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lieux communs (et autres fadaises)
30 mars 2007

révolution ?

12H08 A L'EST DE BUCAREST
de Corneliu Porumpoiu

Un film de chenapan, de galopin, à l'image (!) de la clarinette qui lui sert de musique de générique. Acide, moqueuse, acerbe. Le réalisateur n'a pas eu beaucoup de pépettes mais il a eu plein d'idées. Et réussit à emporter le morceau avec trois francs six sous.
Il nous décrit peu ou prou le même monde que LA MORT DE DANTE LAZARESCU (la Roumanie jolie colorée et riante -non non je plaisante- tellement qu'on a envie de faire illico ses valises aussi sec pour ne pas y aller), mais pas par le même bout de la lorgnette. LA MORT était un film de nuit, d'attente, de descente aux enfers hospitaliers, alors que le film de Porumpoiu serait plutôt un film de matin. Pas un matin qui chante très fort, non non, plutôt un matin un peu vaseux, genre lendemain de cuite. Un matin où, comme un des personnages principaux, on ne se souvient plus de ce qu'on a fait la veille. Un matin où on fait contre mauvaise fortune bon coeur. Mais plutôt coeur à rire alors. A sourire disons. Mais ça fait du bien.
C'est une émission de télé (locale & cheap cheap cheap) destinée à commémorer la fin de la dictature avec la fuite de Ceaucescu à 12h08, le 22 décembre 89 (sur le thème "avons-nous vraiment fait la révolution ce jour-là ?" ) qui va occuper une bonne moitié du film, se posant en point d'orgue (que pourrait-il donc y avoir de plus palpitant ?) d'une journée d'hiver somme toute banale en Roumanie, à quelques jours de Noël.
Le présentateur ex-entrepreneur (qui a des problèmes de voisinage avec les mômes qui lancent des pétards) a eu aussi des problèmes d'invités pour cette fameuse émission, qui se sont débinés (il passe la matinée au téléphone, et conclue par un sentencieux et concis "je chie sur ton répondeur" ) a donc invité ses potes : Manescu, un prof d'histoire un peu alcoolo et Piscoci, un papi solitaire (dont le seul titre de gloire est de faire le Père Noël dans les écoles depuis la nuit des temps) qui aussi des problèmes avec les mmômes et les pétards, pour un débat dérisoire, que les coups de fil des téléspectateurs vont faire virer au règlement de compte personnel, dans une émission un peu à la déglingue, de plus en plus oblique (la trépied de la caméra est cassé(e)...) et drôle.
Porumboiu, au travers de ses personnages, nous livre un portrait sans complaisance de l'aujourd'hui de son pays, mais non sans une certaine tendresse. Pour ses contemporains, pris dans leur mouise quotidienne (les cuites, les dettes...) Et avec une indéniable virtuosité, pour tirer visuellement le meilleur parti de tout ça. Car il y  a là un sens certain de l'image forte, parfois quasi-surréalisante (un père noêl qui lance des pétards, une fanfare  roumaine qui dézingue un morceau latino, des réverbères qui s'allument ou qui s'éteignent) qui justifie la Caméra d'Or qui a récompensé le film à Cannes.
Ca tire dans tous les sens, mais ça fait mouche à tous les coups. C'est visuellemnt, humainement, cinématographiquement fort. Et c'est un premier film!

18716385 (le film)

57409_295c798fb359f5b853a3597db9c0a048_1_ (le réalisateur)

Commentaires
I
j'ai adoré ce film !!! je dois avouer que j'ai eu un fou rire quand "le chinois" se fait rembarrer par le présentateur pendant l'émission ;-)
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