"Georges, il faut qu'on parle..."
THE ARTIST
de Michel Hazanavicius
Un exercice de style plaisant, qui vaut bien mieux, en tout cas, que son interminable bande-annonce (qui ne raconte heureusement pas tout., ouf!) Un film " à l'ancienne" (format 1.37, noir et blanc, muet), qui nous parle du cinéma d'avant en y mettant les formes : intertitres, gags, éclairage, expressions faciales, et même un gros policeman comme dans le slapstick. Et en utilisant -juste accessoirement- le son comme élément sur-signifiant (le cauchemar, la scène finale), le réalisateur effectue un travail tout en finesse sur la bande-son, justement. Le film, s'il est muet, est très musical. Et toutes les références (sonores ou scénaristiques) à la parole -ou au fait de parler- sont très pertinentes. Les acteurs assurent, Jean Dujardin en tête, et Bérénice Béjo a le petit côté rétro qui sied tout à fait à son statut d'actrice 1920 (et j'adore John Goodman en gros producteur à cigare). L'histoire, si elle n'a rien de renversant, est plaisante à suivre (même si le film n'aurait pas souffert d'un petit resserrement de la durée) et les anges tutélaires du cinéma (des réminiscences de Sunset bvd, de Chantons sous la pluie, de Rebecca, entre autres) ouvrent grandes les ailes de la nostalgie à l'ombre de laquelle le film fait son nid. Un charme suranné, peut-être, mais incontestable. Bref, on ne peut qu'applaudir des deux mains (version sonore ou silencieuse ?).