jaune, bien sûr!
(500) JOURS ENSEMBLE
de Marc Webb
Pour faire un bon petit film film indépendant primé au Festival de Sundance, prenez deux acteurs sympathiques repérés dans d'autres productions indépendantes, avec un nom difficile à écrire du premier coup ou à retenir : lui c'est Joseph Gordon-Levitt (très bien, repéré dans le vénéneux Mysterious Skin), elle c'est Zooey Deschanel (très bien aussi, vue dans Phénomènes et L'assassinat de Jesse James...), choisissez un thème simple, voire simplet (ici, l'immarcescible "Boy meets girl"), tripatouillez-le un peu dans tous les sens comme une pâte à pizza (malaxez énergiquement, en cassant la chronologie, par exemple, avec un compteur de jours qui vous permettra d'aller et venir librement au fil de l'histoire sans vous en tenir à la stricte et straight chronologie), laissez gonfler un peu, rajoutez des personnages secondaires attachants et plus ou moins folkloriques (ici une jeune soeur sportive et sentencieuse, deux potes un peu bras cassés, un boss compréhensif...), n'oubliez pas de saupoudrer votre composition d'effets techniques malins et en situation (le split-screen "ce qui pourrait arriver / ce qui arrive réellement"), de clins d'oeil (les extraits de films "à la manière de"), de bons mots et de phrases qui font mouche, faites un peu parler les acteurs à la caméra, rajoutez une voix off, qu'on imagine de vieux cow-boy buriné, dont on ne sait pas vraiment (la voix off) si c'est du lard ou du cochon, emballez-le tout avec une bande-son pop, astucieuse et attachante (entre les Smiths et Carla Bruni, si si...), sans oublier quelques scènes de karaoké. c'est toujours bien, les acteurs qui chantent dans un film, hein , Pépin ?) et même une de comédie musicale, n'oubliez pas non plus la dédicace au générique (c'est pas souvent qu'on voit écrit "Connasse", avec un C majuscule!, au début d'un film, juste après le nom de la demoiselle à qui le film est dédié), et d'ailleurs, pendant que vous y êtes, mitonnez un petit générique à la Amicalement votre (c'est mon amie Dominique qui me l'a soufflé), avec les deux héros/héroïne qui grandissent sous nos yeux, et faites de tout ça une comédie sentimentale (ou comédie romantique ? qui pourrait m'expliquer la différence ?) moderne (un genre de Quand Harry recontre Sally de 2009 ?) où on peut tout à loisir réfléchir sur l'amour, le désir, l'engagement, le couple, le destin, le coup de foudre, le sexe, les rôles, avec quasi toujours le sourire aux lèvres, en ayant justement (et habilement), pour une fois, inversé les rôles (c'est lui qui serait blonde et elle qui porterait la culotte...), servez frais et pétillant (comme l'ont qualifié quelques critiques) aux Festivals de Sundance et de Deauville (n'oubliez pas de le mentionner sur l'affiche, ou vous n'oublierez pas non plus d"étaler un à-plat jaune, histoire de rappeler subliminalement -et peut-être de croiser les doigts supersticieusement en espérant que ça rapporte autant de pépètes que- Little Miss Sunshine, of course...)
(version américaine / version française)