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lieux communs (et autres fadaises)
12 novembre 2011

"je suis toxique"

MON PIRE CAUCHEMAR
d'Anne Fontaine

Celui-là aussi, je suis allé le voir le premier jour (presque) à la première séance, parce que j'avais envie de le voir, et en même temps la bande-annonce me faisait un peu peur... Eh bien je peux vous dire que, pour une fois, la bande-annonce en question est très futée pour harponner le pékin et ne déflore pas pas le film qu'elle fait mine de vous raconter en deux minutes chrono. Plutôt que de vous dévoiler  l'histoire et les trente-cinq répliques qui font mouche, elles ne va vous en conter que les prémisses, et ça c'est plutôt malin (et ça change, par les temps qui courent...).
C'est une bonne idée de mettre face à face la puissance réfrigérante d'Isabelle Huppert et celle, destroy, de Benoit Poelvoorde (avec, entre les deux celle, bonhomme, d'André Dussolier, qui fait un sacré retour ces derniers temps en vieux beau démondemidisé...). C'est vrai que, une semaine après Intouchables (qui s'achemine, dixit libé vers une carrière à 8 millions d'entrées.. L'aimerais-je moins ???) le canevas  fait un peu déja-vu : la bourgeoise et le zonard, la morgue et la démerde, la condescendance et les grosses vannes (plutôt que "et", je devrais plutôt écrire "contre"), bref les deux univers que tout oppose mais dont, au vu de l'histoire le spectateur moyen sait bien qu'ils vont terminer dans le même lit ou devant le maire (ou les deux). Mais là où Intouchables joue toujours sur le même registre, Mon pire cauchemar la joue plus fin.  D'une situation de comédie pure, que la bande-annonce fait présentir pouêt-pouêt, le film vire vers quelque chose de bien plus personnel, qui peut être défini comme "un film d'Anne Fontaine"... De Nettoyage à sec à Entre ses mains (avec déjà un excellent Poelvoorde mais cette fois-là quasiment à contre-emploi) on connait le talent de la dame pour instiller un certain malaise, une perversion douce (?) mais indéniable dans une trame narrative en apparence lisse et immaculée.
Il y a beaucoup de dialogues aiguisés et de réparties assassines dans Mon pire cauchemar (une de mes préférées étant "dès que je suis devant une femme de plus de 80 de Q.I, mon charme n'opère plus..."), surtout dans la première partie, qui serait un peu le match aller entre Isabelle et Benoit, où chacun y va franco pour balancer qui les pires vacheries qui les vannes les plus douteuses, sans pitié pour l'adversaire. Dans la deuxième mi-temps, quand les équipes changent de côté, on passe un peu à autre chose, heureusement un peu plus apaisé, et c'est là qu'on apprécie vraiment l'étendue de la palette de jeu des deux tourtereaux/adversaires (La Huppert, est, à ce jeu, sublimissime, pouvant exprimer précisément quelque chose d'un simplement battement de cils ou mouvement de chevelure, mais Poelvoorde ne laisse pas sa part au chat, et se défend bien aussi, cf la scène du "je suis toxique" qui donne son titre à ce post.)
Petit plaisir pervers pour la scène belge et le numéro de jean-luc couchard en demi-frérot, et retour à la case parisienne, pour un dénouement en deux (voire trois) temps, qui vous laisse ému, déboussolé, attendri, énervé, re-ému, re-agacé, et j'en passe.
On sort de là avec le sourire (on est midinet ou on ne l'est pas), en se disant tout de même que, décidément, l'art moderne comme transcendance  du pékin moyen, ça fait deux fois en deux films, coup sur coup...

19819686

 

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