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lieux communs (et autres fadaises)
5 décembre 2010

principe de précaution

LE NOM DES GENS
de Michel Leclerc

Rayon de soleil, route noire, neige fondue... hop! je saute dans la twingouille pour aller au cinéma. hésitation pour la séance de 18h : celui-ci ou celui-là (dont j'ai oublié le titre et le réalisteur mais dont je me souviens qu'il est avec Gilles Lellouche) ? Je décide de ménager mon coeur, et la raison l'emporte. Le nom des gens, donc!
Au générique de fin (enfin, juste avant) est apparue, sans que je la pressente vraiment, la petite larme de circonstance. C'est le genre de film un peu fait pour moi quand même (politiquement, je veux dire : le message à la base serait : "à droite c'est tous des fachos et à gauche c'est que des gentils..." ce qui n'est pas pour me déplaire). C'est un film qui pourrait nous venir du Sud-Ouest, tant il est rose, viscéralement de gauche, je veux dire. Deux personnages que tout oppose : lui, Arthur Martin  (comme les cuisinières) costume-cravate, un poil tristounet, et elle, Bahia Benmahmoud, bien de 20 ans sa cadette, pétant le feu, et ayant pour doctrine de coucher avec les fachos de droite afin de les convertir. On voit bien le genre, love story, opposite attracts, Qui se ressemble s'assemble, etc.
Sauf que le réalisateur nous la joue plus finement que ça, dotant ses deux héros d'un background familial dans chaque cas  aussi prégnant que caractéristique (ses grands-parents à lui, juifs, ont été déportés, ses grands-parents à elle, algériens, ont été abattus par les soldats français), et faisant raconter en parallèle à chacun des deux, face caméra, sa famille, son enfance, et son adolescence. Ça a un petit côté très agréable, avec des choses vraiment très drôles, à défaut d'être original (Amélie poulain, Toto le héros, La tête de maman... pour ne citer que les premiers qui me viennent en tête, mais, ça tombe plutôt bien, j'adore ce genre-là...) Ce qu'on pourrait appeler autrement le syndrome Amicalement votre...
C'est un film très écrit, où les répliques font mouche, le plus souvent dans la vachardise et l'humour, plus ou moins noir, plus ou moins trivial, c'est selon. Le petit problème, c'est que xhacun des personnages -excepté nos deux héros et encore- restera d'un bout à l'autre cantonné dans la silhouette que lui ont dessiné le réalisateur et sa co-scénariste (qui n'est autre que sa femme et se prénomme aussi Bahia, on sent donc que sont exposées dans le film des thèses et des situations qui leur tiennent à cœur) et sont donc sans surprise, une fois qu'on les a découverts (le père franchouillard pro-nucléaire, la mère rescapée des camps qui souffre en silence, le père immigré  le coeur sur la main qui ne pense qu'aux autres, la mère, la mère ex-baba reconvertie militante associative spécialisée dans les mariages blancs...
On sent bien que les scénaristes voulaient évoquer beaucoup de choses (le racisme au quotidien, ici et maintenant mais aussi ailleurs et hier, l'intégrisme, le métissage,  la guerre d'Algérie, la Shoah, le clivage droite/gauche, le port du voile, la tolérance,  Lionel Jospin, la grippe aviaire, le respect, le choc des cultures, le droit à la différence, mais à la longue tout ça finit par s'entasser un peu et brouiller le discours...
Je le répète, c'est vraiment sympathique, c'est drôle, c'est efficace, mais c'eut pu à mon avis être encore plus sympathique, encore plus drôle, encore plus efficace, avec une mise en scène moins désinvolte (des problèmes récurrents de rythme dans les scènes), et, surtout, une direction d'acteurs moins approximative (surtout -et c'est dommage- pour nos deux tourtereaux) : Gamblin fait son Gamblin (je l'aime bien cet homme, mais il frôle parfois le sur-jeu) et Sara Forestier, si elle a pour elle quelques éléments imparables (son insolence et sa plastique, par exemple), n'est pas toujours juste, au niveau du jeu (surtout au début du film).
Mais le film est tellement bourré de trouvailles  (comme celle de faire intervenir les personnages adolescents de nos héros) qu'on lui pardonne ses maladresses et son c^té brouillon... Et puis un film qui tape sur l'UMP et notre président actuel ne peut pas être foncièrement mauvais, n'est-il pas ?

19538598

Commentaires
J
Moi aussi je suis allé le voir "par hasard" en hésitant avec autre chose et puis au dernier moment, hop !<br /> Alors oui, des brouillonneries, des approximations dans le jeu et autres maladresses, mais l'essentiel c'est que j'ai ri comme jamais depuis longtemps devant une comédie française ET versé pas ma mais plusieurs petites larmes, peut être parce que je suis hyper sensible comme ils disent les gens qui simplifient, peut être aussi parce que c'est ça le cinéma qui vaut le coup : émouvoir au rire et aux larmes. Bref, ça faisait longtemps que j'avais pas vu un film français aussi "attachant".<br /> Quant à être de gôche…
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