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lieux communs (et autres fadaises)
26 novembre 2006

tendu

POUR ALLER AU CIEL IL FAUT MOURIR
de Djamshed Usmonov

Le titre est beau. Un film tadjik (pour rester fidèle à ma réputation... ), vu il ya quelques jours déjà mais que voulez-vous, comme dirait mon amie Joseline, je suis tellement speed  je n'ai pas eu le temps. Troisième film du réalisateur, après le très réussi L'ange de l'épaule droite (le ciel, l'ange... notre homme serait-il un obsédé fervent de la rédemption catholique ? Pas du tout. Du tout du tout.)

Au début du film, Kamal, notre (jeune) héros (il est joué par le cousin du réalisateur), se déshabille tout entier (oui oui c'est un FAQV) pour une consultation médicale. Il a un souci : il ne peut pas faire l'amour avec sa neuve et fraîche épouse, car il reste désespérément soft. Comme dans la (vieille) pub Vitt*l : "J'me sens tout mou, mou si mou..." A la fin du film, le même, de dos, s'affaire, et, s'il pourrait être nu - pas pour la même raison qu'au début du film-, il a pourtant gardé son calbute, et c'est là qu'enfin le Tadjik, y s'tend (hihi). Alleluia!

Entre les deux, il aura dû, sur les conseils de son docteur (qui lui a conseillé de s'entraîner avec une dame plus expérimentée), prendre le train pour aller en ville, rencontrer des dames, des demoiselles, des tarifées et des platoniques, des jeunes et des vieilles, mais sans que son colimaçon daigne lever le bout du nez (comme lui dit son copain " Mais p'têtre que t'es pédé, je peux te trouver un mec, si tu veux..." Mais non Kamal n'est pas pédé. Il a juste un peu de mal à se lancer.)

Film d'apprentissage, donc, où comment, par un tas de rencontres successives et de paliers idem, Kamal  va faire sauter les verrous et  passer du stade de jeune homme bouillant mais puceau à celui de vrai papa enfin en possession de tous ses moyens. Le film est comme son personnage principal : pas souriant mais pourtant jamais désespéré. Volontaire mais pas bavard. Film sans gras, un peu dans la veine finlandaise et flippée mais bon faut bien vivre de notre ami Kaurismaki, (chroniqué récemment dans ces colonnes comme on dit), sauf qu'ici le décor est encore plus moche et désespérant, et qu'il faut vraiment se coltiner un sacré paquet de gadoue  pour y trouver une pépite d'espoir. Les acteurs ont des gueules (peut-être un peu) moins tourmentées que celles de leurs homologues finlandais, mais purée ils ne doivent rire que quand ils se coincent le nez dans un tiroir, c'est à dire assez exceptionnellement.

Chronique qu'on pourrait presque penser en noir et blanc, le noir et blanc des choses simples, ordinaires, de l'incertitude, des alternatives, de l'adolescence qui se termine, du béton et du ciel vide, des bagnoles pourries et des gens fatigués. Pour la première fois, le réalisateur (à l'image de son personnage) a quitté le village où il tourne habituellement pour s'en aller filmer à la ville voisine. Il ne speede pas, il prend son temps (trop peut-être, surtout au début ou les choses s'étirent un peu pour se mettre en place.) Avec un esprit de simplicité et de rigueur qui le rapproche de Kaurismaki, certes, (c'est comment dire, en même temps plus simple -dans la façon de raconter- et aussi élaboré -dans la manière de filmer-) grâce à une qualité de regard (la scène où Kamal, attendant sa "dulcinée", est confronté à des bus et des bus entiers de femmes, au milieu desquelles il marche à contresens, est une vraie merveille), une identité de cinéaste d'ores et déjà forte, une singularité qui pourra désormais lui servir de signature.

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