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lieux communs (et autres fadaises)
1 novembre 2012

ligne 80

THE WE AND THE I
de Michel Gondry

Ah quel bonheur, un film de Gondry qui, comme les autres films de Gondry, ne ressemble pas à un (autre) film de Gondry... Moins apprêté que Eternal sunshine... , moins bricolé que Soyez sympa rembobinez, moins pataud que La science des rêves, moins blockbuster que Le frelon vert, mais plus beaucoup de choses : plus simple, plus dense, plus fort, plus énervé, plus... djeunz!
Une virée en bus à travers le Bronx, le dernier jour d'école, (qui peut donc être considéré comme le premier soir des vacances), un bus plein d'ados pluri-ethniques (de toutes les couleurs, quoi), un bus qui se vide progressivement de ses occupants à chaque arrêt (très peu de personnes y montent, la plupart ne feront que descendre) un bus scolaire quasiment (à part une mamie en rose et un monsieur qui tord la bouche) plein d'ados et d'adotes comme on en voit chez nous (sac à dos, portable, vannes mortelles, etc.), chacun chacune avec ses préoccupations d'ado, qui une invitation pour sa fête, qui une invitation au cinéma, qui dessiner ce qu'il a en face de lui, qui mater des vidéos sur le portable, qui chambrer tout ce qui passe, etc. Surtout ceux du fond ("the bullies" - les "petits durs" - (les bourrins ?), qui donnent son nom à la première partie).
La seconde partie s'intule "the chaos". On va rester dans le bus pendant tout le trajet (et tout le film) à l'exception de quelques incursions à l'extérieur, qu'elles soient "en vrai" ou juste à travers la vitre (la plupart du temps des petites animations rigolotes, très speed, très gondryesques). Et la partie qui se joue est comme un genre de mikado, puisqu'on va ôter progressivement les personnages les uns après les autres, au fil des arrêts, jusqu'à ce qu'il n'en reste presque plus (intervient là la dernière partie "the I", trois, puis plus que deux, puis plus du tout (et le bus disparaît et continue sa course dans la nuit, nous laissant ainsi sur le bord, à l'arrêt, un peu orphelins) avec ces deux-là qui, contre toute attente s'étreignent, et ça fait du bien dans la nuit.
Le film ne passait que deux fois dans le bôô cinéma, j'y suis allé les deux. et j'ai aimé autant les deux fois. (Je ne sais pas si c'est une coïncidence, mais je suis en plein dans une série de films que j'aime énormément, mon top10 va-t-il virer au top 50?). Inutile de dire que c'est mon film préféré de Michel Gondry, peut-être parce que le plus "vrai", le plus "simple" en apparence, (mais pas si sûr finalement). Difficile d'être toujours attentif à tout ce qui se passe et se dit, et se sms et se griffonne, et se laisse sous-entendre, pour tout  reconstituer.
Des beaux personnages, toute une palette, attachants, chacun chacune avec sa singularité, sa grande gueule ou son mutisme, ses façons d'être (de se déguiser), ses masques, ses refus qui sont des invitations, ses invitations qui n'en sont pas vraiment. Et l'omniprésence des téléphones portables, par lesquels transite tout un flux d'informations parasitaire et satellite, confirmant et/ou infirmant ce qui se dit ou ce qui se passe.
La contrainte de filmer dans un lieu clos (et donc de rajouter une équipe de tournage dans l'espace exigu du bus, en plus de la vingtaine d'ados) vire à la prouesse technique. Gondry explore (recense) avec brio tous les cadrages et angles de prise de vue et façons de filmer en un flux continu, extrêmement vivant, et donnant le sentiment du spontané (alors que tout ça doit être très écrit.) du juste, et du sincère. Du plaisir , donc, encore une fois. (Du bonheur, que dis-je.)

20200389

euh... top 10 ?

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