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lieux communs (et autres fadaises)
2 mai 2008

chine ma douleur

TRAIN DE NUIT
de Diao Yi Nan

Un film aussi formidablement beau qu'intégralement noir. Un film où chaque cadre est impeccablemnt composé, avec des "images de photographe" d'une beauté presque surhumaine, pour une histoire d'une tristesse inhumaine. Formel ? Le réalisateur sait tirer parti au maximum de chaque décor, immergeant ses personnages dans une réalité urbaine, ancrée entre poétique contemporaine  et minimalisme dépressif.
Autour d'une femme, dont le métier est de s'occuper des exécutions de femmes condamnées à la peine capitale (qu'elle est aussi parfois chargée d'exécuter, d'ailleurs), et dont le reste de la vie se passe, peut-être, à attendre quelqu'un, à le chercher en tout cas, et qui, pour ce, fait de réguliers voyages en train. Club de rencontres, bal fantômatique, rendez-vous plus ou moins foireux, obsédés, truqueurs... rien ne manque à la panoplie. Jusqu'à ce qu'elle fasse la rencontre d'un jeune homme qui la suit, avec un petit couteau dans sa poche, qui s'avèrera être le mari d'une de "ses" condamnées, et qui veut se venger...
Va se mettre en place entre les deux, dans le dernier segment du film, une "relation" étrange, fascinante ;  l'amour, la mort... rien de bien nouveau direz-vous, et pourtant... Economie des mots, complexité des liens.
On n'y est jamais tout à fait sûr de rien, d'ailleurs je ne suis pas sûr d'avoir tout compris (et peut-être, en fin de compte, est-ce délibéré...) mais on se laisse porter, au fil de la dérive narrative,  par cette attention extrême portée aux objets ou aux lieux  (une barque, un bar, un sac contenant un couteau et une hachette, un passage souterrain, une route gelée, une paire de gants...)
La dernière scène, glaçante, est une sorte de point d'orgue (ou de non- retour) dans ce lien bizarre qui s'est établi entre les deux. "Monte", lui dit-il juste...
On sort de là le moral dans les chaussettes, peut-être, mais les yeux définitivement ravis.

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