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lieux communs (et autres fadaises)
5 décembre 2007

faucille

RETOUR EN NORMANDIE
de Nicolas Philibert

Vu mardi soir au beau milieu de la foule cinéphile fes grands jours (on était 4 dans la salle) le beau film de Nicolas Philibert, toujours excellentissime documentariste (j'ai tout de vu ou presque, je crois) dont j'aime l'acuité du travail, la précision de la forme, la beauté du geste. Que ce soit pour parler du Louvre, des sourds, d'un institut psychiatrique, ou même d'un instituteur de campagne, cet homme-là a le don pour faire naître l'émotion, une émotion d'autant plus forte (d'autant plus belle ?) qu'elle naît de choses simples, vues à hauteur d'homme, et bien souvent comme volées, parce que fugitives, fragiles, et que le réalisateur à réussi à saisir au vol, à capter. Le cinéma de Nicolas Philibert sait prendre son temps, et surtout, le temps de regarder.
Ici, il s'agit, comme le titre l'indique, d'un retour. En 1975, le réalisateur a été l'assistant de René Alio sur le tournage de Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère. Trente ans après, il revient donc sur les lieux du tournage, sur les traces du film, pour en retrouver les interprètes (tous les rôles de paysans avaient été tenus par des vrais paysans, dont ce film fut -pour la majorité- l'unique expérience cinématographique) et évoquer avec eux cette expérience.
Le film suit donc trois axes : la rencontre avec les acteurs, inscrite dans leur quotidien d'aujourdhui le plus réaliste (le film débute par la naissance en direct live de porcelets), l'histoire -vraie- de Pierre Rivière (auquel Michel Foucault consacra un livre qui, semble-t-il, initia le projet de René Alio), et, last but not least, l'aventure du film en question (de l'écriture au début du tournage, en passant par les différentes recherches de subvention, repérages, casting, etc.)
C'est  beau et  émouvant. C'est passionnant. Ces gens qui évoquent leurs souvenirs de tournage, ces témoignages, ces réactions, ces hésitations, et le chassé-croisé entre la réalité normande agricole contemporaine de ces hommes et femmes, et l'histoire en filigrane de ce triple meurtrier, paysan lui aussi, qui réussit à consigner sur un mémoire de quatre-vingt pages à la fois les raisons de son acte et les conditions de vie observées de ses parents. D'autant plus que la construction du film nous fait découvrir les acteurs successivement, pique notre curiosité, et nous fait nous demander, et avoir envie, de voir celui qui tenait le rôle principal, celui donc qui incarnait le fameux Pierre Rivière. On le verra donc, à la fin, dans une brève scène de retrouvailles sur les lieux même du tournage...
Encore une fois touché, Monsieur Philibert...

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Commentaires
C
Tss... c'est lémotion qui m'a fait mélanger les jours! Bien évidemment, mardi c'était théâtre, donc ciné c'était lundi! No comment...
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P
Robert au théâtre ou Robert au cinéma.... lequel était le vrai....?<br /> Pépin
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