fut donc le troisième film enchaîné de ce cinématographique lundi de pâques... Xavier Dolan joue le Tom en question, qui débarque à la cambrousse pour assister aux funérailles de son ex-amant. Il fait la connaissance de la mère de celui-ci (sans lui dire tout à fait toute la vérité sur la nature des liens qu'il avait avec le défunt), puis du frère du même, avec qui des rapports "conflictuels" vont immédiatement se mettre en place, et constituer d'ailleurs l'ossature de ce "film de genre", donc la musique très très hermannienne souligne le côté hitchcockien de la chose. Le frangin en question, donc, est présenté comme une brute barbue trentenaire, vivant seul avec sa mère dans la ferme en question, homophobe, violent, mais avec qui le jeune Tom va paradoxalement  nouer des liens étranges d'attraction / répulsion, d'abord au prétexte que la mère de l'amant mort ne doit pas savoir qu'il était gay, ni pourquoi est venu lui rendre un dernier hommage, un personnage de fiancée factice ayant été inventé par le frangin pour "préserver" sa môman de la découverte de la "funeste vérité" (c'est moi qui mets les guillemets).
Il est question d'emprise, de domination, de mainmise. Au départ il pourrait presque s'agir d'un jeu, "on dirait qu'on serait..." Tom se laisse plus ou moins manipuler d'assez bonne grâce, et le voilà qui enfile un bleu pour aide aux travaux de la ferme, et il y a même ensuite une scène assez troublante de tango dans un hangar vide. La relation entre les deux hommes (le blondinet urbain et le brun rural) est en dents de scie, le frangin soufflant le chaud et le froid, un coup la guerre et un coup l'armistice, mettant le spectateur dans un délicieux embarras de cul entre deux chaises (ou de chaise entre deux culs, hihihi!). tout parait biaisé, et de plus en plus, entre les trois personnages de cette rurale trinité (la mère / le fils / l'amant)
Mais tout va encore se compliquer lorsque Tom va avoir l'idée saugrenue de faire venir en chair et en os la fameuse fiancée qui figure sur la photo que le défunt duplice avait fourni au frangin bas de plafond comme "alibi" (ou "objet du délit") et que, assez rapidement,  la maman va  réaliser qu'elle ne correspond pas vraiment à ce qui en a été dit, et qu'il y a décidément quelque chose qui cloche...
Quatre personnes, donc, Tom, le frangin, la maman, et la fausse fiancée, qui vont progressivement s'empêtrer dans un rouleau de mensonges et de faux-semblants, comme si on les enveloppait de fil de fer barbelé, de plus en plus serré au fur et à mesure que le film progresse (et que la marge  d'action se réduit inexorablement).
Partir, ne pas partir ? Rester , revenir ? Tout dire ? Se taire ? les choses ne sont pas si faciles à savoir, ni les décisions à prendre. Le réalisateur se plaît à ligoter tout aussi impitoyablement le spectateur que le film ses personnages, et la musique augmente encore la tension dans laquelle la progression dramatique nous met. Et tout se tendvers un point nodal, après une scène qui -c'est drôle, j'en ai reparlé avec plusieurs personnes après qu'elles aient vu le film, et aucune n'a vu exactement la même chose, je veux parler de la scène dite "du bar et du bus"- nous met plus ou moins en porte-à-faux, en laissant le champ libre à toutes les suppositions, notamment en ce qui concerne les personnages féminins, pour nous recentrer sur une scène de crépuscule, de forêt et de poursuite qui n'est pas sans évoquer la scène finale de L'inconnu du lac...
(Oui mais, comme dit Malou, là on sait que "ça finit bien", alors que dans l'autre cas, on n'en était pas du tout sûr...).  Et on est bien obligé de reconnaître, lorsqu'on peut, enfin, reprendre sa respiration, qu'il est fichtrement doué, le bougre, dans ce quatrième film qui est probablement celui que j'ai préféré de lui (parce que, peut-être, justement, il a quitté la pose arty, mais peut-être, justement, pour en prendre une autre, genre "regardez, je peux faire tous les genres...", et que c'est, justement, toujours la même finalement, non ?) . Oui, oui, il est fort... (et son nouveau film, si je ne m'abuse, est déjà en compét à Cannes 2014!)

432844

3 mai 2014

histoires d'amour, de poules et de coqs

MY SWEET PEPPER LAND
de Hiner Saleem

Je ne suis pas objectif, je sais. J'adore les films d'Hiner Saleem parce qu'ils sont plein de Kurdes, et que ces gens-là me touchent et m'émeuvent... tout particulièrement. Comme dans Si tu meurs je te te tue, son film précédent, on en a ici une fratrie entière, attentive à la destinée de la plus jeune soeurette (tous les autres étant bien évidemment des mâles du type à poil dur et à oeil de velours), la divine Godshifteh Farahani (qui, déjà dans Si tu meurs je te tue, jouait la fiancée), qui veut repartir faire l'institutrice toute seule comme une grande dans un patelin du trou du cul du monde, et qui est obligée de poser à son père la question de confiance pour qu'on l'autorise à partir.
Parallèlement on a suivi l'histoire d'un autre monsieur kurde, un ancien peshmerga -j'adore ce mot- qui va atterrir (pour fuir sa maman qui veut absolument le marier, comme s'il n'avait pas droit au repos du guerrier qu'il a bien mérité) , ô coïncidence (un coup monté du cupidon kurde ?) dans le même village du trou du cul du monde comme nouveau chef de la police et garant de l'ordre. Sauf que la région est sous la "protection" d'un méchant tout puissant et qui va voir d'un mauvais oeil (de velours, tout de même, bien entendu) la venue de ce jeune plein d'illusions qui vient remettre en cause son hégémonie infectieuse et celle de sa bande de mercenaires (tous, bien entendu, à poil long et oeil de velours, mais méchants).
D'autant que les circonstances vont rapprocher -en tout bien tout honneur- dès la première nuit nos deux tourtereaux (l'institutrice et le gendarme, oui, on sent bien dès le début qu'ils sont faits pour tourterer, même si ça prendra tout le film pour -attention spoiler!- arriver à leurs fins), puisque la demoiselle va être hébergée par le gendarme pour la nuit puisqu'il n'y a pas de place au saloon à l'auberge.
(J'utilise à dessein le mot saloon puisque le réalisateur va s'amuser à reprendre scrupuleusement les codes du western - le shériff incorruptible, les bandits, le chef des bandits, l'héroïne virginale, les chevaux, les bagarres, la musique- tout au long du film. On connaissait le western-spaghetti, mais quid du western- (là j'ai un trou, quelle est donc le mets de choix des kurdes ,-...?) Bref, toujours est-il que dans le village ça va méchamment jaser : de quoi de quoi ? La belle maîtresse musicienne (elle joue d'un instrument magnifique dont j'ai oublié le nom) dans le lit du shérif à poils durs dès le premier soir et sans être mariés ? Le chef des méchants y voit l'occasion de régler son problème (ses problèmes, d'ailleurs, avec l'instit et avec le flic) en téléphonant perfidement au père de la demoiselle pour insinuer qu'elle aurait sans vergogne piétiné sa vertu, ce qui a pour effet immédiat de faire débouler au village toute la fratrie (à poils longs et à oeil de gazelle), avec l'intention de ramener la donzelle manu plus ou moins militari au bercail...
D'où altercations -et tentatives d'explications- diverses, de part et d'autre (le héros, les méchants, le chef des méchants, la demoiselle, les frangins...), embuscades, échauffourées, secouages de puces, jusqu'à ce que, heureusement
1) le bon droit triomphe du mauvais
2) l'amour triomphe de tout
Yesss! Ouf! On l'avait deviné depuis le début, mais là n'était pas le problème, on est 'achement content quand ça se concrétise (ooooh ils vont avoir beaucoup d'enfants qui auront des yeux de gazelle et sauront jouer du klong -ça n'est pas véritablement ça le nom de l'instrument mais ça n'a pas d'importance...-) et tout va donc pour le mieux dans le meilleur des Kurdistan(s)...

083402

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