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lieux communs (et autres fadaises)
11 décembre 2007

bus

COW-BOY
de Benoît Mariage

Ne vous fiez surtout pas à l'affiche, qui nous survend un Benoît (Poelvorde) pour un autre (Mariage). Le fond rouge, la tête ahurie, le nom de l'acteur aussi gros quasiment que celui du film, et hop c'est plié bâché : ouais super on va bien se fendre la gueule se dit le chaland moyen. Et il risque d'être très déçu, le chaland en question, surtout si c'est samedi soir et qu'il est venu là avec sa jatte de popcorn dans une main, sa bassine de soda aux extraits végétaux dans l'autre et sa blonde copine dans la troisième, en laissant joyeusement son neurone au vestiaire. Oui, vachement déçu, parce que Benoït Mariage (dont on avait déjà ici beaucoup aimé le plutôt givré Les convoyeurs attendent) signe ici un film grinçant, attachant, émouvant, singulier, avec (grâce à), justement, un Poelvorde qui nous la joue profil bas, sobrissime pourrait-on dire.

Un film beau et triste, comme cette immense plage de la Mer du Nord où un groupe d'adultes joue à être les enfants passagers d'un bus en sable (mouillé, et je vous promets que je n'invente rien.) Un film sur les illusions, ou plutôt les désillusions, d'un homme qui y a cru, qui pensait qu'il fallait changer le système, que la révolte pourrait peut-être faire avancer les choses, et qui se rend compte, vingt-cinq ans plus tard, qu'il est comme les autres, muselé, la queue basse, les pieds dans le ciment.
Un journaliste moyen, avec une vie moyenne, un couple moyen, décide de réunir les différents protagonistes d'un fait-divers survenu 25 ans plus tôt (un bus scolaire pris en otage par un comment dit-on, ... forcené ?) pour en faire un film, "son" film. Evidemment tout ne va pas se passer comme il souhaiterait...

Il n'y a que les belges pour être capable de nous renvoyer ainsi en pleine figure et crûment, sans aucune paire de gants, le reflet sans équivoque de nos renoncements, de notre conformisme, de notre pleutrerie (on n'est pas tout à fait chez les Dardenne, malgré un cameo d'Olivier Gourmet –dans son propre rôle- en forme de clin d'œil amical, donc on a quand même la chance de pouvoir, par instants, ébaucher un sourire, et même rire, ailleurs, d'ailleurs.) dans un "réalisme" social" lucide à pleurer (banlieues miteuses vies ratatinées pauvreté chômage etc) avec des trognes idem.

Julie Depardieu, comme d'habitude parfaite et sous-employée, Gilbert Melki, exemplaire de veulerie satisfaite et de beauferie assumée, Bouli Laners en patron qui sous son aspect bourru donne envie de l'embrasser (euh, désolé, là c'est perso) entourent, épaulent, confortent idéalement Benoit Poelvorde dans un de ses meilleurs rôles depuis, me semble-t-il, un sacré bout de temps.

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