rain and tears 3
tu sais celui... 9
tasses cassées
TAKLUB
de Brillante Ma Mendoza
Un film saisissant. Aux Philippines, après un typhon d'une violence extrême, des "habitants d'un quartier défavorisé", qui ont survécu (mais en ont été chacun à sa manière durement éprouvées, surtout par la disparition de proches -et l'incertitude qui en résulte-), survivent, donc, chacun avec son énergie propre, et gèrent au quotidien les problèmes, parent au plus pressé, font des démarches, s'entraident, espèrent...
Un des personnages centraux est celui d'une mère divorcée, qui tient une gargote, et dont trois des enfants ont disparu. Un personnage magnifique, poignant, de par sa simplicité, son extrême dignité, sa compassion, sa volonté. Elle continue de servir des breakfasts, elle effectue des démarches auprès des autorités, elle vient en aide aux (encore) plus défavorisés...
La caméra de Brillante Mendoza est toujours maniée à l'épaule, mais on n'éprouve pas ici ce sentiment parfois éprouvant de roulis et tangage qu'on éprouva par le passé. La qualité d'image est admirable. L'utilisation de focales très courtes, avec passages fréquents du net au flou (et inversement) font de chaque plan une composition saisissante, plastique, comme si chacun des à-plats (difficile à expliquer cette sensation, référence à la peinture, à l'importance de la matière, de la densité) pouvait être apprécié "abstraitement", seul, avant de faire sens en tant qu'élément d'un discours filmique (d'un tout narratif). La lumière du film est, le plus souvent, inouie. On apprécie chaque plan avant de le comprendre.
Car Taklub ("le piège", en vo) n'est pas construit linéairement, le long d'une trajectoire personnelle, mais plutôt comme la mise en commun de différents éléments simultanés, ou voisins. Une composition impressionniste (et impressionnante), où il serait plutôt question d'existences saisies à un instant n, sans qu'il soit forcément question de comprendre tout ou de justifier quoi que ce soit.
On sait Brillante Mendoza cinéaste du réel, et Taklub l'exprime sans doute encore plus que les autres films du cinéaste. en tout cas différemment. (On pourrait presque parler de réalité augmentée). Comme on nous l'expliquera à la fin, il s'agit des histoires de personnages réels, qui ont été rejouées par des acteurs, mais sur les lieux-mêmes (décors qui "parlent d'eux-même", de par la violence qu'ils montrent ou suggèrent) où les choses se sont passées. Un an après les faits, ils vivent toujours dans la même précarité (encore aggravée pour certains, pour la plupart) pas grand-chose n'a changé, et les faits se répètent (une scène de tempête absolument saisissante). Cette forme de reportage à peine scénarisé (ou de scénario documentarisé) accentue encore l'effet produit sur le spectateur (où il serait question d'empathie). Le film débute, de nuit, par un fait-divers tragique (la mort d'une famille dans l'incendie de sa tente) et se clôt sur un acte minuscule, en apparence, mais extrêmement fort, d'apaisement. c'est le matin, c'est un autre jour. A chaque fois, repartir...
J'aurais pu (j'aurais du?), en bon athée que je suis, être un peu gêné par l'importance de la foi, et la place accordée à Jésus (la figuration récurrente de la croix) mais Brillante Mendoza y a recours de façon plus intelligente. Si, ailleurs, le football est l'opium du peuple, la religion aussi l'est, ici. Le réalisateur nous parle de l'espoir que ces personnages mettent dans une hypothétique présence divine, et de la façon dont la religion est omniprésente dans leur vie, mais il évoque aussi, à plusieurs reprises, la déception éprouvée, voire carrément la révolte que plusieurs de ces personnages vont expérimenter. L'un d'eux va même refuser de continuer à porter sa croix, au sens propre, et tourner simplement les talons. S'éloigner.
J'ai vécu le film au premier degré, simplement, intensément, immersivement, et j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux. Un vrai grand beau et incontestable moment de cinéma.
tu sais celui... 8
(non non, ce n'est pas Vincent Macaigne...)
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(plus tard ds la journée : mes excuses pour ceux qui m'en ont fait la remarque : la photo a été publiée à 7h21, parce que je l'avais -étourdiment- programmée ainsi. Cela ne se reproduira plus, et, du coup, tiens, je vous remets deux photos !
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et de une :
... et de deux :
rain and tears 2
tu sais celui... 7
labos
"L’ONG Médecins du Monde aurait dû lancer une campagne choc, ce lundi 13 juin choc contre le prix de certains médicaments. Mais il n’en sera rien, elle a été “bloquée” par l’Autorité professionnelle de régulation de la publicité (ARPP) qui juge qu’elle pourrait nuire aux laboratoires pharmaceutiques." (Les Inrocks)
Voici là l'ensemble des dix affiches incriminées.
"Signez la pétition pour faire baisser le prix des médicaments sur www.leprixdelavie.com"