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lieux communs (et autres fadaises)
16 octobre 2011

"enlever le plâtre"

CECI N'EST PAS UN FILM
de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb

Ceci n'est pas un film, c'est un acte politique. Jafar Panahi a été condamné par les autorités iraniennes, privé du droit de tourner et de sortir du pays. Il a donc conçu ce projet,  faire un film virtuel,  c'est à dire raconter à un ami cinéaste 'qui le filmera) le film qu'il aurait dû (pu) tourner, dans son appartement (d'où on ne sortira d'ailleurs pas, sauf durant les dernières minutes.)
C'est assez incroyable de parvenir à tenir ainsi, avec du rien, ou presque. Et de parvenir à générer de l'émotion avec rien, ou presque.
Si l'avoir réalisé est un geste politique (le film est parvenu clandestinement au dernier Festival de Cannes sur une clé usb), aller le voir est donc, pourrait-on dire, un devoir, un acte militant. De cinéphile lambda. Pour le cinéma en général, et les cinéastes iraniens tout particulièrement.
C'est du cinéma a minima (on retrouverait -ironiquement- le dispositif de Pater) sauf qu'il n'y a là que des vrais gens, qui jouent leur propre rôle (le filmeur et le filmé) pendant la plus grande partie du film (qui est assez court : 1h15).
Jafar P. est filmé. Prend son petit-déj', figure un décor avec des scotchs sur le tapis, regarde les infos à la télé (qu'il a grande et plasmatique), répond au téléphone, y parle à son avocate, à sa femme, à des amis.
C'est le jour de la fête du feu, comme dans le premier film d'Ashgar Farhadi (On entend dehors des pétarades, qu'on prend d'abord pour des coups de feu, mais on ne comprend que progressivement de quoi il s'agit).
Vers la fin, le caméraman devant partir (et le film tournant un peu à vide, d'où la phrase "quand les coiffeurs n'ont rien à faire..." qui a failli donner son titre à ce post, et Panahi filme alors avec son appareil photo son copain en train de le filmer) intervient inopinément un troisième personnage, en la personne d'un jeune homme qui vient chercher les poubelles (il remplace le gardien), jeune homme que Panahi ne va plus lâcher jusqu'à la fin, le suivant dans l'ascenseur, le filmant ("me voilà devenu acteur" rigole-t-il alors...) nous permettant de voir que même pour les jeunes, les étudiants, la vie en Iran n'est pas rose non plus.
La dernière séquence, pourtant très réelle (réaliste), prend des allures singulières, presque fantastiques, d'avertissement, de menace, d'espoir, de prémonition...
Ou (cf plus haut) comment générer de l'émotion avec rien. C'est ça le signe d'un vrai cinéaste. Les caméras doivent rester allumées...

"Ne sortez pas avec la caméra, Monsieur Panahi, on pourrait vous voir!"

19814581

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